La crise bancaire va-t-elle avoir des conséquences pour les petits épargnants ?

Revue de presse · 30 sep. 2008 à 20:40

Crise bancaire

L'actualité économique est en train de tout balayer sur son passage. La crise financière mondiale est partout à la Une de la presse. L'Elysée a fait savoir que le président de la République a tenu une première réunion... à 5h du matin ! Et à 10h30, il a reçu les directeurs des principaux établissements bancaires. Face à la crise, l'hyper activisme de l'hyper-président atteint son paroxysme. D'ici la fin de la semaine, le gouvernement annoncera des mesures pour consolider le système bancaire français. La panique des marchés financiers peut-elle entraîner la faillite de banques françaises ? Quelles peuvent être les conséquences pour les particuliers ?

Revue de presse du mardi 30 septembre 2008

- Mediapart : Crise financière: l'Europe disjoncte
- Rue89 : Faut-il s'inquiéter pour ses économies à la banque ?
- Le Figaro : Epargnants, comment réagir à la crise ?

Les banques françaises sont aussi touchées par la crise financière...

Dans un monde globalisé, toutes les économies sont liées. Quand une banque américaine fait faillite, les banques françaises, qui ont des contrats avec elle, sont forcément touchées. Quand la bourse de Wall Street chute, elle entraîne avec elle les bourses européennes. Les banques françaises ont donc été touchées, elles ont perdu plusieurs milliards d'euros avec la crise des subprimes en 2007. Aujourd'hui, deux banques sont particulièrement exposées : la banque d'affaires franco-belge Dexia (spécialisée dans le financement des équipements collectifs) et la banque d'investissement Natixis (dont les principaux actionnaires sont les Banques populaires et les Caisses d'épargne).
Ces deux banques sont plus exposées que les autres car elles ont davantage acheté de titres toxiques, type subprime. Les marchés financiers se méfient donc de ces banques. Aujourd'hui, à l'ouverture de la bourse de Paris, Dexia a perdu près de 30% de sa valeur. La France et la Belgique ont décidé d'investir près de 6 milliards d'euros pour lui venir en aide car le risque permanent est la perte de confiance des investisseurs. Lorsque la confiance n'est plus, tout devient irrationnel, les investisseurs vendent massivement leur titre, provoquant ainsi la chute de la banque.

... mais elles sont plus solides que les banques américaines

Malgré le pessimisme ambiant, les banques françaises sont plus solides que les banques américaines. Aux Etats-Unis, certaines banques se sont spécialisées dans les montages financiers complexes, type subprime : on permet à des particuliers qui n'ont pas forcément beaucoup de capitaux d'emprunter beaucoup. Les banques ont donc fait rapidement des bénéfices avec ces titres, à condition que le système ne s'effondre pas, que les particuliers puissent rembourser leurs emprunts et que les biens immobiliers placés en garantie conservent leur valeur (sur la crise des subprime, lire notre article "Crise financière de l'été 2007").
Les banques françaises ont très peu touché à ces placements à risques provenant des Etats-Unis et le système de crédit en France est beaucoup plus contrôlé. Un crédit n'est accordé qu'en fonction de la capacité de remboursement des emprunteurs (salaires). C'est donc beaucoup moins risqué. En outre, les banques françaises ont diversifié leurs activités, en maintenant leur fonction de banque de dépôt classique (livrets A, B, et autres dérivés) alors que certaines banques américaines ont abandonné cette activité pour se consacrer à des placements à risques. Tout ceci explique que les banques françaises sont plus protégées. Ainsi, le Crédit agricole, BNP-Paribas et la Société générale ont respectivement dégagé un bénéfice net de 968, 3 486 et 1 740 millions d'euros au premier semestre 2008.

Le principal risque pour les banques françaises est le manque de liquidités

Finalement, le principal risque pour les banques françaises est le manque de liquidité. Dans le système bancaire mondial, les banques se prêtent beaucoup de capitaux entre elles, en fonction de leurs liquidités. C'est ce qu'on appelle le système interbancaire (pour comprendre comment fonctionnent les banques, voir notre article sur "les causes de la crise financière mondiale"). Si les banques ne se prêtent plus de liquidités, le système est paralysée et certaines, à cours de fonds, pourraient se retrouver rapidement asphyxier.
La banque centrale européenne veille donc à fluidifier le système en "injectant" des liquidités, c'est-à-dire en permettant à des banques de se procurer du liquide à faible coût. La BCE a déjà injecté 480 milliards d'euros de liquidités ces dernières semaines. Mais cela ne suffit pas. Car les banques qui ont trop de liquidités refusent de les prêter aux autres banques, n'ayant pas confiance en elles. Plus aucune banque ne veut prêter des fonds car en cas de faillite de l'une d'entre elle, la banque prêteuse perd tout. Mais là encore, la plupart des banques françaises disposent d'un fonds suffisant pour faire face, à l'exception de banques d'affaires plus exposées comme Dexia ou Natixis.

Les épargnants sont protégés à hauteur de 70 000 euros

Alors quelles conséquences pour les particuliers ? D'abord, les crédits sont plus difficiles à obtenir. En cette période de crise, les banques ont durci les conditions d'obtention d'un crédit pour acquérir un bien immobilier notamment. Deuxième conséquence, positive cette fois, les prix de l'immobilier devraient continuer à baisser : puisque les crédits sont plus difficiles à obtenir, il y a moins d'acheteur potentiel. Et si la demande est moins importante que l'offre, les prix vont continuer de baisser.
Enfin, si malgré la solidité du système bancaire français certaines banques venaient à faire faillite, les particuliers sont protégés par un fonds de garantie des dépôts, créé par la loi de 1999, et destiné à couvrir les dépôts en cas de faillite de la banque. Ce fonds de garantie couvre les dépôts à hauteur de 70 000 euros par déposant. Autrement dit, en France, votre dépôt est couvert jusqu'à 70 000 euros en cas de faillite, dispositif qui n'existe pas aux Etats-Unis.


Même si la France n'est pas à l'abri, le système bancaire national reste plus protégé que les autres. Toutefois, le caractère irrationnel de la crise financière mondiale empêche toute prospective réaliste. Des faillites en cascade pourraient faire effondrer tout le système. Mais avant d'en arriver à cette extrémité, les Etats vont prendre leur responsabilité, à commencer par les Etats-Unis. Si le plan de sauvetage du système bancaire américain a été rejeté en début de semaine, un autre plan devrait être adopté dans quelques jours.

*** Liens

"Crise financière & Hausse des prix"
- Qu'est-ce que la crise des subprimes ?
- Quelles sont les causes de la crise financière mondiale ?
- Pourquoi le prix du baril de pétrole a-t-il doublé en un an ?
- Pourquoi les prix des biens de consommation ont-ils augmenté ?

"Comment devenir Trader en 5 leçons"
- Leçon 1 : Qu'est-ce qu'un trader ?
- Leçon 2 : Qu'est-ce qu'un Front office ?
- Leçon 3 : Qu'est-ce qu'un marché à terme ?
- Leçon 4 : Que signifie "prendre des positions" et "se couvrir" ?
- Leçon 5 : Comment faire perdre à sa banque 5 milliards d'euros ?

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DOSSIER : Trader, marchés à terme, front office : le vocabulaire de l'élite, la peur de l'opinion

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