breve · 27 nov. 2008 à 22:32
En politique, il y a des transferts surprenants. Le plus spectaculaire a eu lieu au cours de la campagne présidentielle. Eric Besson, le secrétaire nationale en charge de l'économie au Parti Socialiste, avait claqué la porte du parti suite aux improvisations de la candidate. Las d'avoir le sentiment de rédiger des notes pour rien, il s'était mis en retrait de la vie politique... avant d'apporter son soutien, quelques semaines plus tard, au candidat de l'UMP. Depuis, Eric Besson a obtenu un poste de secrétaire d'Etat en charge de la prospective et de l'économie numérique.
L'année dernière, un autre transfert, moins médiatique, avait eu lieu. Jean-Luc Benhamias, l'un des quatre principaux responsables politiques chez les Verts (avec Dominique Voynet, Noël Mamère, Yves Cochet), quittait le parti écologiste à l'issue d'une campagne présidentielle calamiteuse pour rejoindre le Mouvement Démocrate de François Bayrou. Jean-Luc Benhamias mettait un terme à de longues années de militantisme au sein des Verts en raison de la cacophonie permanente qui caractérise le parti. En rejoignant François Bayrou, il s'est donc lancé dans une nouvelle aventure politique, en espérant avoir davantage de responsabilités au MoDem que chez les Verts.
Depuis hier, Jean-Luc Benhamias n'est plus le seul responsable Verts à avoir rejoint le MoDem. Yann Wehrling, moins connu du grand public, vient d'adhérer au MoDem, quelques mois après avoir été exclu des Verts en raison de sa présence sur une liste MoDem lors des municipales de 2008. Interrogé par l'AFP, Yann Wehrling explique que ses convictions restent intactes et que l'écologie ne s'adresse pas qu'aux électeurs de gauche. Il rejoint le MoDem, parti qui a "envie de prendre le pouvoir" à la différence du parti des Verts, qui n'agit "qu'à la marge". Ce transfert serait sans grand intérêt si Yann Wehrling n'avait pas été secrétaire national et porte-parole des Verts. C'est comme si François Hollande avait rejoint le MoDem...
Comment expliquer cette hémorragie chez les Verts ? Comment des responsables politiques de premier plan peuvent-ils changer de camp aussi facilement ? Que ce soit Jean-Luc Benhamias ou Yann Wehrling, tous deux dénoncent l'impasse politique des Verts et leur propension à se saborder eux-mêmes. Tous deux aspirent à davantage de responsabilité et ambitionnent d'accéder au pouvoir. Mais au-delà de la trajectoire personnelle et des revirements purement tactiques, ces transferts illustrent l'affaiblissement des différences politiques entre les principaux partis. Le rapprochement entre Ségolène Royal et François Bayrou en est le meilleur exemple. Reste à savoir si ces ralliements tactiques peuvent s'accompagner d'une refonte idéologique ou si ce ne sont que des épiphénomènes liés à l'attrait du pouvoir.
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