Vidéos · 6 nov. 2008 à 22:10
Pour son dernier meeting avant le vote des militants en vue du congrès de Reims, Ségolène Royal a fait une annonce surprise dont elle est spécialiste. Elle a déclaré qu'elle allait rembourser les militants qui étaient dans le besoin et qui doivent payer pour voter. De qui parle-t-elle ? Pourquoi a-t-elle fait cette annonce ? Avec quel argent compte-t-elle rembourser ?
"Les cotisations seront définitivement fixées à 20 €. Et j'appelle ceux qui ont des difficultés financières pour régulariser leurs 2 années de cotisations, je les appelle à prendre quand même leur droit de voter et de participer à l'avenir de notre parti. Nous les rembourserons. En tous cas, nous trouverons une solution pour ceux qui ont des difficultés financières (...) et donc nous réparerons cette taxe sur le droit de militer, qui n'est pas notre façon de voir les choses".
Dans une organisation classique, lorsqu'il y a des élections internes, seuls les membres à jour de cotisation peuvent voter, mais le Parti Socialiste a inventé un système pour le moins tordu : selon les statuts, on reste membre du parti sans repayer sa carte durant un délai de deux ans. Autrement dit, les militants qui souhaitent quitter le parti ne sont pas vraiment radiés. Mieux, ils pourront s'ils le veulent participer au congrès de novembre s'ils payent leur retard de cotisation. Selon les chiffres officiels du parti, 65 047 adhérents sont dans ce cas-là.
En 2006, le PS avait créé une adhésion promotionnelle à 20 euros pour attirer de nouveaux électeurs en vue de la désignation du candidat socialiste à la présidentielle. Ces adhésions à 20 euros avaient permis au PS de mener une campagne de recrutement dynamique, similaire à celle que Nicolas Sarkozy avait entrepris à l'UMP. Sauf qu'après la défaite à la présidentielle, la plupart des ces adhérents à 20 euros n'ont pas renouvelé leur carte. C'est ce qui explique la baisse spectaculaire (près de 40%) du nombre de militants. Or, 2/3 des nouveaux adhérents avaient voté pour elle lors des primaires. Ségolène Royal a donc proposé de rembourser les militants à 20 euros qui pourraient voter en payant le jour du vote afin de les faire revenir.
Dès l'annonce de ce remboursement, les adversaires de Ségolène Royal sont montés au créneau pour dénoncer la manoeuvre. "Qui rembourse, comment, avec quel argent ?" s'interroge Stéphane Le Foll, bras de François Hollande. François Lamy, proche de Martine Aubry, a estimé qu'il s'agissait d'une "solution totalement inopérante". Harlem Désir, proche de Bertrand Delanoë, a taclé plus sévèrement encore la candidate : "Il y a un mécanisme de progressivité et il ne faut pas prendre le risque d'entacher l'image de ce vote et de la démocratie interne au parti (...) Les adhérents paient leurs cotisations selon des règles qui sont les mêmes pour tous et indépendamment du vote qu'ils font ! (...) C'est comme si un candidat proposait de rembourser leurs impôts aux électeurs qui votent pour lui".
Dans les faits, aucune procédure ne pourrait permettre à ces militants d'être remboursés... sauf si Ségolène Royal est élue et décide de rembourser les militants qui ont répondu favorablement à son appel. Ou comment acheter un vote sans s'en cacher...
Le congrès de Reims 2008
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- Quatre lignes politiques s'affrontent
- Bataille de chiffres : qui peut réellement voter ?
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- La polémique sur le fichier des adhérents du PS baptisé Rosam
- Pourquoi Ségolène Royal veut-elle rembourser les militants ?
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