Le MoDem de Bayrou a écarté les ex-UDF et mise sur un affaiblissement du PS en 2012

Revue de presse · 27 nov. 2008 à 20:00

François Bayrou

S'il y a une personne qui se réjouit des divisions du Parti Socialiste, c'est bien François Bayrou. Le président du MoDem, arrivé troisième de l'élection présidentielle en 2007 avec 18,5% des voix, a comme principal objectif la présidentielle de 2012. Mais cette fois-ci, il compte bien être au deuxième tour face à Nicolas Sarkozy. Pour y parvenir, il a définitivement tourné la page de l'UDF en s'appuyant sur une nouvelle génération de responsables politiques, et il compte bien sur les divisions du PS pour dépasser Ségolène Royal, candidate probable du PS en 2012.

Revue de presse du jeudi 27 novembre 2008

- Le Figaro : Bayrou s'installe « dans l'opposition », avec le PS
- Le Monde : Pour François Bayrou, le PS est "en bout de cycle"
- NouvelObs : Le PS est "en décomposition grave" pour François Bayrou

Au MoDem, les élections internes de septembre ont changé la donne

A la différence du barnum médiatique du congrès de Reims, les élections internes du MoDem qui se sont tenues en septembre ont été très peu médiatisées. Pourtant, lors de ces premières élections internes, qui intervenaient un an après le congrès fondateur du MoDem à Villepinte, un renouvellement sans précédent des cadres du MoDem-UDF a eu lieu. Les 55 000 militants du MoDem ont élu dans chaque département une nouvelle direction exécutive et désigné leurs représentants au conseil national.
Depuis le début, le MoDem est confronté à la difficulté d'intégrer de nouveaux militants, issus de divers horizons et qui ont rejoint François Bayrou en 2007, dans un appareil politique hérité d'un parti de centre-droit. Les élections de septembre ont donc permis au MoDem d'achever sa mutation puisque les anciens responsables locaux de l'ex-UDF ont accepté de passer la main à une nouvelle génération. Dans les deux tiers des départements, une seule liste était présentée aux suffrages des adhérents. Les tensions apparues lors des municipales (dans de nombreuses communes, le MoDem était divisé) semblent être oubliées.

Le MoDem veut s'allier avec le PS, mais pas avant 2012

Le renouvellement des cadres du MoDem entérine la nouvelle stratégie de ceux qui ne veulent plus se faire appeler "centristes" (trop connoté à droite) mais "démocrates". D'une stratégie de "ni droite, ni gauche", ou "et droite, et gauche", le MoDem de Bayrou est en train de clairement basculer dans l'opposition quasi-systématique à Nicolas Sarkozy. Dans son discours, le centre de Bayrou penche plus à gauche qu'à droite. Entre les deux tours de la présidentielle de 2007, François Bayrou n'avait pas clairement soutenu Ségolène Royal, aucune consigne de vote n'avait été donnée, tout juste avait-il dit qu'il ne voterait pas Nicolas Sarkozy. Un an et demi après, l'évolution progressive vers la gauche se poursuit. Désormais, François Bayrou ne cache plus sa volonté de s'allier au PS pour la prochaine présidentielle en 2012. Mais cette alliance se fera sur la base d'un constat tactique et non d'un travail commun. Ni François Bayrou, ni Ségolène Royal ne sont dans une logique de programme commun. Si une alliance doit avoir lieu, elle se fera en 2012, entre les deux tours, pour faire barrage à Nicolas Sarkozy.

François Bayrou mise sur la paralysie du PS et l'échec de Ségolène Royal

La victoire de Martine Aubry au Parti Socialiste pourrait faire les affaires de François Bayrou. Les divisions des socialistes compliquent la tâche de la gauche pour la présidentielle de 2012. Au lieu d'aboutir à une clarification, le congrès de Reims a illustré l'ampleur des divisions. Martine Aubry n'est devenue Première secrétaire du PS qu'avec l'appui de tous les opposants à Ségolène Royal. Il y a fort à parier que la clarification idéologique ne pourra avoir lieu, tant les différences entre les partisans de DSK, de Fabius ou de Hamon sont grandes. Le PS se retrouve donc dans une double impasse : aucune ligne politique ne s'est vraiment imposée si bien que la synthèse molle apparaît la seule issue. Et le seul véritable leader du PS, Ségolène Royal, n'a pas réussi à venir à bout d'un appareil récalcitrant. En 2012, le PS risque donc de se retrouver dans la même situation qu'en 2007 : une candidate désignée par les militants socialistes, devant défendre un programme incohérent issu d'une synthèse impossible, avec un parti électoral lui faisant défaut pendant la campagne. Sauf que cette fois-ci, François Bayrou espère bien profiter de ces divisions pour prendre l'avantage sur Ségolène Royal au premier tour. Et dans un duel Sarkozy/Bayrou, le leader du MoDem aurait toutes ses chances.

*** Liens

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