Revue de presse · 27 fév. 2009 à 06:32
Nous vous en parlions le 26 février 2008. C'était une information étonnante, présente en filigrane dans de nombreux articles de presse, qui était passée complètement inaperçue. Lorsque François Fillon a annoncé que les ministres seraient évalués en fonction de leurs résultats, il ne faisait qu'appliquer ce que Nicolas Sarkozy avait promis : les ministres devront rendre des comptes. Dans cette optique, les lettres de mission qui fixent les objectifs de chaque ministère servent de base de travail pour évaluer les ministres. Sauf que sur 31 membres du gouvernement, seulement 10 ministres avaient reçu une lettre de mission...
En pleine polémique sur l'évaluation des ministres dont certains critères avaient beaucoup dérouté les observateurs (nombre d'entrées dans les musées pour la ministre de la culture par exemple), de nombreux journaux avaient tenté d'évaluer le travail des ministres. Pour y parvenir, la plupart des dossiers étaient construits en fonction des promesses de campagne du candidat Sarkozy. Avec cette méthode, l'évaluation est approximative mais possible.
Dans son édition du 14 février 2008, l'hebdomadaire "Le Nouvel Economiste" était allé plus loin dans l'analyse en comparant point par point les objectifs de chaque ministère. Le dossier était construit de la manière suivante : il y avait un tableau à deux colonnes pour chaque ministre, avec à gauche les objectifs et à droite l'analyse des résultats. Mais le travail de chaque ministre n'avait pas pu être évalué de la même manière. L'hebdomadaire avait publié pour certains les lettres de mission censés définir les objectifs, mais pour d'autres, il ne s'agissait que des "promesses" de campagne. Cette nuance avait une explication toute simple : 21 ministres n'avaient jamais reçu leur lettre de mission.
Les journaux qui avaient souhaité évaluer les ministres s'en étaient rendus compte au cours de leur enquête mais sans insister sur cette information. C'est Le Canard Enchaîné, dans son édition du 20 février 2008, qui lâchait explicitement l'information : 21 membres du gouvernement Fillon n'avaient toujours pas reçu leur lettre de mission censée définir leurs objectifs. Et parmi ces 21 membres, il n'y avait pas que les secrétaires d'Etat qui avaient été oubliés : Rachida Dati (justice), Hervé Morin (défense), Jean-Louis Borloo (écologie), Christine Boutin (logement), Roselyne Bachelot (santé et sports), Eric Besson (évaluation). Aucun de ces ministres n'a reçu de lettre de mission.
33 semaines après leur entrée en fonction, plus de la moitié du gouvernement Fillon n'avait donc aucun ordre de mission. Or, comment évaluer des ministres qui n'ont même pas reçu leur feuille de route expliquant les objectifs qu'ils doivent atteindre ?
Un an après, l'évaluation des ministres n'est plus vraiment d'actualité. En septembre 2008, François Fillon a reçu les ministres un par un. Mais il n'était plus question d'évaluation. Le Point racontait à l'époque comment "l'évaluation des ministres" était devenue un simple "point d'étape". Gadget médiatique, l'évaluation des ministres n'a donc plus aucun sens aujourd'hui, tant les ministres semblent affaiblis par la pratique du pouvoir de Nicolas Sarkozy. Dans un article intitulé "Ministères amers" et publié le 19 février 2009, l'Express raconte comment le chef de l'Etat use ses ministres en leur retirant toute marge d'action et en les discréditant à force de les contredire et de nommer des médiateurs pour les seconder. Certains pourront toujours dire qu'ils n'ont jamais reçu leurs lettres de mission...
Retrouvez chaque semaine notre rubrique "Il y a un an" dans notre hebdo "La Semaine Politique".
- Bulletin de notes de ministres : une évaluation biaisée
- Notation des ministres : les bons et les mauvais élèves
- Portrait des inconnus du gouvernement Fillon
- Evaluation des ministres : combien ont coûté les services du cabinet d'audit privé ?
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Quiz : Quels responsables politiques étaient pressentis pour entrer dans le gouvernement Fillon I ?