Zapping radio · 18 fév. 2009 à 15:31
Toutes les stations de radio intercalent une chronique humoristique dans leur tranche d'information. Laurent Gerra officie sur RTL, Nicolas Canteloup fait des imitations sur Europe 1 et Stéphane Guillon écrit un papier humoristique du lundi au mercredi sur France Inter.
Mardi 17 février 2009, France Inter reçoit le président du FMI, Dominique Strauss-Kahn. Quelques minutes avant son interview, Stéphane Guillon est à l'antenne pour son billet quotidien. L'humoriste va alors ironiser sur la relation extraconjugale qu'a eue DSK à Washington et sur la réputation sulfureuse du président du FMI. Humour ou dérapage ? Stéphane Guillon ne fait pas dans la demi-mesure, il décrit notamment les mesures de protection du personnel féminin adoptées à France Inter avant la venue de DSK :
Dominique Strauss-Kahn n'a pas aimé le billet de Stéphane Guillon et il l'a fait savoir à l'antenne :
"J'ai assez peu apprécié les commentaires de votre humoriste. Les responsables politiques ou les responsables d'action publique comme moi ont le droit même le devoir sans doute d'être critiqué par des humoristes. Mais l'humour, c'est pas drôle quand c'est principalement de la méchanceté".
Dans l'édition spéciale de Canal +, le directeur délégué de France Inter, Frédéric Schlesinger, explique qu'il s'est excusé :
"Sa réaction [en parlant de DSK], c'est de dire qu'il avait été blessé parce qu'il avait trouvé le papier blessant. Je lui ai présenté, au nom de France Inter, nos excuses, et je lui ai rappelé la liberté de cet exercice (...) Il n'y a strictement aucune diffamation, c'est une caricature, c'est un papier humoristique".
Invité à réagir à propos des excuses présentées par France Inter, Stéphane Guillon s'étonne du double discours du directeur délégué de la station :
"Ca me surprend toujours parce que Schlesinger vient de m'envoyer à l'instant, il y a 10 minutes, une caisse de champagne à la maison avec "bravo, continue". Encore une fois, je ne sais pas top sur quel pied dansé".
France Inter s'est donc excusée auprès de DSK mais a envoyé une caisse de champagne à Guillon. Tout est dit. Les radios ont besoin de cette touche d'impertinence pour attirer des auditeurs. Et en l'occurrence, comme le souligne Daniel Schneidermann dans sa chronique sur @si, "Il ne faut pas s'étonner de l'impunité dont bénéficient ces dérapages. Si davantage de journalistes sérieux, lors de la nomination de DSK au FMI, avaient, comme Jean Quatremer sur son blog, soulevé le problème que risquait de poser son domjuanisme compulsif dans une grande institution anglo-saxonne, alors on n'aurait pas besoin du défouloir Guillon".
En répondant publiquement à Stéphane Guillon, DSK a relancé le débat sur son affaire et sur la liberté d'expression. Pas sûr que c'était le but recherché.
Quant à France Inter, les fausses excuses n'entament en rien l'impertinence de Stéphane Guillon. Le lendemain du courroux de DSK, l'humoriste en a remis une couche avant de s'en prendre à Martine Aubry, l'invitée du jour.
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Interviewé par Libération, Stéphane Guillon a avoué qu'il n'avait pas reçu de bouteilles de champagne. Il l'a dit parce que son boulot, "c'est de foutre le souk". En revanche, il confirme que France Inter le soutient.