breve · 15 fév. 2009 à 18:47
La crise que traverse la presse française est d'abord économique. A l'exception de quelques titres, comme le Canard Enchaîné, tous les journaux papiers sont déficitaires. Le journal Le Monde enregistre un déficit de plusieurs millions d'euros en 2008 (de 4,7 millions à 36 millions d'euros, les chiffres varient selon les sources). Le journal Le Figaro a perdu 6 millions d'euros en 2008 et 8 millions d'euros en 2007. Le journal Libération enregistre un déficit d'environ 1 million d'euros en 2008, après un déficit de 4 millions d'euros en 2007 et de 13 millions d'euros en 2006. Dans un autre registre, le site d'information Bakchich.info qui vit essentiellement de la publicité (avec une partie payante pour les Off et l'hebdo en PDF) cherche toujours l'équilibre : le coût de fonctionnement du site est de 60 000 euros par mois alors que Bakchich n'a que 30 000 euros de recette.
Cette crise de la presse recouvre différents aspects : crise publicitaire et baisse du nombre d'annonceurs, bouleversement d'Internet et développement de la culture du gratuit, explosion du paysage médiatique et multiplication de l'offre d'information. Le secteur est désormais très concurrentiel. Mais un dernier aspect est souvent oublié pour évoquer la crise de la presse écrite : la perte du lectorat. Au-delà des considérations économiques, il y a la question du contenu. La presse doit aussi donner envie de lire. Mais se poser la question du contenu n'est pas forcément évident car on s'enferme très rapidement dans un mode de fonctionnement sans le vouloir. On écrit, on publie et parfois, on oublie le lecteur.
C'est la question qu'on est en train de se poser à Politique.net. Nous ne sommes que deux rédacteurs, à mi-temps et nos modestes revenus dépendent du nombre de lecteurs. Si la course à l'audience n'est pas notre objectif, on peut tout de même s'interroger sur l'utilité de certains articles non lus. Par exemple, la semaine politique est censée vous résumer à la fois l'actualité politique de la semaine dans les médias et vous proposer un best of de nos articles si une information vous a échappé. Dernièrement, nous avons enrichi cet hebdo avec plusieurs rubriques (sondages, les off, l'agenda politique de la semaine suivante). Or, il se trouve que la semaine politique est autant lue que la brève la moins lue de la semaine. Faut-il continuer ? Consacrer son énergie à une rubrique délaissée par les lecteurs ? Jusqu'à présent, nous ne nous étions pas posé la question. Mais comme notre temps est limité, nous avons décidé d'assouplir notre mode de fonctionnement et d'adapter le contenu en conservant ce qui intéresse et en délaissant ce qui fonctionne moins bien.
La ligne éditoriale reste la même, une revue de presse qui insiste sur des informations passées inaperçues, des dossiers de fond pour décrypter l'actualité politique et des brèves et des vidéos dont le contenu est plus léger, car la politique est aussi faite de légèreté. Mais désormais, nous tâcherons de nous consacrer à du contenu susceptible d'être lu, quitte à délaisser certaines rubriques moins suivies et trop formatées. Attendez-vous donc à quelques surprises. Nous ferons le point régulièrement dans cette chronique "Making Of".
Retrouvez chaque semaine notre chronique "Making of" dans notre hebdo "La Semaine Politique".