breve · 1er oct. 2008 à 21:43
Maire d'Issy-les-Moulineaux, président-délégué du Nouveau Centre, André Santini est un homme politique atypique. Bon client à la télévision, il manie l'humour avec une certaine aisance. Pendant de nombreuses années, cet ancien proche de François Bayrou a été la coqueluche des médias. Mais depuis son entrée au gouvernement au poste de secrétaire d'Etat à la fonction publique, André Santini a disparu du paysage médiatique.
Mais où est donc passé André Santini ?
Au cours de la campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy a été clair quant à l'avenir de la fonction publique. Les salaires des fonctionnaires représentent près de la moitié des dépenses de l'Etat. Dans un contexte de déficit budgétaire chronique, l'Etat, pour réduire la dette, doit donc diminuer le nombre de fonctionnaires. Mais pour essayer de mieux faire passer une mesure plutôt douloureuse, le chef de l'Etat a décidé d'une compensation : si les fonctionnaires sont moins nombreux, ils devront plus travailler. Par conséquent, les économies dégagées par la suppression du nombre de fonctionnaires doivent servir pour moitié à la baisse du déficit, et pour moitié à la revalorisation des salaires des fonctionnaires. Telle est la logique de la politique gouvernementale.
Pour mettre en oeuvre cette politique, Nicolas Sarkozy a nommé André Santini au poste de secrétaire d'Etat à la fonction publique. Ce choix a été guidé avant tout par des considérations politiques : le président de la République souhaitant l'ouverture, il fallait qu'il nomme plusieurs ministres issus du Centre. Hervé Morin, président du Nouveau Centre, a donc fait son entrée au gouvernement, tout comme André Santini. La nomination du maire d'Issy-les-Moulineaux avait un autre avantage pour Nicolas Sarkozy : elle permettait de recaser son ancien conseiller, Frédéric Lefebvre, à l'Assemblée nationale. Ce dernier était le suppléant d'André Santini. Il est donc devenu député quand André Santini est entré au gouvernement.
Après plus d'une année au gouvernement, le constat est sans appel : maire ultra-médiatique, André Santini est un secrétaire d'Etat absent. Il a accordé très peu d'interview. Lorsqu'il faut annoncer la suppression du classement de la promotion de l'ENA, il est accompagné de son ministre de tutelle, Eric Woerth, qui se charge de l'essentiel de la communication. A l'occasion des journées du patrimoine, le secrétaire d'Etat a accueilli lui-même les visiteurs pendant une heure. Ces apparitions sporadiques contrastent avec son ultra-médiatisation d'antan.
Deux raisons peuvent expliquer ce régime médiatique : d'abord, André Santini a peu de poids politique par rapport aux autres ministres. En charge de la fonction publique, il doit accompagner le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant en retraite. Cette mesure a été défendue par Nicolas Sarkozy, puis reprise par François Fillon et appliquée par Eric Woerth, premier communicant du gouvernement dès qu'il s'agit d'évoquer la nécessité d'équilibrer les comptes publics. Il reste donc peu d'espace pour André Santini.
Une autre explication peut être avancée pour expliquer son retrait : sa nomination s'est faite dans un contexte particulier. En mai 2006, André Santini a été mis en examen pour "prise illégale d'intérêt", "faux et usage de faux" et "détournement de fonds publics" dans le cadre de la création de la fondation d'art contemporain Hamon. Malgré cette "casserole", Nicolas Sarkozy l'a nommé dans le gouvernement. Or, en février 2008, il avait tenté de faire annuler la procédure auprès de la cour de cassation. Cette demande a été rejetée. Empêtré dans ces ennuis judiciaires, André Santini peut donc difficilement s'exposer.
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