Revue de presse · 25 nov. 2008 à 18:28
Pendant que les responsables socialistes s'entredéchirent pour la succession de François Hollande à la tête du PS, l'UMP semble avoir retrouvé un semblant de sérénité. Les premiers mois de la présidence Sarkozy ont été difficiles : Patrick Devedjian, aigri de ne pas avoir obtenu le ministère de la Justice, a multiplié les déclarations provocatrices, souvent à contre-courant du discours officiel. La politique d'ouverture a été mal perçue. Dans les Hauts-de-Seine, les tensions au sein de la droite ont souvent été attisées par Patrick Devedjian. Mais depuis quelques temps, le secrétaire général de l'UMP s'est fait plus discret. Et Nicolas Sarkozy, qui dirige dans les faits l'UMP, s'apprête à le remplacer pour relancer une machine orpheline depuis que le président de la République l'a quittée.
- Le Monde : Sous tutelle de l'Elysée, l'UMP peine à exister
- Le Point : Pour Devedjian, Sarkozy doit redevenir le patron de l'UMP
- Mediapart : Patrick Devedjian va être exfiltré de la direction de l'UMP en échange d'un ministère
Officiellement, l'UMP est dirigée par un secrétaire général. Patrick Devedjian occupe le poste depuis que Nicolas Sarkozy a quitté la présidence du parti au lendemain de son entrée à l'Elysée. Mais dans les faits, la direction est assurée par le président de la République lui-même. Toutes les manifestations de l'UMP sont préparées à l'Elysée : les journées parlementaires, l'université d'été. Nicolas Sarkozy contrôle tout, des campagnes d'affichage de l'UMP en passant par le choix des candidats aux prochaines élections européennes. Pour verrouiller l'UMP, Nicolas Sarkozy a fait modifier les statuts du parti. L'UMP n'est plus dirigée par un président mais par une direction collégiale et un secrétaire général qui n'est plus élu par les militants. A l'UMP, le vrai président, c'est Nicolas Sarkozy.
Quand Nicolas Sarkozy a décidé de placer Patrick Devedjian à l'UMP, il l'a fait pour s'assurer une tranquillité. Agé de 64 ans, l'actuel secrétaire général du parti n'a pas d'ambition présidentielle. Et pour garder la main sur l'appareil, Nicolas Sarkozy a placé ses hommes. Dans l'ombre, Jérôme Peyrat et Eric Cesari gèrent le personnel, les nominations, les finances et assurent le lien entre l'Elysée et l'UMP. Deux fois par semaine, Jérôme Peyrat réunit à l'Elysée la direction de l'UMP pour tenir informé le président de la République de la vie du parti. En outre, Patrick Devedjian est encadré par trois secrétaires généraux adjoints, dont Xavier Bertrand, ministre poids lourd de Nicolas Sarkozy. Enfin, Frédéric Lefebvre, porte-parole de l'UMP et proche de Nicolas Sarkozy, lui dispute la communication du parti.
Tout a donc été pensé pour neutraliser les ambitions au sein du parti. Sans marge de manoeuvre, Patrick Devedjian peine à exister à un poste qu'il ne souhait pas. Machine électorale redoutable au service de Nicolas Sarkozy, l'UMP cherche encore son rôle au sein de la majorité. En l'absence de courant, le parti est verrouillé, toute expression discordante avec la ligne majoritaire est inaudible. Le seul réel contre-pouvoir est le groupe parlementaire présidé par Jean-François Copé. Le maire de Meaux, écarté du gouvernement, s'est placé en successeur de Nicolas Sarkozy pour la présidentielle de 2017. Il utilise la volonté d'émancipation des députés UMP et les nouvelles dispositions de la Constitution, qui accordent de nouveaux pouvoirs au parlement, pour asseoir un peu plus son autorité et instaurer un rapport de force avec l'Elysée. Dans cette perspective, l'UMP apparaît comme une coquille vide.
Fin octobre, Patrick Devedjian explique sur LCI qu'il faut sortir de l'hypocrisie et que Nicolas Sarkozy doit redevenir le président de l'UMP. Par ses déclarations, le secrétaire général de l'UMP exprimait une certaine lassitude d'être à la tête d'un parti qu'il ne dirige manifestement pas, contrairement aux apparences. L'Elysée n'a pas apprécié cette nouvelle sortie de celui qui est aussi président des Hauts-de-Seine. Nicolas Sarkozy tient Patrick Devedjian pour principal responsable de l'atonie du parti. Selon Mediapart, l'Elysée est donc en train de préparer la succession de Patrick Devedjian afin de placer un proche du chef de l'Etat qui s'investira davantage et relancera la machine. Le nom de Brice Hortefeux revient le plus souvent. Tout devrait bouger lors du prochain remaniement gouvernemental prévu en 2009. Patrick Devedjian ferait son entrée dans le gouvernement, soit au poste de ministre de la justice, soit en prenant la tête du ministère de l'Immigration. Quant à Brice Hortefeux, il deviendrait secrétaire général de l'UMP tout en conservant un poste gouvernemental, à l'Intérieur vraisemblablement. Si ces pistes restent pour l'instant à l'état d'hypothèses, le départ de Patrick Devedjian de la direction de l'UMP est une certitude.
La gestion de l'UMP montre donc les limites de la démocratie interne d'un parti. En 2004, Nicolas Sarkozy avait réussi à récupérer le parti aux chiraquiens car les statuts imposaient l'élection du président de l'UMP au suffrage universel direct. Nicolas Sarkozy avait alors fait de la transparence et de la démocratie une règle non négociable, d'où les primaires pour la présidentielle 2007. Mais dès son accession au pouvoir, Nicolas Sarkozy a fait changer les statuts pour conserver son pouvoir.
Au PS, les alliances contre-nature et les irrégularités du scrutin reflètent la difficulté pour des responsables politiques d'abandonner la ligne politique d'un parti aux seuls militants. Dans un cas, comme dans l'autre, le parti est vécu davantage comme un outil électoral au service de l'ambition d'un clan que comme une organisation politique porteuse d'un projet collectif.
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