Qu'est-ce que l'Eurogroupe ?

Questions d'actualité · 13 oct. 2008 à 19:20

Eurogroupe

La Bourse de Paris a terminé lundi sur un rebond spectaculaire, le CAC 40 a augmenté de 11,18 %. C'est sa plus forte hausse en une journée depuis sa création. Les mesures annoncées par les pays de la zone Euro pour soutenir le système bancaire expliquent ce nouveau rebondissement. Hier, Nicolas Sarkozy avait réuni les membres de l'Eurogroupe pour élaborer un plan d'action concertée.


A quoi sert concrètement l'Eurogroupe ?

Une institution informelle qui regroupe les pays de la zone Euro

L'Eurogroupe n'est pas une institution officielle de l'Union Européenne, au même titre que la commission européenne. C'est le nom donné à la réunion informelle des ministres de l'Economie des pays de la zone Euro. En matière de politique économique, l'UE a créé l'ECOFIN (Conseil pour les affaires économiques et financières), qui réunit l'ensemble des ministres des finances des Etats membres. Actuellement, l'ECOFIN accueille donc 27 ministres de l'économie et se réunit tous les mois.
L'Eurogroupe est plus restreint, puisqu'il ne réunit que les ministres de l'économie des pays qui ont adopté l'Euro, soit 15 pays sur 27. L'Eurogroupe se réunit généralement la veille de l'ECOFIN, en présence du président de la BCE et d'un représentant de la Commission européenne. Depuis 2005, un président stable de l'Eurogroupe est désigné par les Etats membres pour assurer une meilleure coordination du travail des ministres de l'Economie. Actuellement, c'est Jean-Claude Juncker, Premier ministre et ministre des Finances du Luxembourg, qui assure les fonctions de président. Généralement, les pays qui participent à l'Eurogroupe adoptent des positions communes, qu'ils défendent lors de la réunion de l'ECOFIN, seule instance décisionnaire.

Objectif de l'Eurogroupe : mieux coordonner la politique économique de l'UE

L'Eurogroupe a pour but de mieux coordonner les politiques économiques des pays de la zone Euro. C'est un espace de dialogue informel ou tous les sujets sont abordés : croissance économique, inflation, politique de la Banque Centrale Européenne, politiques budgétaires, emploi. En outre, le président de l'Eurogroupe représente les ministres des Finances de la zone euro auprès d'organismes internationaux comme le G7, le Fonds monétaire international et la Banque mondiale.
Cette instance permet donc aux ministres de l'économie de discuter de tous les sujets pour tenter de définir une politique économique commune. Mais l'Eurogroupe n'est pas un organe de décision et ceux qui n'en font pas partie (comme la Grande Bretagne, qui n'a pas adopté l'Euro) cherchent à limiter l'impact de ces réunions dont ils sont exclus de fait.

Les décisions de l'Eurogroupe pour sortir de la crise financière 2008

Face à la crise financière, Nicolas Sarkozy, président de l'Union Européenne en exercice, a réuni les chefs d'Etat de l'Eurogroupe à l'Elysée pour élaborer un plan de sauvetage commun du système bancaire européen. Pour la première fois, le Premier ministre britannique, Gordon Brown, qui ne fait pas partie de l'Eurogroupe, était également présent.
L'Eurogroupe a pris trois décisions majeures :
1. Garantir les prêts interbancaires. En pleine crise, les banques refusent de se prêter de l'argent, sous prétexte que le risque de faillite bancaire serait trop grand. Tout le système bancaire est donc bloqué et risque d'asphyxier les banques les plus fragiles. Pour fluidifier le marché interbancaire et rassurer les banques, les Etats vont donc garantir les nouveaux prêts pour une durée de 5 ans. En clair, les banques n'auront plus aucun risque à se prêter de l'argent, car en cas de faillite, ce sont les Etats qui paieront les banques. Pour éviter un coup exorbitant pour le contribuable, cette assurance étatique sera payante.
2. Recapitaliser les banques. Avec les chutes des marchés financiers et le gel des crédits interbancaires, certaines banques ont vu leur réserve de liquidité fortement diminuer. Pour éviter la faillite, elles doivent donc se recapitaliser, c'est-à-dire, retrouver des capitaux, de l'argent frais. L'Eurogroupe a donc décidé de manière concertée que les Etats pourraient participer à la recapitalisation des banques en difficulté. La France est prête à mettre sur la table jusqu'à 40 milliards d'euros et à nationaliser les banques en cas de risque de faillite.
3. Réviser les normes comptables. Actuellement, une banque doit réactualiser ses comptes en temps réel, en fonction des cours de Bourse. Conséquence directe : quand le cours d'une action chute, la banque doit communiquer ses résultats, quitte à inquiéter inutilement ses investisseurs. En cas de forte volatilité des cours, ce type d'information renforce l'incertitude et grossit les conséquences négatives des variations journalières. Les membres de l'Eurogroupe ont donc décidé de revoir les normes comptables afin de permettre aux banques de ne pas dévaluer leurs actifs en fonction des cours de Bourse. L'objectif est d'avoir une vision sur le long terme.


La forte hausse des places boursières européennes, le lendemain de la tenue de l'Eurogroupe, montre la pertinence des décisions communes. Reste à savoir si ce sera suffisant pour restaurer la confiance dans la durée.

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