Revue de presse · 31 oct. 2008 à 23:14
Rejetée en commission, la prime transport vient d'être rétablie par les députés de l'Assemblée nationale. Promise par François Fillon, la prime transport consiste à ce que l'employeur rembourse une partie des frais de transport à son salarié. C'est l'une des réponses du gouvernement à la crise du pouvoir d'achat et à la hausse du prix du pétrole. Les députés ont rétabli la prime transport car ils n'avaient pas le choix. Non seulement ils bénéficient déjà des transports gratuits mais Le Canard Enchaîné venait de révéler qu'ils s'étaient octroyé une augmentation de leurs dépenses « transport » dans le budget 2009...
- Le Figaro : L'Assemblée nationale rétablit la prime transport
- NouvelObs : La prime transport étendue aux "services publics de location de vélo"
- Le Canard Enchaîné n°4592 : "Les députés donnent l'exemple", 29 octobre 2008, page 2
Il s'agit d'une aide pour les trajets domicile-travail. Selon le dispositif prévu par le gouvernement, les entreprises doivent obligatoirement rembourser 50% du prix des titres de transports collectifs (mesure déjà en vigueur en Ile de France). Lorsqu'il n'y a pas de transport en commun, les entreprises peuvent prendre en charge, de manière facultative, les frais d'essence d'un véhicule, dans la limite de 200 euros par an. Les députés ont également amendé le texte présenté par le gouvernement pour étendre la prime transport aux abonnements "vélos en libre-service" (type Velib' à Paris), qui pourront eux-aussi être remboursés.
Présentée en commission, la prime transport avait été supprimée dans un premier temps par les députés UMP. Pierre Méhaignerie, président de la commission, avait justifié ce choix en expliquant que "le dispositif proposé ne se justifie pas ou plus, en particulier parce qu'il vaut mieux privilégier le salaire direct et que les prix du pétrole ont baissé". En clair, cette prime viendrait complexifier un peu plus les modes de rémunération et ne serait plus justifiée puisque le prix du baril de pétrole a chuté ses derniers mois, il est passé de 150 dollars le baril en juillet 2008 à 65 dollars en octobre.
Malgré ces arguments, la suppression de la prime transport en commission avait entraîné un véritable tollé dans les rangs de l'opposition mais aussi au sein de la majorité. Cette suppression était un véritable camouflet pour François Fillon.
Finalement, les députés sont revenus sur leur décision et ont renoncé à supprimer ce dispositif d'aide au transport. Il faut dire que de ce point de vue, les députés sont bien lotis. Ils bénéficient d'une carte de circulation "Forfait France entière 1ère classe" donnant la gratuité sur les billets et les réservations du réseau de la SNCF. Ils peuvent aussi se faire rembourser chaque année par l'Assemblée 50 % du coût réel de 12 déplacements aériens (ou 6 aller-retour) sur les lignes métropolitaines, quel que soit le vol emprunté. Leur conjoint bénéficie du même privilège.
Non seulement les députés bénéficient d'avantages importants, mais ils ont décidé d'augmenter l'enveloppe budgétaire dédiée à leurs transports dans le budget 2009. C'est ce que révèle le Canard Enchaîné, dans son édition du 29 octobre 2008 : "Dans le document relatif au budget 2009 de l'Assemblée, la ligne de dépenses qui augmente le plus est celle des voyages : +20,51%. Raison invoquée : principalement à cause de l'évolution des tarifs pétroliers".
Moralité, la semaine dernière, la hausse du prix du pétrole nécessitait une augmentation du budget "voyage" des députés mais pas de prime transport pour les salariés. Une petite provocation que le gouvernement s'est empressé d'effacer en persuadant les députés UMP de voter cette prime transport.
- Vélib à Paris : les chiffres cachés
- Quand Ségolène Royal voyage aux frais du PS...
- Les voyages de Nicolas Sarkozy coûtent 20 millions d'euros par an
- Les voyages de Nicolas Sarkozy : entre 3 et 4 avions par déplacement
- Voyage en avion de Fillon : bilan carbone et coût d'un déplacement à caractère privé
_____________________________________________________
Quiz : Quel ministre avait loué un jet privé au frais de l'Etat pour convenances personnelles ?