breve · 22 oct. 2008 à 23:20
Depuis le début de la crise financière, tous les médias, notamment les journaux télévisés de 20 heures, utilisent un seul baromètre pour rendre compte des soubresauts de la bourse : l'évolution du CAC 40, l'indice regroupant les 40 plus grandes entreprises françaises. Quand le CAC 40 chute, la panique s'empare des investisseurs. Le krach boursier est rampant. Cet indice est donc le véritable thermomètre, même si certains affirment que ce n'est pas le meilleur indicateur, les échanges sur le marché interbancaire seraient par exemple plus pertinents à analyser. Prenons tout de même le CAC 40. Il est donc en chute libre depuis la fin septembre. Sauf qu'un professeur d'économie de l'université Lille-I, Jean Gadrey, a publié dans le journal Le monde, une tribune au titre provocateur : "Le CAC 40 est en très forte hausse !"
Ah bon ?
Le professeur d'économie a repris les chiffres du CAC 40 depuis sa création. En 1987, il a été défini avec une valeur de 1000 points au 31 décembre 2007. Puis, il a oscillé entre 1500 et 2100 pendant les années 1990. Tout s'est accéléré avec la bulle internet, à partir de 1998. En septembre 2001, le CAC 40 est à 6900 points. En mars 2003, après l'éclatement de la bulle, le CAC 40 est à 2400 points. Il remonte jusqu'en juin 2007 à 6100 points. Aujourd'hui, mercredi 22 octobre, le CAC 40 a clôturé en baisse, à 3298 points. En 2003, le CAC 40 était donc plus faible qu'en 2008.
Maintenant, on va essayer de comparer 1988 et 2008. Le CAC 40 est passé de 1000 points à 3298 points. Les valeurs boursières ont donc été multipliées par... 3,2. Entre temps, selon le professeur d'économie, "l'indice des prix à la consommation a progressé d'à peine plus de 40 %. Cela assure à notre détenteur d'actions une progression de 120 % du pouvoir d'achat de son portefeuille".
Par conséquent, quelqu'un qui aurait investi dans les entreprises du CAC 40 en 1998, qui aurait ajusté son portefeuille d'actions en fonction des évolutions des entreprises (ce ne sont pas les mêmes entreprises cotées au CAC 40 en 1988 et en 2008), aurait donc vu son revenu augmenté de... 120% s'il vendait tout aujourd'hui. Dans le même temps, les salaires ont augmenté de... 15%.
Dernier calcul du professeur d'économie. Si l'actionnaire avait vu son portefeuille augmenté au même rythme que le salarié de base, le CAC 40 serait aujourd'hui à 1600 points. A la clôture de la bourse de Paris, il était aujourd'hui à 3298 points. Il y a donc encore de la marge avant que les actionnaires du CAC 40 ne soient aussi riches que les salariés***
*** Ces chiffres sont bien évidemment théoriques, mais ils permettent de remettre les choses à leur juste mesure, quand ils sont comparés dans le temps long, temps normalement de l'investisseur et de l'actionnaire. Quant aux spéculateurs, c'est autre chose...
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