Revue de presse · 7 fév. 2009 à 18:37
Retransmise sur trois chaînes de télévision, l'interview du président de la République, en direct de l'Elysée, a été suivie par près de 15 millions de téléspectateurs. Nicolas Sarkozy a tenté d'apporter des réponses concrètes aux inquiétudes des Français face à une crise économique mondiale sans précédent. L'opinion que l'on se fait d'une prestation dépend à la fois de l'interview en elle-même mais aussi des commentaires de la presse et du monde politique le lendemain. Comme à chaque fois, la droite considère que le président de la République a fixé un cap, qu'il est à l'écoute et répond aux attentes des Français. En revanche, à gauche, l'insuffisance des mesures, l'erreur de stratégie voire l'absence de ligne politique résument une prestation forcément ratée.
- Le Figaro : L'Élysée soulagé après une émission à haut risque
- Le Monde : Nicolas Sarkozy invoque de Gaulle pour justifier sa pratique du pouvoir
- Rue89 : Sarkozy et la crise : un doigt de social et beaucoup de flou
D'un point de vue purement formel, dans ce genre d'exercice, Nicolas Sarkozy excelle. Le dispositif de l'émission est à son avantage avec notamment des journalistes qui exercent peu leur droit de suite et ne rebondissent que très rarement sur les propos du président. Il a donc souvent réponse à tout, parvient à éviter les questions pièges et sait faire preuve d'humour pour s'en sortir par une pirouette quand il est en difficulté. Mais surtout, il use et abuse d'une arme qu'il maîtrise parfaitement : le bon sens. Etre capable de convaincre le téléspectateur qu'il fait simplement preuve de pragmatisme, que tout va de soi. La logique est imparable, la mécanique du raisonnement est bien huilée. A défaut de connaître véritablement les dossiers, le téléspectateur ne peut que constater, dans de nombreux cas, la cohérence du raisonnement. Nicolas Sarkozy est un communicant dont les arguments sont bien rodés.
La manière dont Nicolas Sarkozy a fait ses principales annonces laisse penser qu'elles relèvent du bon sens.
1. L'Etat n'a donné qu'aux banques ? Le président de la République répond que ça n'a pas coûté un seul centime aux contribuables et que cela va même rapporter environ 1,5 milliard d'euros en 2009, somme qui sera intégralement consacrée à des dépenses sociales, a-t-il promis.
2. La mondialisation est synonyme de délocalisation et de destruction d'emplois en France ? Nicolas Sarkozy annonce que les constructeurs automobiles seront aidés à condition qu'ils produisent leur véhicule sur le territoire français.
3. Les autres entreprises sont également en difficulté ? Il propose la suppression de la taxe professionnelle qui est une charge sur la production.
4. La mondialisation a abouti à un déséquilibre entre les revenus du capital et ceux du travail ? Le président de la République propose la règle des trois tiers dans les entreprises pour la répartition des profits : 1/3 pour l'actionnaire, 1/3 pour les investissements, 1/3 pour le salarié, réglant ainsi une partie du problème du pouvoir d'achat des ménages.
5. Les Français vont subir une crise économique dont ils ne sont pas responsables ? Il propose de s'attaquer aux rémunérations des traders.
6. Les classes moyennes sont les plus touchées ? Il propose de supprimer la première tranche de l'impôt sur le revenu.
Dans sa globalité, le discours est donc cohérent et les arguments semblent logiques. Mais comme souvent avec Nicolas Sarkozy, le diable se cache dans les détails. Entre la présentation d'une mesure et la réalité de la réforme, il y a souvent un décalage. Sur le même modèle que notre analyse du plan de relance, nous allons donc vous proposer ces prochains jours une mini-série sur toutes les pistes avancées par Nicolas Sarkozy au cours de l'émission et analyser le décalage (ou pas) entre l'annonce et la réalisation.
Plan de relance
- Plan de relance : les dessous du plan de communication de Nicolas Sarkozy
- Automobile : le dopage artificiel de la prime à la casse
- Soutiens aux PME : quand l'Etat ne fait que rembourser ce qu'il doit
- Investissements publics : d'où viennent les 10,5 milliards d'euros du plan de relance ?
- Logement : quand le plan de relance sert de prétexte pour supprimer des garde-fous