François Pérol, portrait du conseiller de Nicolas Sarkozy devenu directeur de banque

Enquête · 26 fév. 2009 à 13:21

François Pérol

Depuis l'annonce de la fusion des Caisses d'épargne et des Banques populaires, la polémique ne cesse d'enfler. L'Etat va prendre 20% du capital de ce qui deviendra la deuxième banque du pays et l'Elysée vient de nommer à sa tête l'un des plus proches conseillers de Nicolas Sarkozy. Plutôt discret jusqu'à présent, François Pérol se retrouve aujourd'hui au coeur de la polémique.


Portrait d'un conseiller qui passe de l'ombre à la lumière.

Origines et formation

François Pérol est né le 6 novembre 1963 au Creusot en Bourgogne au sein d'une famille nombreuse. Son père est médecin et ses enfants, hormis François Pérol, suivent le même plan de carrière. François Pérol préfère se lancer dans des études commerciales. Il intègre l'Ecole des hautes études commerciales (HEC) puis l'Institut d'études politiques (IEP). Enfin, il entre à l'Ecole nationale d'administration (Ena). Il sort major de sa promotion.

Haut fonctionnaire au Trésor

François Pérol commence sa carrière en tant qu'inspecteur des finances en 1990. Il devient ensuite chef du bureau des marchés financiers à la direction du Trésor du ministère de l'Economie et des finances. Enfin, il est nommé sous-directeur du financement et développement des entreprises (2001-2002) à la Direction du Trésor. C'est à cette époque qu'il fait la connaissance de Xavier Muscat. Ensemble, ils travaillent sur différents dossiers.

Directeur adjoint de cabinet de Francis Mer puis de Nicolas Sarkozy (2002-2004)

En 2002, Xavier Musca est nommé directeur du cabinet de Francis Mer. Il propose alors à François Pérol de le rejoindre à Bercy en tant que directeur adjoint. Quand Nicolas Sarkozy est nommé ministre des Finances deux ans plus tard, il décide de conserver la direction du cabinet à ses côtés. Ensemble, ils travaillent sur différents dossiers comme le sauvetage d'Alstom, en grande difficulté au moment où il a été coté en bourse.

Associé-gérant de Rothschild & Cie Banque

Pendant un temps, il quitte la fonction publique pour se lancer dans une carrière privée : il devient Associé-gérant de Rothschild & Cie Banque. Pendant deux ans, il se tient éloigné de la politique financière. Pourtant, quand Nicolas Sarkozy est élu président de la République, il pense aussitôt à François Pérol pour entrer dans son équipe. Il le contacte donc à la veille de sa victoire pour lui proposer le poste de secrétaire général adjoint de l'Elysée. Malgré un salaire bien moins intéressant que celui qu'il perçoit chez Rothschild, il accepte. Selon L'Express, il aurait touché près de 200 000 € par mois dans cette banque d'affaires.

Secrétaire général adjoint de l'Elysée auprès de Nicolas Sarkozy (2007)

François Pérol est donc nommé secrétaire général adjoint de l'Elysée en mai 2007 et devient ainsi l'un des plus proches conseillers de Nicolas Sarkozy. En période de crise, il a notamment travaillé sur le soutien à l'industrie automobile et la fusion entre les Caisses d'épargne et Banques populaires.
François Pérol voit grand : il ne souhaite pas faire de petites économies pour essayer d'équilibrer le budget de la France, il pense à des projets beaucoup plus ambitieux. Ainsi, des idées comme celle que Nicolas Sarkozy a proposées quelques mois après son arrivée à l'Elysée sur la suppression de la carte famille nombreuse de la SNCF n'a pas, selon lui, d'intérêt. D'ailleurs, cette proposition a vite été oubliée. Le conseiller économique préfère de grandes réformes de structure aux petites économies.
Pragmatique, il fait preuve d'une certaine souplesse. Par exemple, il a accepté la proposition de Martin Hirsch concernant le financement du RSA car il permet une hausse de la taxation du capital.
A l'Elysée, il forme un duo antithétique voire complémentaire selon les interprétations qu'en font Le Monde ou L'Express avec Henry Guaino, le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy. Le premier préfère une économie de marché tandis que le second préfère une politique étatique. Ils ne partagent pas le même point de vue ni la même analyse sur un certain nombre de dossiers comme le devenir de GDF, la politique monétaire européenne...

Directeur de la future deuxième banque française (2009)

Le 26 février 2009, François Pérol est nommé directeur de la deuxième banque de France, banque issue de la fusion entre les Caisses d'Epargne et les Banques Populaires. Ces deux groupes bancaires connaissent de graves problèmes financiers. François Pérol est chargé de rétablir un équilibre. Pour sortir de la crise, elles reçoivent entre 2,5 et 5 milliards d'euros de prêts au titre de la deuxième tranche d'aides aux banques versées par l'Etat. En échange, l'Etat devient actionnaire à 20% du capital de cette nouvelle banque.

Malgré le tollé de cette nomination, Nicolas Sarkozy ne souhaite pas revenir sur son choix. A moins que la commission de déontologie exprime son désaccord, comme le laisse entendre un mail de son président.

*** Liens

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- Qui va payer les 360 milliards d'euros du plan de sauvetage des banques ?
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