Revue de presse · 19 déc. 2008 à 10:42
Depuis plusieurs mois, la presse annonce un prochain remaniement gouvernemental. Il devrait avoir lieu en janvier 2009. L'équation est connue : poursuivre l'ouverture à gauche, déplacer des ministres affaiblis, récompenser des fidèles. Mais sans y paraître, depuis trois semaines, Nicolas Sarkozy a procédé à trois nominations : un ministre, un secrétaire d'Etat, un commissaire. A ce rythme-là, il n'y aura plus aucune nomination à annoncer fin janvier.
- Rue89 : Qui préférez-vous voir entrer au gouvernement ?
- Mediapart : Patrick Devedjian, ministre sous influence et sans troupes
- Bakchich : Yazid Sabeg, le nouvel homme de Sarkozy
Tout a commencé au lendemain de l'annonce du plan de relance : Nicolas Sarkozy a nommé Patrick Devedjian, ministre en charge de ce plan. C'était le 5 décembre. Une semaine plus tard, lors du vote au conseil européen du paquet "énergie-climat", l'Elysée a officialisé l'arrivée de Bruno Le Maire au poste de secrétaire d'Etat aux Affaires Européennes. La semaine suivante, à l'issue d'un discours sur la diversité et l'égalité des chances, prononcé à l'école Polytechnique, Nicolas Sarkozy a annoncé la nomination de Yazid Sabeg au poste de commissaire à la diversité et à l'égalité des chances. Trois discours, trois nouvelles nominations.
Patrick Devedjian a été le premier de la série. Nicolas Sarkozy voulait impérativement l'écarter de l'UMP, le secrétaire général étant considéré comme le principal responsable de l'atonie du parti majoritaire. Un temps pressenti à la Justice, puis au ministère de l'Immigration, Patrick Devedjian a finalement été nommé ministre du plan de relance. Les contours du ministère sont à ce jour encore très flous : l'ancien secrétaire général de l'UMP ne bénéficie d'aucune administration et aucun partage des rôles n'a été effectué entre lui et la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, qui en toute logique, aurait dû être en charge du suivi de ce plan de relance. Soit cette nomination est donc destinée à marginaliser la ministre de l'Economie, si souvent décriée pour son manque de sens politique, soit il s'agit d'un placard doré pour un ancien secrétaire général devenu trop gênant à la tête de l'UMP.
Une semaine après la nomination de Patrick Devedjian, Nicolas Sarkozy a annoncé l'arrivée de Bruno Le Maire dans son gouvernement au poste de secrétaire d'Etat en charge des Affaires européennes, en remplacement de Jean-Pierre Jouyet, parti présidé l'Autorité des Marchés Financiers (AMF). A l'origine, le président de la République souhaitait confier ce poste à Rama Yade. Suite au refus de sa secrétaire d'Etat de se présenter aux élections européennes, le choix de Nicolas Sarkozy s'est porté sur ce proche de Dominique de Villepin. Bruno Le Maire était le directeur de cabinet du dernier Premier ministre de Jacques Chirac. Son ralliement apparaît donc comme un nouveau coup dur porté au clan Villepin/Chirac empêtré dans l'affaire Clearstream et celle des carnets d'Yves Bertrand. Une petite "prise de guerre" en somme.
La nomination surprise d'un commissaire à la diversité et à l'égalité des chances est intervenue à l'issue du discours de Nicolas Sarkozy à l'école polytechnique. Yazid Sabeg, homme d'affaires de 58 ans, est l'auteur d'un manifeste pour l'égalité réelle. Il devra mobiliser tous les moyens de l'Etat et travailler en collaboration avec différents ministères pour proposer un plan d'action d'ici le mois de mars en faveur de la diversité. L'arrivée de Yazid Sabeg intervient dans le cadre de la politique d'ouverture menée par Nicolas Sarkozy. Après Martin Hirsch (ancien président d'Emmaüs) et Fadela Amara (ancienne présidente de "Ni putes, ni soumises"), le président de la République complète donc un gouvernement qui se veut ouvert aux personnalités de gauche et à celles issues des minorités. Mais cet affichage risque de ne pas résister au principe de réalité : les attributions de Yazid Sabeg sont très proches des prérogatives de Fadela Amara. Pourquoi faut-il un plan pour l'égalité des chances et la diversité alors que Fadela Amara est déjà censée mener ce type de politique avec son plan "Espoir Banlieues" ?
A l'exception de la nomination d'un secrétaire d'Etat en charge des Affaires européennes, les nominations d'un ministre du plan de relance (alors qu'il y a une ministre de l'Economie) et d'un commissaire à la diversité et à l'égalité des chances (alors que Fadela Amara a déjà présenté un plan banlieue) relèvent davantage du coup médiatique que d'un réel changement de politique. A Patrick Devedjian et Yazid Sabeg de démontrer le contraire.
- Remaniement gouvernemental, réorganisation de l'UMP : Nicolas Sarkozy accélère le calendrier
- Les ministres éjectés retrouveront automatiquement leur poste de député
- Nicolas Sarkozy et Jean-François Copé : le rapport de force permanent
- Nicolas Sarkozy prépare la 2ème vague d'ouverture pour le prochain remaniement
- Claude Allègre / Nicolas Sarkozy : plus d'un an de déclarations enflammées
_____________________________________________________
Les OFF de la presse : Comment Patrick Devedjian a viré Luc Chatel de son bureau