Christian Estrosi s'arrange avec les urnes pour désigner son successeur au conseil général des Alpes-Maritimes

Le Canard enchaîné · 15 déc. 2008 à 21:16

Succession de Christian Estrosi

Christian Estrosi a annoncé qu'il quittait la présidence des Alpes-Maritimes, poste qu'il occupait depuis 2003. "Je considère que ma mission après cinq ans est achevée" a-t-il notamment déclaré. En réalité, il était contraint d'abandonner l'un de ses mandats locaux au nom du non cumul des mandats. Il aurait dû démissionner dès le mois d'avril, lorsqu'il a pris la présidence de la Communauté d'agglomération Nice-Côte d'Azur. Mais il ne l'avait pas fait jusqu'à présent car celui qui devait le remplacer à la tête du Conseil général avait perdu les cantonales en mars dernier. Heureusement, le maire de Nice a réussi à trouver un autre canton pour son poulain six mois plus tard...


Source : Christophe Nobili, "L'aile du roitelet Estrosi sur la baie des anges", Le Canard Enchaîné n°4597, 3 décembre 2008

Un cumul des mandats qui doit cesser

On se souvient que Christian Estrosi avait démissionné du gouvernement pour devenir maire de Nice. Malgré ce départ, l'ancien secrétaire d'Etat de Nicolas Sarkozy devait également abandonner un autre poste au nom du l'interdiction du cumul des mandats. Maire de Nice, il est également député, président de la Communauté d'agglomération Nice-Côte d'Azur et président du conseil général des Alpes-Maritimes. Tant de mandats sont interdits par la loi. Christian Estrosi devait donc choisir, il quitte aujourd'hui la présidence du conseil général. Mais pourquoi a-t-il attendu autant de temps pour se mettre en conformité avec la loi ? Depuis le mois d'avril 2008, Christian Estrosi sait qu'il doit abandonner l'un de ses mandats locaux. Ce retard s'explique par la difficulté avec laquelle il s'est trouvé un successeur.

Un successeur désigné qui rate les cantonales de mars 2008

Depuis le début, Christian Estrosi a prévu de confier la présidence du conseil général des Alpes-Maritimes à son fidèle-lieutenant, le député-maire Eric Ciotti. Sauf que pour prendre la succession de Christian Estrosi, il faut bien évidemment être membre du conseil général. Le poulain du maire de Nice s'est donc présenté aux cantonales en mars 2008... et a perdu. C'est le Parti Socialiste qui a remporté le siège du canton de Nice malgré la dynamique de l'UMP dans la région. Le successeur désigné ne pouvait donc pas prendre la place d'Estrosi, voilà pourquoi le maire de Nice n'avait toujours pas démissionné de la présidence du conseil général des Alpes-Maritimes six mois après son élection à la mairie de Nice.

Christian Estrosi provoque une nouvelle élection dans un canton plus facile

Cette mésaventure électorale n'a pourtant pas entamé le moral du maire UMP. Il a organisé une session de rattrapage pour que son poulain entre au conseil général. Après négociations, le conseiller général du plus petit canton des Alpes-Maritimes, Saint-Martin-Vésubie, situé à 70 km de la ville de Nice, a accepté de céder sa place. Depuis 1985, le conseiller général de ce canton est réélu haut la main dès le premier tour. Un canton rêvé pour le lieutenant de Christian Estrosi. Il ne restait plus qu'au conseiller général sortant de démissionner pour laisser la place au protégé d'Estrosi. La démission est effective le 13 novembre 2008. Depuis, le lieutenant d'Estrosi s'est fait élire, comme prévu, lors d'une cantonale partielle dans le canton laissé vacant.

Le maire de Nice recase le conseiller général sortant pour 7625 euros par mois

Reste une question : pour quelles raisons le conseiller général de ce canton acquis à l'UMP a-t-il démissionné au mois de novembre ? Officiellement, c'est parce qu'il souhaitait passer la main et donner une nouvelle dimension à sa carrière. Agé de 64 ans, le conseiller général sortant ne s'est pas fait prier pour démissionner. Il faut dire que Christian Estrosi a bien fait les choses, puisque, selon le Canard Enchaîné, 10 jours après avoir démissionné, l'ex-conseiller général a obtenu un poste de "conseiller spécial chargé du développement durable" à la mairie de Nice. Cette fonction est rémunérée 7625 euros par mois (soit 4 fois plus que le montant de l'ancienne indemnité d'élu, relève le Canard).


Interrogé par le Canard Enchaîné, Christian Estrosi soutient que le conseiller général sortant "souhaitait partir, il en avait marre du conseil général"... et coup de chance, le démissionnaire était "le meilleur pour la candidature de Nice aux JO d'hiver". Une fois assurée de la succession, Christian Estrosi a donc pu démissionner "sereinement" pour passer le flambeau à son lieutenant.




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