breve · 24 nov. 2008 à 21:39
En novembre 2004, Nicolas Sarkozy a pris la tête de l'UMP à l'issue du vote des militants. Il avait obtenu près de 85,1% des suffrages. Les militants avaient voté quelques jours plus tôt et l'intronisation avait eu lieu lors du congrès du Bourget. Quatre ans plus tard, le Parti Socialiste a organisé le congrès de Reims pour désigner le successeur de François Hollande.
Décryptage des modes de scrutin du PS et de l'UMP.
A l'UMP, Nicolas Sarkozy était le principal candidat, l'élection était donc une formalité. Au PS, trois candidats partaient favoris, avant que Bertrand Delanoë ne jette l'éponge. Si le contexte de ces élections internes est bien évidemment différent, on peut tout de même s'interroger sur les modalités de ces deux scrutins. En 2004, le vote des militants UMP s'est fait exclusivement par Internet. Les militants de l'UMP avaient reçu leurs codes de connexion parla poste pour voter sur le site web du parti. Ils pouvaient soit voter de chez eux, soit se rendre dans une permanence pour voter sur un ordinateur mis à disposition par l'UMP.
Quatre ans plus tard, alors que l'utilisation d'Internet s'est généralisée, le Parti Socialiste continue à voter à bulletin secret. Les conditions de l'organisation du scrutin interne sont si compliquées, que le corps électoral précis n'était même pas connu : un ancien militant pouvait faire un chèque, reprendre sa carte, et voter le jour du scrutin. (Voir nos articles sur les adhérents fantômes, et la bataille des chiffres autour du nombre de votants).
Face à ce manque de transparence, une question s'impose : pourquoi les adhérents du Parti Socialiste n'ont-ils pas voté par Internet, comme ceux de l'UMP quatre ans plus tôt ? Tout simplement parce qu'au Parti Socialiste, les élus locaux et les présidents de fédération ont un poids prépondérant. Or, un vote par internet, qui serait centralisé, avec des codes de connexion envoyés par le siège parisien qui contrôlerait ainsi beaucoup mieux le fichier des militants, reviendrait à contourner les fédérations. Le PS étant essentiellement un parti d'élus locaux, les "barons" socialistes constituent une force de résistance très puissante. Mais à jouer avec les bulletins et les urnes, à contourner les règles simples de transparence démocratique, les barons locaux ont créé les conditions propices à la crise que traverse le Parti Socialiste.
Sur ce point, Ségolène Royal apparaît plus déterminée que Martine Aubry (candidate de l'appareil), à profondément changer les modes de fonctionnement du parti. Même si l'ex-candidate à la présidentielle s'est appuyée sur certains barons locaux (dans les Bouches du Rhône, dans l'Hérault), elle privilégie un lien direct avec les militants. Le jour où les militants socialistes voteront directement par Internet lors des scrutins internes, le parti aura tourné la page des pratiques d'un autre âge qui explique la crise actuelle.
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Quiz : Pourquoi Ségolène Royal a-t-elle proposé de rembourser les militants ?