Présidentielle américaine · 4 nov. 2008 à 20:09
C'est le D-Day. Tous les médias internationaux sont tournés vers les Etats-Unis pour assister à l'élection de Barack Obama qui va devenir le 44ème président des Etats-Unis. Les télévisions, et les radios sont passées à l'heure américaine pour vivre "en temps réel" ce moment historique. Depuis le début, Barack Obama est la coqueluche des médias français et de la classe politique dans son ensemble. Ce soutien a une conséquence surprenante : les médias étrangers vont avoir beaucoup de mal à couvrir l'élection de Barack Obama, le staff du candidat démocrate ayant estimé qu'ils étaient déjà tout acquis à sa cause. Les télévisions françaises n'ont pas accès aux candidats, elles vont donc devoir apprendre à meubler.
- Bakchich.info : Ces médias français dont les Américains se contrefichent
- ArrêtSurImages : Décors et décorations, les présentateurs français à New York (sur Abonnement)
- 20 minutes : Donner le nom du président ? Impossible pour la plupart des quotidiens français
Les journaux de 20h se font en direct des Etats-Unis, le grand journal de Canal + s'est installé à New York. Tout est prêt pour faire vivre aux téléspectateurs, aux internautes la "nuit américaine". Sauf que, selon Bakchich.info, le travail sur place est un véritable calvaire pour les journalistes français. Les deux candidats américains et leur staff ne leur prêtent aucune attention. Dénicher des invités américains relève du parcours du combattant en raison du monopole des médias américains.
La journaliste de Canal +, Laurence Haim, a même fait un reportage intitulé "No access" sur les difficultés des médias étrangers pour couvrir l'élection présidentielle américaine. Interrogée par Bakchich, elle explique notamment que "Le soir du 4 novembre, par exemple, sera un cauchemar absolu pour les télés étrangères. Aucune d'entre elle n'a eu l'autorisation de s'installer à côté de la scène où se situera Obama. 48 positions ont été réservées uniquement pour les télés américaines. Les conseillers de la campagne démocrate estiment que le reste du monde lui est acquis".
Malgré ce boycott, les médias français ont tout de même décidé de diffuser des éditions spéciales. A défaut d'avoir des invités de marque, il faut donc faire du remplissage, comme l'a démontré ArrêtSurImages. Les journaux de 20h ont surtout axé leur mise en scène sur les lieux de tournage : Ground Zero, Wall Street, Central Park. Claire Chazal était sur la ligne d'arrivée du marathon de New York, sur le pont de Brooklyn. A quelques heures de l'élection d'un candidat noir à la Maison blanche, les 20h de TF1 et France 2 n'ont pas hésité à lancer des sujets sur les électeurs afro-américains en direct d'Harlem à New York. Ces mises en scène permettent de masquer un contenu assez pauvre, en raison du boycott de la presse étrangère par les équipes de McCain et d'Obama.
Et quand bien même les médias français parviennent à travailler correctement et à tourner des sujets, le risque d'erreurs et de caricatures est grand si le travail journalistique n'est pas rigoureux. Sur le site d'ArrêtSurImages, Gilles Klein a démontré comment Anne-Sophie Lapix, qui présentait un Dimanche + spécial "Elections américaines" le 2 novembre, a multiplié les erreurs et les approximations. "Assise face à Dan Rather, célèbre ex-présentateur de journal télévisé, Lapix lance un reportage sur le cimetière national d'Arlington, situé face à la ville de Washington en précisant qu'y sont enterrés "tous les soldats américains" tués en Afghanistan et en Irak". Sauf que c'est faux, puisque les soldats américains peuvent être enterrés dans leur village natal et qu'il existe beaucoup d'autres cimetières militaires.
Au cours de l'émission, elle a également lancé un reportage sur les conséquences des subprimes pour les américains en prenant le cas de l'Ohio, qualifié de "région la plus touchée" par la crise financière. Là encore, c'est faux, en 2007, l'état le plus sinistré par la crise financière était le Nevada où 3,4% des ménages ont été concernés par la crise des subprimes. Et en 2008, c'est la Californie qui concentre le plus grand nombre de dossiers de saisies de biens immobiliers non remboursés par les emprunteurs.
A défaut d'un contenu irréprochable, il y aura au moins de belles images pour assister à un événement sans doute historique : Barack Obama va devenir le 44ème président des Etats-Unis d'Amérique.
Présidentielle américaine
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