Revue de presse · 24 oct. 2008 à 18:14
A deux semaines du congrès du Parti Socialiste, la tension monte entre les différents courants. L'un des points de friction est le collège électoral, c'est-à-dire le nombre d'adhérents qui voteront pour désigner la nouvelle direction. Le 30 septembre dernier, le bureau national du PS a arrêté un chiffre officiel : 233 000 votants. Or, en 2007, le parti comptait 167 953 adhérents à jour de cotisation, selon les statistiques officielles du PS. Comment expliquer un tel écart ? Et comment se fait-il que la presse ne s'interroge pas sur le caractère ubuesque de l'organisation interne du PS ?
Dépêche AFP du... 30 septembre 2008
Congrès PS : 233 000 socialistes voteront
A l'issue du bureau national du 30 septembre 2008, le porte-parole du PS, Stéphane Le Foll, a rendu public les chiffres du corps électoral appelé à voter pour le congrès de Reims : "Le Bureau national du PS a adopté à l'unanimité le corps électoral susceptible de voter pour le congrès (...) le nombre d'inscrits sur les listes électorales du PS s'élève à 233 000 et le nombre d'adhérents qui ont payé leur cotisation en 2007 est de 167 953", a-t-il déclaré. La différence entre les deux chiffres (soit 65 047 inscrits) est égale au nombre de militants qui n'ont pas payé leur cotisation depuis le 31 mars 2006.
La complexité de l'organisation interne du Parti Socialiste laisse perplexe. Dans une organisation classique, lorsqu'il y a des élections internes, seuls les membres à jour de cotisation peuvent voter. Pour gonfler ses chiffres de militants, le PS a inventé un système pour le moins tordu : selon les statuts, on reste membre du parti sans repayer sa carte durant un délai de deux ans. Autrement dit, les militants qui souhaitent quitter le parti ne sont pas vraiment radiés. Mieux, ils pourront s'ils le veulent participer au congrès de novembre...
En théorie, lorsqu'un militant ne renouvelle pas sa carte du parti, c'est qu'il ne souhaite plus en faire partie. C'est le cas par exemple de Claude Allègre, qui a annoncé qu'il ne renouvellera pas sa carte en janvier 2009. Sauf que selon les décomptes du PS, Claude Allègre restera présent dans le fichier interne jusqu'en 2010.
65 047 anciens adhérents du PS sont dans ce cas-là. Ils n'ont pas payé leur cotisation 2007, pourtant, ils figurent toujours dans le fichier interne recensant les adhérents. Et, à ce titre, ils pourront voter le 6 novembre pour le congrès de Reims, à condition de régulariser leur arriéré de cotisation au plus tard le jour du vote. En clair, l'ancien membre du PS peut faire un chèque le jour du scrutin et voter.
Voilà pourquoi le parti évoque 233 000 votants "potentiels", ne sachant pas du tout ce que sont devenus ces 65 047 adhérents fantômes.
Le Parti Socialiste centralise le décompte de ses militants dans un fichier baptisé ROSAM : "Répertoire Open Sources des Adhérents et des Militants". Or, comme nous vous l'avions déjà écrit fin septembre, les grosses fédérations du PS, à commencer par celle du Nord-Pas-de-Calais, truquent leur chiffre et grossissent leur nombre d'adhérents. C'est une habitude chez les socialistes, puisque dans le documentaire "Mitterrand, le roman du pouvoir", Pierre Mauroy confiait que François Mitterrand s'était emparé du PS lors du congrès d'Epinay en 1971 en déclarant un nombre d'adhérents, au groupe qu'il représentait, totalement fantaisiste.
François Hollande avait promis de faire le ménage dans le fichier ROSAM avant l'élection du 6 novembre 2008. Rien n'indique que ce nettoyage ait bien eu lieu et que les principales fédérations ont joué le jeu de la mise à jour transparente de leurs fichiers.
Les tripatouillages internes aux fédérations et le décompte complexe des militants non adhérents expliquent que le chiffre de 233 000 votants est sans doute faux. D'ailleurs, en coulisses, les dirigeants du PS ne disent pas autre chose. Sur le blog politique des journalistes du parisien, un proche de Delanoë confirmait ses doutes sur la véracité des chiffres : "230 000 militants, le collège électoral me parait surévalué (...) dans ma section, je ne vois que 50 à 60% des inscrits. Pour les autres, on est dans le bleu".
Quand un doute subsiste sur la sincérité du nombre de votants, c'est toute la légitimité de l'élection qui est en jeu...
Les anomalies socialistes
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18 janvier 2007 : Les faux chiffres du congrès d'investiture de l'UMP