Le rôle des femmes dans la vie politique : ministres et candidates

Livres politiques · 8 jan. 2009 à 21:14

Femmes politiques

Avant que Ségolène Royal puisse arriver au second tour à l'élection présidentielle de 2007, nombreuses ont été les femmes qui ont tenté l'expérience sans succès. Dans La force du nombre - Femmes et démocratie présidentielle, Mariette Sineau montre leur cheminement parsemé d'obstacles divers dus notamment aux mentalités sexistes et aux préjugés.


Série 4/5 : Les femmes ministres et candidates

Les femmes et la présidentielle

Les femmes sous de Gaulle et Pompidou

Quand le général de Gaulle institue le suffrage universel, il incarne aux yeux des Français comme des Françaises la figure du père et surtout le « chef ». Il revendique les valeurs traditionnelles selon lesquelles la femme est une mère de famille, soumise à son mari. Il n'est donc pas question qu'elle se mêle de politique, et encore moins qu'elle entre à l'Elysée. Charles de Gaulle ne souhaite être entouré que d'hommes. Il n'y aura donc aucune femme nommée soit à un poste de haut fonctionnaire, soit à l'Elysée, soit au gouvernement.
Sous Georges Pompidou, une femme fait enfin son entrée dans le gouvernement de Jacques Chaban-Delmas, au poste de secrétaire d'Etat : Marie-Madeleine Dienesch. Cinq femmes parviennent également à obtenir un poste de choix auprès du président. Par exemple, Marie-France Garaud est nommée conseillère technique au secrétariat général de l'Elysée, Anne-Marie Dupuy est chef puis directrice de cabinet. Grâce à ces postes, ces deux femmes parviendront à mener une carrière politique intéressante. Toutefois, ces nominations ne sont que les prémisses d'une évolution politique et idéologique.

Les femmes nommées sous Valéry Giscard d'Estaing et François Mitterrand.

Valéry Giscard d'Estaing se veut un président de la République moderne. Contrairement à Charles de Gaulle, il a une conception très libérale des femmes. Il théorise leur rôle dans différents ouvrages et montre un intérêt certain à leur présence dans le gouvernement comme dans la haute fonction publique. Il nomme, et c'est une première en France, deux femmes (Elisabeth Guigou et Ariane Obolenski) à la direction du Trésor du ministère des Finances, neuf femmes à des postes ministériels.
Par la suite, François Mitterrand accorde lui aussi une pleine confiance en ces femmes politiques, qu'il choisit de préférence pour leurs compétences dans le domaine. Non seulement, dès son élection à l'élection présidentielle, il fait nommer six femmes dans le gouvernement de Pierre Mauroy mais en plus il crée un ministère des Droits de la Femme. C'est enfin l'unique président à avoir nommé une femme Premier ministre : Edith Cresson.
Enfin, Jacques Chirac n'a jamais eu un grand intérêt pour la présence des femmes en politique. Il en fait nommer dans le gouvernement d'Alain Juppé, mais sans conviction. C'est le Premier ministre de l'opposition, Lionel Jospin, qui parviendra à imposer plusieurs femmes dans son gouvernement.

Des femmes en campagne

Jusqu'en 1974, les femmes sont restées en dehors de la course à la présidentielle car selon un sondage fait à cette époque, les Français sont à 69% opposés à cette idée sous prétexte qu'elles ne peuvent incarner le pouvoir, typiquement masculin. C'est Arlette Laguiller qui, la première, se présente à l'élection, en défendant le parti d'extrême gauche : Lutte ouvrière. Elle est très mal accueillie dans l'opinion publique puisqu'elle est à la fois une femme, célibataire, jeune, féministe et syndicaliste. Elle multiplie les handicaps aux yeux de l'opinion de l'époque. Son objectif est de se servir de la campagne présidentielle pour revendiquer des droits pour les « travailleuses et des travailleurs ». Aux trois premiers scrutins, quelque soit le nombre de candidats et leur couleur, elle obtient le faible score de 2% des suffrages. Pourtant, à partir de 1995 et surtout en 2002, elle parvient à être un personnage populaire inspirant confiance aux Français qui voient en elle une protestation à la politique instituée. Elle réussit ainsi à dépasser les 5% des voix. D'autres femmes comme Huguette Bouchardeau ou Marie-France Garaud n'auront pas sa constance ni sa longévité...
Il faut attendre 1995 et la candidature de Dominique Voynet (Verts) pour voir d'autres femmes joués un rôle important lors de campagnes présidentielles. Suivront ensuite Christiane Taubirat, Marie-George Buffet et Ségolène Royal.


Mariette Sineau, La force du nombre - Femmes et démocratie présidentielle, éditions de l'Aube, 2008, 203 p.

*** Liens

Femmes et démocratie présidentielle
- Election présidentielle : l'entrée des femmes sur la scène politique
- Campagnes présidentielles et féminisme : avancées et reculs
- Le vote des femmes aux élections présidentielles : de la droite vers la gauche
- Le rôle des femmes dans la vie politique : ministres et candidates
- Les femmes et la présidentielle : une candidate au deuxième tour en 2007

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