Livres politiques · 17 nov. 2008 à 23:17
Dans Claude Guéant, L'Homme qui murmure à l'oreille de Sarkozy, les journalistes Christian Duplan et Bernard Pellegrin essaient de comprendre ce qui fait la force du couple unissant le secrétaire d'Etat, Claude Guéant, et le président de la République, Nicolas Sarkozy, couple créé en 2002 au ministère de l'Intérieur et depuis indissociable.
Série 4/8 : Claude Guéant, l'alter ego de Nicolas Sarkozy
Il semblerait que la fameuse phrase de Montaigne au sujet de son ami de La Boétie puisse correspondre tout à fait à la raison qui a poussé Nicolas Sarkozy à se rapprocher de Claude Guéant : « parce que c'était lui, parce que c'était moi ». Deux personnalités qui se rencontrent et s'entendent parfaitement. Claude Guéant est à la fois l'opposé et le double de Nicolas Sarkozy. L'opposé parce que contrairement au président, il est un homme très discret, sobre et calme, capable de calmer les crises de colère de Nicolas Sarkozy et d'apaiser les tensions à l'Elysée avec aisance : « Alors que Sarkozy fulmine, engueule, Guéant calme le jeu. J'ai assisté à une sèche réprimande [affirme un proche du président] qu'il devait faire à un préfet... Il lui parlait certes franchement, mais avec une telle placidité que Sarkozy s'est emparé du combiné pour passer un savon à sa manière à l'interlocuteur ! Au fond, Claude amortit les coups de chaud, les coups de sang de Nicolas. Il écarte aussi les injustices. Il a sauvé la tête de nombreux hauts fonctionnaires ». Selon Nicolas Sarkozy, « [Claude Guéant] me conseille de rester moi-même. Il m'accepte tel que je suis alors que nous sommes très différents. On parle tous les jours ensemble, on évolue ensemble, on prend des virages ensemble. C'est un ami, pas un gourou. Guéant met en musique ma politique. Je perce le trou, il taille le tunnel » [cité d'un article du Point]. Mais Claude Guéant est également le double du Président : travailleur, très préoccupé par les problèmes liés à la sécurité et l'immigration.
Claude Guéant suit donc Nicolas Sarkozy dans chacun de ses ministères depuis 2002 puis devient son directeur de campagne puis son secrétaire général à l'Elysée. Plus qu'un conseiller, il est là pour soutenir Nicolas Sarkozy et l'aider à avoir une image de lui positive. Lorsqu'en 2007, au salon de l'Agriculture, le Président dérape en traitant un concitoyen de « pauvre con », la vidéo est diffusée sur Internet et fait boule de neige immédiatement. Claude Guéant s'occupe alors de faire un débriefing avec Nicolas Sarkozy afin d'éviter de nouveaux couacs : « cette affaire interroge même sur les questions d'organisation (...). Le président vient de quitter le salon. Il va à sa voiture et entreprend de faire le tour de la foule pour serrer des mains. C'est toujours quelque chose qu'on trouve inquiétant, y compris en terme de sécurité. (...) C'est l'occasion de rappeler que ce n'est pas forcément indispensable ».
Pas de reproches donc, ni de remontrance : le secrétaire général s'est contenté de lui rappeler les règles de sécurité...
La qualité de Claude Guéant est certainement sa diplomatie. C'est du moins ce que pense Emmanuelle Mignon : selon elle, il peut tout dire à Nicolas Sarkozy, « à sa manière » : « quand il est en désaccord avec le président et qu'il a écoulé tous les arguments ça se termine toujours par cette phrase : « c'est votre position mais, moi, personnellement, je ne la recommande pas ». C'est une phrase-clé chez lui. Et en général il gagne ».
L'entente parfaite entre Nicolas Sarkozy et Claude Guéant tient peut-être aussi du fait que les deux hommes ont su garder des distances. Contrairement à ses autres collaborateurs, Nicolas Sarkozy vouvoie son secrétaire général ce qui oblige l'un et l'autre à avoir une attitude plus circonspecte. De même, Claude Guéant ne cesse de l'appeler « Monsieur le Président ».
Concernant sa vie privée, même si la presse et son entourage sont au courant de ses frasques amoureuses, Nicolas Sarkozy ne se confie pas à son secrétaire, du moins n'accepte-t-il de sa part aucune remarque. Quand Cécilia Sarkozy quitte le président, Claude Guéant, par sollicitude d'après lui, demande des nouvelles de leur fils, Louis. Le « président renvoya vertement son collaborateur aux seules affaires publiques ».
Les relations entre Claude Guéant et Nicolas Sarkozy s'en tiennent donc aux affaires politiques même si la vie personnelle du président entre en ligne de compte, puisque, à de nombreuses reprises, celui-ci a brouillé les pistes en rendant publiques ses mésaventures conjugales et sa rencontre avec Carla Bruni.
Ainsi, la conseillère politique Catherine Péguard résume les liens qui unissent les deux hommes : « s'il se passe un événement important dans la vie du président, Claude Guéant sera toujours lié à cet événement. Nicolas Sarkozy sait qu'il est là. C'est une intimité qui ne s'exprime pas. Je crois qu'ils n'en ont le désir ni l'un, ni l'autre ».
Claude Guéant serait, selon les journalistes Christian Duplan et Bernard Pellegrin une sorte d'oncle bienveillant pour Nicolas Sarkozy, un oncle qui veille à ce que son neveu soit heureux et travaille dans les meilleures conditions possibles. Encore une fois, comme le principal intéressé se confie peu aux journalistes, le lecteur n'apprendra rien sur ce que les deux hommes s'échangent quand ils sont au téléphone ou en rendez-vous quotidiens. On demeure dans les hypothèses et les généralités. On ne saura rien de ce que pense le secrétaire général du look bling bling du président ni de son penchant pour le luxe. Dommage...
Claude Guéant, l'homme qui murmure à l'oreille de Sarkozy
- Un homme trop lisse pour une biographie
- Un étudiant bien discret en 1968
- De la direction de la police nationale au palais de l'Elysée
- Claude Guéant / Nicolas Sarkozy : un couple improbable
- Les ennemis de Claude Guéant : déstabilisation et coups montés
- Claude Guéant, chef du gouvernement bis de Nicolas Sarkozy
- Est-il le vrai Premier ministre ?
- Bilan d'une biographie impossible
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