Enquête · 19 jan. 2009 à 23:46
Ancien président d'Emmaüs, Martin Hirsch était entré dans le gouvernement Fillon pour mettre en place le Revenu de Solidarité Active permettant de cumuler aides sociales et salaires afin d'encourager le retour à l'emploi des chômeurs. Le RSA a été voté et doit entrer en vigueur au mois de juin 2009. La mission de Martin Hirsch semblait donc sur le point de se terminer. Pourtant, le haut commissaire semble prendre goût à l'exercice du pouvoir puisqu'il a accepté d'élargir ses compétences en cumulant son haut commissariat aux Solidarités Actives avec celui de la Jeunesse.
Portrait.
Martin Hirsch est né le 6 décembre 1963 à Suresnes dans les Hauts-de-Seine. Son père, Bernard Hirsch fut un temps directeur de l'Ecole nationale des ponts et chaussées. Martin Hirsch, sur les traces de son père entame de longues études élitistes. D'abord, il intègre l'Ecole normale supérieure. Il prépare un DEA en neurobiologie. Enfin, il est admis à l'ENA.
Il débute sa carrière professionnelle en travaillant à la Caisse nationale d'assurance maladie en tant que conseiller juridique pendant deux ans. Il poursuit cette mission au ministère de la Santé et de l'Action humanitaire entre 1992 et 1993. Il change de poste pour devenir secrétaire général adjoint du Conseil d'Etat. Enfin, il accède à la direction de la Pharmacie centrale des hôpitaux de Paris à l'Assistance publique. Poursuivant son engagement pour les causes humanitaires et sociales et après avoir milité pour Emmaüs, il en devient le président de l'Union centrale des communautés en 1995. Il est alors chargé de contrôler et de gérer plus de trente communautés Emmaüs en France.
C'est en 1997 qu'il fait ses premiers pas en politique : Bernard Kouchner fait appel à lui pour devenir son directeur de cabinet. Parallèlement, Martine Aubry le nomme conseiller à son propre cabinet. Il continue à gravir les échelons et prend la direction en tant que premier directeur général de l'AFSSA (Agence française de sécurité sanitaire des aliments). Il occupe cette fonction jusqu'en 2005.
En 2006, avec Benoît Genuinu, il crée l'Agence nouvelle des solidarités actives, une association qui lutte contre la pauvreté et rejoint la même année le conseil d'orientation de l'Institut Aspen France, centre international d'échange et de réflexion.
En 2007, Martin Hirsch devient Haut commissaire aux solidarités actives dans le gouvernement Fillon.
Il a été chargé par Nicolas Sarkozy d'organiser un « Grenelle de l'insertion » pour remettre à plat la politique sociale. Parmi les pistes de réflexion figure l'instauration d'un contrat unique d'insertion et la fusion de tous les contrats aidés dans un souci de clarté et d'efficacité. Le président de la République souhaiterait également la fusion des minima-sociaux. En attendant l'organisation d'un « Grenelle de l'insertion » au contour encore incertain, Martin Hirsch poursuit l'expérimentation du RSA (Revenu de Solidarité Active) qui permet à un individu de retrouver du travail tout en continuant à toucher des aides sociales. Tout l'enjeu est d'inciter un chômeur à reprendre un emploi.
Pourtant, si le projet semble respectable, Martin Hirsch doit faire accepter son mode de financement auprès des chambres de l'Assemblée nationale : ainsi, le RSA sera financé grâce à une nouvelle taxe à hauteur de 1,1% sur les revenus du patrimoine. En décembre 2008, finalement, la loi sur le RSA est adoptée et doit entrer en vigueur à partir de juin 2009.
Le 12 janvier 2009, Nicolas Sarkozy annonce officiellement que Martin Hirsch est nommé Haut commissaire à la jeunesse, déchargeant ainsi Bernard Laporte de ce portefeuille. Dans son rapport de 2005 sur « la nouvelle équation sociale », Martin Hirsch évoque à la fois le problème de la pauvreté mais aussi la difficulté des jeunes à trouver un emploi et à s'insérer socialement. Le président de la République a donc décidé de lui donner le Haut commissariat à la jeunesse afin qu'il mène différentes actions en faveur de la formation et de l'emploi des moins de 25 ans.
- Qu'est-ce que le Revenu de Solidarité Active ?
- Le RSA va-t-il faire augmenter les statistiques du chômage ?
- Publicité : vanter les mérites du RSA pour 3 millions d'euros
- La face cachée de la taxe du RSA, ou comment l'Etat va récupérer 1 milliard d' euros
- Quand Martin Hirsch, ancien président d'Emmaüs, se fait siffler par les collectifs de Sans-abri
_____________________________________________________
DOSSIER : Les "jeunes" : analyse d'un terme utilisé par la droite et la gauche