Vidéos · 20 oct. 2008 à 20:53
Depuis plusieurs semaines, Nicolas Sarkozy met toute son énergie pour tenter de "moraliser le capitalisme". C'est tout le sens de son déplacement aux Etats-Unis, ce week-end, pour convaincre les Américains d'organiser une grande conférence internationale afin de réformer le système financier mondial. Cette crise sans précédent s'est déclenchée il y a un an et est partie des Etats-Unis à cause du système de subprimes.
Ironie de l'histoire, en 2004, puis pendant la campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy avait vanté les mérites des subprimes et proposé d'instaurer plusieurs systèmes du même type.
Les subprimes sont des prêts immobiliers accordés aux revenus modestes. Dans ce système, les crédits immobiliers sont garantis sur les biens immobiliers eux-mêmes. En clair, un couple peut acheter une maison à crédit et en cas d'impossibilité pour le couple de rembourser l'emprunt, la banque récupère la maison pour la vendre. Le prêt est donc garanti sur la valeur de la maison alors qu'en temps normal, les emprunts sont garantis sur le salaire d'un individu. En France, le montant du prêt varie en fonction du salaire, des capacités de l'individu à pouvoir rembourser.
Aux Etats-Unis, les subprimes sont donc des crédits immobiliers risqués qui ne concernent que les classes populaires qui ne pourraient emprunter autrement, faute d'avoir un revenu suffisant qui garantisse que le prêt sera effectivement remboursé à la banque. Ce placement est risqué car il dépend du prix des biens immobiliers. Si la maison perd de sa valeur, alors les banques ne sont plus assurées d'être remboursées en cas de difficultés. Pour anticiper ce risque, les établissements de crédit décident alors d'augmenter les taux d'intérêt et le niveau de remboursements des particuliers. Si ces derniers n'ont pas les moyens financiers de rembourser, et comme la valeur de la maison à baisser, la banque n'a plus aucun moyen de récupérer ses fonds.
Quand Nicolas Sarkozy était ministre des finances en 2004, il avait proposé un système de "prêt rechargeable", comme le rappelle Le Point, dans son édition du 9 octobre 2008. Dans l'esprit du ministre des finances de l'époque, il s'agissait d'inciter les ménages à s'endetter : garantir le prêt sur le bien immobilier, et si le prix du bien immobilier augmente, le crédit pouvait augmenter. Exemple : un particulier achète un bien immobilier de 300 000 euros. Si le prix augmente et passe à 340 000 euros, cela aurait permis à l'emprunteur de "recharger" un nouveau prêt, c'est-à-dire d'emprunter pour 40 000 euros afin d'acquérir un autre bien (voiture, électroménager). Selon Le Point, Nicolas Sarkozy était prêt à inscrire ce dispositif dans la loi TEPA sur le pouvoir d'achat mais ses conseillers l'en ont dissuadé. Il faut dire que ce système de "prêt rechargeable" ressemblait comme deux gouttes d'eau aux subprimes.
Il y a quelques semaines, le site ArrêtSurImages s'était déjà demandé si Nicolas Sarkozy avait proposé un système de subprimes à la française. Gilles Klein avait démontré que le nouveau système de prêt qui figurait dans le programme présidentiel de Sarkozy ressemblait beaucoup aux subprimes mais qu'il comportait aussi certaines différences : "Sarkozy proposait, en 2007, d'aider les propriétaires d'un bien immobilier ayant un faible revenu, à emprunter en garantissant ce prêt sur ce bien immobilier. Aux USA, ce sont des non propriétaires qui s'endettaient au-dessus de leurs moyens pour acheter un bien immobilier avec un crédit à taux variable, dont les premières mensualités de remboursement étaient trompeusement faibles. Puis ces mensualités montaient mécaniquement, avec l'augmentation des taux de crédit, au moment même où la crise immobilière entraînait une baisse de la valeur du bien acheté, souvent trop cher. Bref, ils étaient expulsés d'un logement dont ils n'auraient été propriétaires qu'après avoir intégralement payé leur crédit... Quoiqu'il en soit, la proposition de Sarkozy comportait bel et bien un risque de surendettement".
LePost.fr a réalisé un montage éloquent sur le système que souhaitait mettre en place Nicolas Sarkozy. Extrait d'un discours prononcé en 2006...
"Le crédit hypothécaire permet à 70% des Britanniques et des Américains, excusez le gros mot mais c'est parce que j'en reviens, d'être propriétaires de leur logement, contre 56% en France. Dans ces deux pays, les crédits sont garantis par l'existence du bien, c'est-à-dire l'existence de l'appartement ou de la maison. En France, nous privilégions la garantie sur les personnes, ce qui conduit les établissements bancaires à écarter du marché du crédit tous ceux dont la situation professionnelle n'est pas assez stable pour assurer des revenus durables. Cette tradition est une injustice, elle n'est pas une fatalité à mes yeux. Je souhaite la rupture avec cette tradition qui fait que pour obtenir un prêt, on doit avoir des relations. Je n'accepte pas cette injustice. Alors je propose de changer les règles prudentielles imposées aux banques, de simplifier le recours à l'hypothèque et d'en réduire le coût. L'hypothèque doit être encouragée dans notre pays. C'est simple : vous garantissez votre emprunt avec le bien que vous allez acquérir".
Un vrai spot de publicité pour les subprimes....
*** Sources
- Gilles Klein, "Sarkozy proposait-il des subprimes à la française ?", ArrêtSurImages, 1er octobre 2008
- P.B, "Les subprimes à la Sarkozy", Le Point, 9 octobre 2008
- Guy Birenbaum, "Quand Nicolas Sarkozy vantait les subprimes...", Le Post.fr, 17 octobre 2008
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- Qu'est-ce que la crise des subprimes ?
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