Revue de presse · 22 oct. 2008 à 19:03
Selon un sondage IFOP pour le JDD, Nicolas Sarkozy gagne six points en octobre avec 43 % de Français satisfaits et 56 % de mécontents. C'est le meilleur score du chef de l'État depuis dix mois. Le Figaro a expliqué que la crise financière et l'hyperréactivité du président de la République "dopaient" la popularité de Nicolas Sarkozy. Au-delà de la dimension un peu hagiographique des articles du Figaro ou du Point, racontant "l'impressionnante gestion" de la crise par Nicolas Sarkozy, il est intéressant de noter comment le staff de l'Elysée s'est organisé pour agir quasiment en temps réel, ou donner au moins cette impression à l'opinion.
- Le Figaro : Les trois mousquetaires de Sarkozy
- Le Point : Les hommes du président face à la crise
- Libération : Pour Sarkozy, c'est crise matin, midi et soir
Il y a les sommets internationaux, les discours de Nicolas Sarkozy, les déplacements aux Etats-Unis, en Asie, à Bruxelles. Et il y a l'arrière-cour de l'Elysée, les "petites mains" du président de la République, qui gèrent la crise au quotidien et coordonnent l'action de l'Elysée.
Trois personnages clés sont à la tête du dispositif de gestion de crise à l'Elysée : François Pérol, le secrétaire général adjoint de l'Elysée, Stéphane Richard, le directeur de cabinet de Christine Lagarde, et Antoine Gosset-Grainville, le directeur-adjoint du cabinet de François Fillon. Même si les deux derniers sont sous l'autorité de Christine Lagarde et de François Fillon, les trois hommes travaillent de fait pour Nicolas Sarkozy depuis le déclenchement de la crise en septembre.
Ils se connaissent très bien, se répartissent les rôles et échangent toutes les informations dont ils disposent : la situation des banques, le manque de liquidité, la négociation avec les belges pour sauver Dexia. Ils réfléchissent ensemble aux différentes ripostes possibles : éviter l'effondrement du système bancaire, rassurer les investisseurs, limiter la contagion à l'économie réelle, etc. François Pérol a travaillé avec Nicolas Sarkozy au ministère de l'économie en 2004, Stéphane Richard vient du privé et a quitté Veolia pour rejoindre Bercy, à la demande expresse de Nicolas Sarkozy. Enfin, Antoine Gosset-Grainville est un ancien inspecteur des Finances, devenu avocat d'affaires avant d'être recruté par François Fillon. Autant dire qu'avec leur CV, ce sont les mieux placés pour coordonner le staff de l'Elysée. Ils sont tous passés par le privé, discutent d'égal à égal avec les banquiers et maîtrisent tous les mécanismes complexes du système financier.
Si les trois collaborateurs de Nicolas Sarkozy coordonnent le staff, il n'y a qu'un seul pilote : le président de la République lui-même. Quand il n'est pas en déplacement, c'est lui qui préside les cellules de crise. Ainsi, avant de d'accepter de renflouer les caisses de Dexia à hauteur de 3 milliards d'euros, Nicolas Sarkozy a réuni ses principaux collaborateurs pour s'assurer que c'était la bonne décision et que les dirigeants de Dexia quitteraient bien la banque sans indemnité. Cette réunion s'est tenue... à 5h du matin. Au-delà du caractère très médiatique de l'annonce de la tenue d'une telle réunion à cette heure, elle reflète bien la mobilisation d'une équipe qui se relaie en permanence et qui se doit d'être hyper-réactive face à une crise aux multiples rebondissements.
Le chef de l'Etat peut donc compter sur un staff compétent, mobilisé 24h/24. Mais c'est surtout sur son style direct, que Nicolas Sarkozy compte bien s'appuyer pour surmonter les difficultés. Ainsi, face aux banquiers reçus à l'Elysée à plusieurs reprises, Le Point raconte que le président de la République ne prend pas de gants. Dès la première réunion, il leur a rappelé qu'il avait été ministre de l'économie et qu'à ce titre, il maîtrisait parfaitement les aspects les plus techniques de la crise et du fonctionnement bancaire. La transparence et la franchise, voilà les deux piliers de la gestion de la crise.
Le staff de l'Elysée et l'hyperactivité de Nicolas Sarkozy ne suffisent pas pour comprendre les subtilités de cette crise et élaborer des solutions adéquates. Le dernier élément clé du dispositif élyséen est l'activation d'un immense réseau de relations fait de banquiers, de conseillers divers. Ainsi, Nicolas Sarkozy consulte quotidiennement des individus issus de tout horizon, Henri Guaino (son conseiller spécial), Alain Minc (conseiller de plusieurs grands patrons), Xavier Musca (directeur du Trésor), Christian Noyer (gouverneur de la banque de France), des économistes (comme Nicolas Baverez), mais aussi tous les grands patrons du CAC 40, que Nicolas Sarkozy connaît personnellement.
Ce réseau fait de banquiers et de conseillers en tout genre est activé en permanence pour empêcher Nicolas Sarkozy de s'enfermer dans un unique raisonnement. Car la réussite de la riposte de l'Elysée s'explique par la diversité des réponses apportées par le pouvoir exécutif face à la crise. Aucune hypothèse n'a été écartée, toutes les pistes ont été étudiées afin que la France, qui assure la présidence de l'Union Européenne, avec l'aide de tous ses partenaires européens, apportent la réponse la plus efficace à une crise financière sans précédent.
Rien ne dit que la crise est terminée et que les solutions apportées sont les meilleures. Nicolas Sarkozy n'a été qu'un maillon de la chaîne. Il a simplement facilité la coordination européenne pour que l'UE apporte une réponse commune avec un plan de sauvetage des banques, imaginé par le Premier ministre britannique, Gordon Brown, et repris par les 27 pays de l'UE. Mais le choc financier n'est pas terminé, les conséquences économiques du krach boursier n'ont pas encore fait leurs effets, les cellules de la crise à l'Elysée ne sont pas prêtes de s'arrêter.
Comprendre la crise financière
- Qu'est-ce qu'une récession ?
- Qu'est-ce que la crise des subprimes ?
- Quelles sont les causes du krach boursier mondial ?
- Quelles sont les causes de la crise financière mondiale ?
- Qui va payer les 360 milliards d'euros du plan de sauvetage des banques ?
Les collaborateurs de Nicolas Sarkozy
- Les six conseillers de Sarkozy, nouvelles vedettes des médias
- Combien y a-t-il de collaborateurs à l'Elysée et à Matignon ?
- Les salaires des collaborateurs de l'Elysée ont augmenté de 50% en deux ans
- Le salaire des collaborateurs des ministères : entre 3000 et 6000 euros par mois
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La Semaine politique : Crise financière, budget de l'Elysée, l'Affaire DSK, l'Enfer de Matignon
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