Revue de presse · 6 nov. 2008 à 21:37
Si plusieurs lignes politiques s'affrontent lors du congrès du PS, c'est pourtant bien une bataille de personnes qui a lieu si l'on en croit la liste des ralliés de chaque courant. La crise financière a éclipsé la bataille interne du Parti Socialiste et peu mobilisé les militants socialistes qui s'apprêtent pourtant à désigner une nouvelle direction après la décennie Hollande. Mais si les militants sont si peu motivés, c'est aussi lié aux tractations de couloir et ralliements contre-nature qui se sont opérés ces derniers mois. Tous les courants ont explosé au profit d'une pure tactique d'appareil. Les ralliements des uns et des autres ont contribué à rendre un peu plus confus une bataille interne davantage centrée sur les personnes que sur la refondation idéologique. A défaut d'idées, il y a des hommes : qui est avec qui au congrès de Reims ?
- Libération : Quatre dauphins en eaux troubles
- Le Figaro : Les socialistes s'attendent à un scrutin serré
- Rue89 : Vote sur les motions : quel avenir pour le Parti socialiste ?
Ségolène Royal a reçu le soutien d'une partie des responsables socialistes qui l'avaient soutenu lors de la campagne présidentielle de 2007. Il y a par exemple François Rebsamen (actuel numéro 2 du PS), Jean-Louis Bianco (ancien secrétaire général de l'Elysée sous Mitterrand). Julien Dray, après avoir pris ses distances avec l'ex-candidate dans l'idée de briguer lui-même la succession de Hollande, a finalement apporté son soutien à Ségolène Royal. La présidente de la région Poitou-Charentes a également reçu le soutien inattendu des grands élus locaux, comme Gérard Colomb (maire de Lyon), alors qu'ils avaient affirmé en déposant leur contribution, qu'ils refusaient qu'un présidentiable s'empare de la tête du PS. Finalement, ils ont changé d'avis. Idem pour Manuel Valls, auparavant très critique à l'égard de Ségolène Royal notamment au moment de la médiatisation de sa séparation avec François Hollande en pleine soirée électorale. Enfin, Vincent Peillon est le dernier responsable socialiste à soutenir l'ex-candidate à la présidentielle, dans l'espoir de devenir Premier secrétaire du PS, si elle renonce au poste, comme certains le laissent à penser.
Bertrand Delanoë est soutenu par les historiques du parti : Lionel Jospin, Michel Rocard et François Hollande, le Premier secrétaire sortant. Certains anciens jospinistes l'ont rejoint comme Elisabeth Guigou. Michel Sapin, ancien ministre de l'Economie dans le gouvernement Bérégovoy, avait soutenu Ségolène Royal en 2007 avant de rejoindre Bertrand Delanoë pour le congrès 2008. Idem pour Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste à l'Assemblée, qui faisait partie des plus fidèles soutiens à Ségolène Royal pendant la campagne présidentielle avant de s'en éloigner. Quant à Pierre Moscovici, fidèle lieutenant de Dominique Strauss-Kahn, il est resté dans la course à l'investiture jusqu'au dépôt des motions. Voyant qu'il ne parviendrait pas à construire une alliance importante autour de son nom, il s'est résigné à se rallier à Bertrand Delanoë, contrairement à la majorité des Strauss-Khaniens qui ont rejoint Martine Aubry.
La maire de Lille est la surprise de ce congrès. En retrait de la scène nationale depuis 2002, elle vient d'effectuer un spectaculaire retour en raison de son statut de non-présidentiable, par opposition à Ségolène Royal et Bertrand Delanoë. Malgré des divergences de fond, elle a réussi à réunir sous son nom les fabiusiens et les strauss-khaniens, qui voulaient préserver les chances de leur leader pour 2012 en faisant barrage à l'ex-candidate à la présidentielle et au maire de Paris. Martine Aubry est donc soutenue par Laurent Fabius, Jean-Christophe Cambadélis (chef de file des Strauss-khaniens), Claude Bartolone (fabiusien). Elle a également reçu le soutien de Pierre Mauroy, qui avait été pourtant le seul éléphant du PS à avoir soutenu ouvertement Ségolène Royal pendant la campagne présidentielle. Le ralliement de Jack Lang est aussi une surprise. En 2006, il avait renoncé au dernier au moment à participer à la primaire socialiste pour se rallier à la candidature de Ségolène Royal. Deux ans plus tard, son choix s'est donc porté sur Martine Aubry pour le congrès de Reims. La maire de Lille peut enfin compter sur Arnaud Montebourg, alors qu'on s'attendait à ce qu'il soutienne Ségolène Royal, dont il était le porte-parole pendant la campagne présidentielle.
Le nombre de ralliements de dernière minute et la facilité avec laquelle les responsables socialistes lâchent un leader pour en soutenir un autre illustrent la bataille de personnes qui se joue au sein du PS. Les soutiens sont purement tactiques et déroutent un peu plus des militants qui espéraient une rénovation idéologique.
Le congrès de Reims 2008
- Qui soutient qui ?
- Quatre lignes politiques s'affrontent
- Bataille de chiffres : qui peut réellement voter ?
- Pourquoi le congrès 2008 a-t-il lieu à Reims ?
- La direction craint de nombreuses fraudes lors du vote
- Les nouveaux adhérents brouillent les rapports de force
- Pourquoi Ségolène Royal veut-elle rembourser les militants ?
- La polémique sur le fichier des adhérents du PS baptisé Rosam
- Les dérives de certaines fédérations du PS : bourrage des urnes et adhérents fantômes
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