breve · 25 nov. 2008 à 19:24
Nicolas Sarkozy a la dent dure à l'égard de son ancien rival, Dominique de Villepin. Empêtré dans la complexe affaire Clearstream, l'ancien Premier ministre est renvoyé en correctionnelle pour "complicité de dénonciation calomnieuse" dans cette affaire. On reproche à Dominique de Villepin d'avoir voulu nuire à Nicolas Sarkozy en laissant croire que ce dernier avait un compte secret au Luxembourg. Selon les juges, Dominique de Villepin aurait été au courant bien avant tout le monde sans forcément chercher à disculper celui qui s'apprêtait à briguer la tête de l'UMP, en 2004.
Nicolas Sarkozy est déterminé à faire condamner ceux qui ont voulu l'impliquer dans cette ténébreuse affaire, quitte parfois à en faire un peu trop. Ainsi, de nombreux commentateurs pensaient que les preuves étaient insuffisantes pour renvoyer Dominique de Villepin devant la justice. Or, à la surprise générale, l'ancien Premier ministre n'a pas bénéficié d'un non-lieu. Certains y ont vu la main de Nicolas Sarkozy.
Dans cette affaire, la position de Nicolas Sarkozy est ambiguë. Il est à la fois "partie civile", mais aussi garant de "l'indépendance de la justice" avec des prérogatives élargies. Ainsi, on vient d'apprendre que le président de la République a maintenu dans ses fonctions l'un des juges en charge du dossier pour qu'il aille jusqu'au bout. Le juge Pons a été nommé à Montpellier et devait prendre ses fonctions le 3 novembre 2008, ce qui lui aurait interdit de signer l'ordonnance Clearstream. Un décret présidentiel signé par Nicolas Sarkozy l'a prolongé dans ses fonctions jusqu'au 20 novembre...
Dominique de Villepin a aussitôt dénoncé cette manoeuvre. Dans un mémoire remis au Conseil d'Etat, l'ancien Premier ministre accuse frontalement Nicolas Sarkozy d'avoir enfreint le droit. Selon son avocat, interrogé par France Info, "le détournement de pouvoir auquel le Président de la République s'est livré, en maintenant M. Henri Pons dans ses fonctions, dans le seul but de poursuivre l'information dans laquelle il est partie civile, constitue à l'évidence une violation du principe de l'égalité des armes et, plus largement, du droit au procès équitable".
Manifestement, Nicolas Sarkozy a la rancune tenace. Car au-delà des multiples rebondissements de cette affaire judiciaire, Le Monde vient de révéler qu'un décret présidentiel va empêcher Dominique de Villepin d'être élevé à la dignité de grand officier de la Légion d'honneur en tant qu'ancien Premier ministre. Dans le décret paru au Journal Officiel le 22 novembre 2008, il est précisé que "la dignité de grand officier [de la Légion d'honneur] appartient de plein droit aux anciens premiers ministres qui ont exercé leurs fonctions durant deux années au moins". Or, Dominique de Villepin est resté à Matignon un an, onze mois et quinze jours.
Avec la nouvelle règle présidentielle, il manque donc 15 jours à Dominique de Villepin pour devenir grand officier de la Légion d'honneur. Certes, Laurent Fabius (un an et huit mois à Matignon) et Edith Cresson (dix mois et quinze jours en tant que Premier ministre) sont également concernés. Mais difficile tout de même de ne pas voir ce décret présidentiel comme une petite vengeance personnelle à destination de Dominique de Villepin.
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