Zapping radio · 19 déc. 2008 à 21:05
Depuis que Rama Yade a refusé de se présenter comme tête de liste en Île-de-France aux élections européennes de juin 2009, comme le souhaitait Nicolas Sarkozy, la chasse est ouverte contre la secrétaire d'Etat aux droits de l'homme. En l'espace de quelques jours, Bernard Kouchner, Christian Estrosi, Nadine Morano s'en sont pris à celle qui avait été choisie par le président de la République pour donner l'image d'un gouvernement ouvert, représentatif de la diversité de la population française.
Pour avoir refusé un poste qui lui était proposé et avoir fait preuve ainsi d'une certaine liberté de ton, Rama Yade est devenu la cible privilégiée de son propre camp. Tout s'est déclenché le 7 décembre lorsqu'elle a déclaré sur RTL qu'elle ne voulait pas être candidate aux Européennes 2009 alors que le président de la République le lui demande depuis des mois. Le chef de l'Etat a peu apprécié cette sortie et a sanctionné Rama Yade en ne lui accordant pas le portefeuille des Affaires européennes qui lui avait été promis. C'est finalement Bruno Le Maire qui a succédé à Jean-Pierre Jouyet.
Plusieurs responsables de la majorité ont pris le relais du courroux présidentiel en prenant pour cible Rama Yade. Bernard Kouchner a d'abord dégainé le premier en déclarant dans une interview au Parisien que la création d'un secrétariat d'Etat aux Droits de l'homme était une erreur car il y a "une contradiction permanente entre les droits de l'homme et la politique étrangère d'un état". Le ministre des Affaires étrangères ne fait que répéter ce que Nicolas Sarkozy confie en privé. Rama Yade est donc prévenue, son poste ne va pas être maintenue.
Quelques jours plus tard, deux Sarkozystes historiques ont également sonné la charge. Nadine Morano a affirmé que la "diversité ne devait pas être un bouclier pour les membres du gouvernement", manière de dire que Rama Yade n'est pas à l'abri lors du prochain remaniement. Le maire de Nice, Christian Estrosi, en a remis aussi une couche. Selon Le Parisien du Dimanche 14 décembre, il aurait déclaré devant des journalistes que Rama Yade "existe parce que Sarkozy l'a fabriquée ! On fait un placement, on le fait fructifier et, au moment où on veut en tirer les bénéfices, voilà...". Ces propos ont été condamnés par la secrétaire d'Etat sur RTL qui a demandé à Christian Estrosi de les démentir :
Le maire de Nice a fini par démentir avoir tenu de tels propos, sans grande conviction, au cours d'une interview au Point.
En coulisse, si Rama Yade confie qu'elle ne souhaite vraiment pas se présenter aux élections européennes, elle s'est tout de même excusée auprès du président de la République dans une lettre envoyée avec une boîte de chocolat, comme le raconte Le Canard Enchaîné dans son édition du 17 décembre. "Vous m'avez tout donné en politique, je n'ai pas le droit de vous décevoir" a-t-elle notamment précisé. En espérant que les attaques cessent...