Revue de presse · 23 fév. 2009 à 20:40
Après un rapide séjour en Guadeloupe, Ségolène Royal va se rendre au salon de l'agriculture cette semaine. Depuis le début de l'année, l'ex-candidate à la présidentielle multiplie les sorties médiatiques. Un livre en début d'année intitulé "Femme debout", une université populaire de Désirs d'avenir au printemps, la préparation d'une nouvelle "fête de la fraternité", Ségolène Royal est partout. Au sein du PS, ses partisans ont créé leur courant et espèrent intégrer la direction du parti. A la fois à l'extérieur et à l'intérieur du PS, Ségolène Royal veut être incontournable pour la présidentielle de 2012. Mais au sein de son propre courant, les stratégies divergent. Et Vincent Peillon ne cache plus ses ambitions.
- Les Echos : Les partisans de Ségolène Royal vont entrer à la direction du PS
- Le JDD : Les royalistes reviennent au bercail
- Le Figaro : Royal soulève une polémique en s'invitant en Guadeloupe
- L'Express : Les ambitions de M. Peillon
Jusqu'à présent, Ségolène Royal s'était refusée à constituer son propre courant au sein du Parti Socialiste. Cherchant à se placer systématiquement au-dessus des querelles internes et des luttes de clan, Ségolène Royal avait rassemblé ses troupes à l'extérieur du PS en créant Désirs d'avenir. Mais la situation a changé à l'issue du congrès de Reims. En obtenant environ 50% des suffrages sur son nom, Ségolène Royal a montré que la moitié des militants étaient prêts à la soutenir. Ayant reçu le soutien de plusieurs responsables politiques socialistes (Vincent Peillon, Manuel Valls, Gérard Collomb et les grands élus), Ségolène Royal s'est résignée à créer son propre courant. Lancé le 1er février 2009, le courant "L'espoir à gauche" réunit tous les partisans de Ségolène Royal qui ont soutenu sa motion. Il entend peser au sein du PS.
La première illustration de l'efficacité de "l'espoir à gauche" est la prochaine entrée de partisans de Ségolène Royal dans la direction du PS. Dans un premier temps, les "Royalistes" avaient refusé de faire partie de l'équipe de Martine Aubry, celle-ci rejetant leur revendication d'obtenir la moitié des postes. Deux mois après la mise en place de la nouvelle direction, les négociations vont aboutir. Une nouvelle direction élargie aux partisans de Ségolène Royal va être nommée. Le courant de l'ex-candidat à la présidentielle montre ainsi sa volonté de participer activement à la rénovation du parti.
Parallèlement à la structuration de son courant au sein du PS, Ségolène Royal continue sa stratégie de contournement du parti en renforçant "Désirs d'avenir" et en continuant à multiplier les sorties médiatiques, indépendamment de la communication du PS. Martine Aubry est la première secrétaire, la rue de Solferino a repris le contrôle de la parole socialiste dans les médias. Mais Ségolène Royal continue à se singulariser. Elle a annoncé la tenue au printemps d'une nouvelle "fête de la fraternité" après son show au Zénith en septembre dernier. Son déplacement en Guadeloupe, le jour des obsèques du syndicaliste assassiné, illustre sa stratégie d'autonomie qui agace certains responsables socialistes. En appelant le Premier ministre à se rendre sur place, sous peine de laisser une situation empirée, comme "sous la Révolution française", Ségolène Royal tente de récupérer le mouvement de contestation. Comme à chaque fois, c'est à "titre personnel" qu'elle s'exprime, laissant à Martine Aubry le soin de défendre la ligne officielle du PS.
Il existe deux clans au sein des partisans de Ségolène Royal : les fidèles de la présidentielle de 2007 (Jean-Louis Bianco, François Rebsamen, Aurélie Filippetti) et les ralliés du congrès de Reims de 2008 (Vincent Peillon, Manuel Valls et les élus locaux comme Gérard Collomb). Au sein de ce groupe hétéroclite, deux stratégies se mettent en place en parallèle : le développement de réseaux extérieurs au PS avec Désirs d'avenir, le développement d'un courant interne et la participation à la direction du PS. Avec 50% des voix lors du vote pour désigner le Premier secrétaire du PS, Ségolène Royal se devait de structurer ses partisans au sein du parti. Toutefois, elle n'a pas renoncé à sa stratégie d'autonomie.
Prise entre ses deux stratégies, Ségolène Royal se retrouve donc dans une situation paradoxale. Elle souhaite à la fois participer à la vie interne du PS sans s'y impliquer personnellement et continuer à être autonome. Hasard du calendrier, elle n'était pas présente lors du lancement de son propre courant "L'espoir à gauche" le 1er février, ayant fait le choix de se rendre au Forum social mondial au Brésil.
En laissant le soin à ses partisans de structurer son courant au PS sans s'impliquer personnellement, Ségolène Royal laisse le champ libre à Vincent Peillon. Celui qui devait être le numéro 2 du PS si Ségolène Royal avait gagné le congrès de Reims, a été chargé d'organiser le courant "royaliste" au sein du PS. Figure de proue de "l'espoir à gauche", Vincent Peillon n'est pourtant pas un "royaliste" historique. Il a rejoint Ségolène Royal pour le congrès de Reims mais il ne faisait pas partie du premier cercle de l'ex-candidate à la présidentielle en 2007.
Quelques jours après l'échec du congrès, Vincent Peillon s'était déjà agacé du message de Ségolène Royal appelant ses partisans à préparer l'élection présidentielle de 2012. Interrogé sur Europe 1 le 27 novembre 2008, Vincent Peillon avait souhaité une stratégie différente de celle de la présidente de la région Poitou-Charentes : "l'objet des dix jours qui viennent et des mois qui viennent ce n'est pas 2012, c'est d'abord de rassembler le Parti socialiste, de lui donner une cohérence et, si nous le pouvons, d'accomplir sa rénovation".
Deux mois plus tard, Vincent Peillon a lancé "L'espoir à gauche" et rassemblé tous ceux qui ont soutenu la motion défendue par Ségolène Royal. Mais il ne cache plus ses ambitions. Dans le cadre d'un portrait réalisé par l'Express, Vincent Peillon et ses proches affichent des ambitions qui pourraient gêner Ségolène Royal : "Vincent prépare la présidentielle de 2012, c'est net et précis. De retour d'un meeting pour les européennes, dans les Yvelines, en ce jeudi soir de février, l'intéressé botte mollement en touche: 'Je ne veux pas rallonger la liste des prétendants, bien trop nombreux.' La voiture file sur l'autoroute. On aperçoit, au loin, la tour Eiffel avec ses nuées de loupiotes. Il ajoute: 'Je n'exclus rien. On verra en 2011. Aujourd'hui, je suis candidat au travail pour donner à la gauche les outils afin qu'elle revienne durablement au pouvoir'".
Vincent Peillon n'exclut rien. Il anime le courant de Ségolène Royal au sein du PS mais pourrait être candidat à la présidentielle 2012. Dans ce cas de figure, Ségolène Royal n'est-elle pas en train de perdre le contrôle de son propre courant au PS ?
- Ecartée du Parti Socialiste lors du congrès de Reims, Ségolène Royal va préparer 2012
- Ségolène Royal n'a toujours pas digéré la victoire de Martine Aubry
- La stratégie présidentielle de Ségolène Royal gêne déjà Vincent Peillon
- Martine Aubry a demandé à Ségolène Royal de rembourser l'indemnité de 60 000 euros versés à Flammarion
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