Livres politiques · 9 déc. 2008 à 21:39
Après cinq ans de cavale, Yvan Colonna, l'assassin (présumé à l'époque) du préfet Erignac est arrêté. Si cette arrestation est considérée comme un coup de force par les médias, certaines rumeurs laissent entendre que Nicolas Sarkozy aurait organisé un coup monté. Encore une fois, le cabinet noir serait à l'origine de ces bruits malveillants. C'est du moins la thèse que soutient Guy Birenbaum dans son livre-témoignage, Le Cabinet noir, au coeur du système Yves Bertrand, aux éditions Les Arènes.
Série : La fausse rencontre entre les avocats de Colonna et des représentants du ministère de l'Intérieur
Par deux fois, Guy Birenbaum a publié, dans sa collection chez Denoël, des nationalistes corses : Jean-Michel Rossi et François Santoni. Les deux hommes ont, quelque temps plus tard, été assassinés. L'éditeur est donc connu pour publier des livres chocs, notamment sur la situation politique corse. C'est pourquoi, en 2003, une femme se met en contact avec lui pour lui présenter un journaliste, Jean-Paul Guillaume, qui aurait un texte explosif à lui soumettre. Selon lui, après enquête auprès des nationalistes comme de la police corse, Yvan Colonna n'est pas le meurtrier du préfet Erignac. L'une des sources de Jean-Paul Guillaume serait d'ailleurs Hubert Marty-Vrayance, le secrétaire général de la Défense nationale, qui avait déjà oeuvré pour écrire un livre à charge contre Lionel Jospin.
Pour convaincre l'éditeur, Jean-Paul Guillaume propose une préface écrite par Yvan Colonna. Mais, ce livre a un prix, beaucoup trop élevé pour Guy Birenbaum qui préfère abandonner le projet. Le journaliste se tourne alors vers Joseph Vebret, à l'Archipel mais encore une fois, rien ne se passe comme prévu : Jean-Paul Guillaume est en garde-à-vue à la Division nationale anti-terroriste ; le séjour en Corse est un véritable fiasco : le frère d'Yvan Colonna ne semble pas au courant du projet éditorial. Finalement, Jean-Paul Guillaume disparaît complètement et ne rendra jamais son manuscrit au grand dam se son éditeur.
Un certain Robin, en 2004, réunit une nouvelle fois Guy Birenbaum et le journaliste Jean-Paul Guillaume qui étoffe sa version sur l'assassinat du préfet Erignac. Non seulement Yvan Colonna ne serait pas le meurtrier mais en plus son arrestation, le 4 juillet 2003, à deux jours du référendum sur l'avenir institutionnel de la Corse, serait un coup monté au profit de Nicolas Sarkozy. Jean-Paul Guillaume souhaite donc publier un livre, aux éditions Denöel, où il expliquerait les dessous de cette affaire. Selon Guy Birenbaum, cette version a déjà été évoquée dès juillet 2003 dans quelques journaux.
Pour que cette version soit admise, il faut donc que l'on prouve que l'Etat était en négociation avec le clan Colonna pour obtenir sa reddition. Le cabinet noir, selon l'éditeur, va s'en charger en organisant une rencontre-piège entre Bernard Squarcini, l'adjoint de la Direction centrale des Renseignements Généraux et deux avocats du clan Colonna. Très vite, les différents protagonistes se rendent compte que leur rencontre est une machination pour les voir ensemble, dans un lieu public à Paris et faire courir le bruit que les trois hommes se connaissent et font affaire ensemble. L'objectif est de laissé entendre que l'arrestation d'Yvan Colonna a été négociée entre les différents partis : avocats et ministère de l'Intérieur.
Guy Birenbaum aurait aimé croire en cette hypothèse d'autant plus que Jean-Paul Guillaume a organisé un déjeuner avec Yves Bertrand qui, volubile, lui a répété cette même histoire. Les mois passant, l'éditeur s'est rendu compte du pot aux roses, et a surtout compris que le cabinet noir nourrissait une haine sans limite envers Nicolas Sarkozy. Finalement, l'éditeur ne publiera jamais le livre sur l'affaire Colonna.
Guy Birenbaum, Le cabinet noir : Au coeur du système Yves Bertrand, Editions Les Arènes, décembre 2008
