Vidéos · 11 fév. 2009 à 11:42
La mobilisation des enseignants-chercheurs contre le décret modifiant leur statut s'intensifie. Entre 40 000 et 80 000 personnes ont défilé dans toute la France mardi 10 février 2009 et la plupart des universités étaient en grève. Fait rarissime, des enseignants d'universités pourtant marquées à droite, comme Dauphine ou Assas, ont également fait grève. A l'origine de ce mouvement social inattendu, la volonté du gouvernement de réformer l'enseignement supérieur en donnant plus de pouvoir aux présidents d'université. L'objectif est de mieux contrôler le travail des enseignants-chercheurs qui se verraient attribuer davantage d'heures d'enseignement si leur rythme de publication de travaux scientifiques n'était pas suffisant.
Pour comprendre pourquoi le mouvement prend de l'ampleur, il faut revenir au point de départ de la réforme. Le 22 janvier 2009, Nicolas Sarkozy fait un discours à l'occasion du "lancement de la réflexion pour une Stratégie Nationale de Recherche et d'Innovation". Celui-ci s'inscrit dans la longue série des voeux du mois de janvier durant laquelle le président de la République a prononcé plus d'une vingtaine d'allocution.
Fidèle à lui-même, Nicolas Sarkozy va tenir un discours sans langue de bois et sans concession sur les faiblesses de la recherche en France et la nécessité de réformer l'enseignement supérieur. Mais cette fois-ci, Nicolas Sarkozy va en faire un peu trop, multipliant les remarques désobligeantes à l'égard de la communauté scientifique. Ce discours, largement passé inaperçu dans les médias comme le note Arrêt Sur Images, a connu une seconde vie sur le net. Plusieurs montages ont été mis en ligne, dont l'un a été visionné plus de 200 000 fois :
Les mots employés par Nicolas Sarkozy sont très durs. Il a qualifié la recherche en France de "médiocre" ayant un système de fonctionnement "infantilisant et paralysant" où les organismes "gaspillent temps et argent". Il s'en est pris également à l'évaluation des enseignants-chercheurs non sans ironie : "Nulle part dans les grands pays, sauf chez nous, on n'observe que des organismes de recherche sont à la fois acteurs et évaluateurs de leur propre action. Je vois que cela peut être confortable. Je pourrais en tirer quelques conclusions pour moi-même. C'est un système assez génial d'ailleurs, celui qui agit est en même temps celui qui s'évalue".
Largement ignoré des grands médias, ce discours a mis le feu au poudre au sein d'une communauté d'enseignants-chercheurs qui s'est sentie humiliée. Face à la mobilisation qui prend de l'ampleur, la ministre de la Recherche et de l'enseignement supérieur, Valérie Pécresse, a déjà annoncé que le décret qui posait problème serait réécrit. Insuffisant, selon les syndicats qui souhaitent le retrait pur et simple de la réforme. Le bras de fer ne fait que commencer.
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