Le Canard enchaîné · 8 jan. 2009 à 20:39
Il y a quelques semaines, Le Canard Enchaîné racontait la laborieuse succession de Christian Estrosi à la présidence du conseil général des Alpes-Maritimes. En raison du cumul des mandats, le maire de Nice devait démissionner du conseil général. Mais sa succession a pris des mois en raison de l'incapacité de son dauphin désigné à se faire élire. Le Canard Enchaîné avait expliqué que Christian Estrosi s'était arrangé pour obtenir la démission d'un conseiller général d'une circonscription facilement gagnable pour son successeur. Ce dernier avait perdu une première fois aux cantonales de mars 2008 et retardé de fait la succession de Christian Estrosi. Pour obtenir la démission du conseiller général sortant et provoquer une cantonale partielle, Christian Estrosi avait alors proposé au conseiller général sortant de devenir conseiller spécial à la mairie de Nice pour un salaire de 7000 euros par mois. Une fois cette démission obtenue, le bras droit de Christian Estrosi a réussi à se faire élire dans cette circonscription.
Les révélations de ce petit arrangement avec les urnes (deux élections) et les caisses de la mairie de Nice (un poste de conseiller spécial) n'ont pas vraiment été appréciées dans le clan Estrosi. L'information est parue dans l'hebdomadaire du 3 décembre et dans son édition du mercredi 31 décembre, le Canard Enchaîné révèle que les proches de Christian Estrosi ont tout fait pour étouffer l'information, notamment dans la circonscription où son successeur a été élu.
Ainsi, selon l'hebdomadaire satirique, "les amis de Christian Estrosi ont raflé tous les numéros du Canard du 3 décembre, en vente dans la vallée de Saint-Martin de Vésubie (Alpes-Maritimes)" dans l'espoir certainement que l'information ne remonte pas jusqu'aux électeurs de cette circonscription. La "razzia" d'exemplaires du Canard Enchaîné est une pratique qui a déjà été constatée à plusieurs reprises lors de révélations de différentes affaires. Elle montre à la fois la force du Canard et sa faiblesse. Chaque semaine, l'hebdomadaire fait des révélations sur les pratiques douteuses de la classe politique. Parfois, ces informations sont reprises par les autres médias, mais dans la plupart des cas, ces révélations ne connaissent pas de suite médiatique. N'ayant aucune présence sur Internet, le Canard Enchaîné est cantonné à son format papier et est donc soumis à ce type de manipulation : la confiscation de tous les exemplaires par des proches de responsables politiques mis en cause dans les colonnes du journal. Mais manque de chance pour les amis de Christian Estrosi, Internet offre une deuxième vie à ce type d'articles.
