Le Canard enchaîné · 5 mar. 2009 à 19:11
Ce qui était une mauvaise blague vire à la polémique sur l'indépendance des médias. Dans leur matinale consacrée à l'information, toutes les stations de radio généralistes incluent une chronique humoristique. Sur France Inter, c'est Stéphane Guillon qui est à l'antenne du lundi au mercredi.
Mardi 17 février 2009, France Inter recevait le président du FMI, Dominique Strauss-Kahn. Quelques minutes avant son interview, Stéphane Guillon est à l'antenne pour son billet quotidien. L'humoriste a alors ironisé sur la relation extraconjugale qu'a eue DSK à Washington et sur la réputation sulfureuse du président du FMI. DSK a peu apprécié ce billet d'humour et s'est plaint de la méchanceté de Stéphane Guillon sur l'antenne de France Inter.
La polémique rebondit depuis que le président de la République a laissé entendre qu'il pourrait ne pas reconduire Jean-Paul Cluzel à la tête de Radio-France, notamment à cause des chroniques déplacées de Stéphane Guillon. C'est ce que révèle le Canard Enchaîné dans son édition du 4 mars 2009 : "Sarko [lui] reproche notamment les chroniques de Stéphane Guillon, chaque matin sur France Inter : "C'est injurieux, c'est vulgaire, c'est méchant. Vous vous rendez compte de ce qu'il a dit, à l'heure de la plus grande écoute, sur la vie privée de Strauss-Kahn ou sur le physique de Martine Aubry. Mais dans quel pays vit-on ?". C'est ce que Nicolas Sarkozy aurait déclaré devant ses conseillers le 27 février 2009. (Lire notre article sur les méthodes du Canard Enchaîné pour obtenir ces propos rapportés).
Les chroniques de Stéphane Guillon ne sont pas les seuls griefs que fait le président de la République à l'encontre du PDG de Radio France. Il lui reproche également d'avoir posé torse-nu dans un calendrier gay. (L'information avait été révélée par le Petit Journal de Canal + et reprise par plusieurs médias, dont Arrêt Sur Images).
Selon le Canard Enchaîné, le président aurait peu apprécié que le PDG de France Inter se livre à ce type d'exercice : "Ce n'est pas digne d'un patron de service public. Ce type est fou. Il se croit tout permis. Sa vie privée, c'est sa vie privée. Il en fait ce qu'il veut, mais il n'a pas à s'afficher comme ça" a-t-il notamment déclaré.
Dès la parution de l'article, le PDG de Radio France a publié un communiqué adressé à ses salariés et à la presse. Libération l'a notamment publié : "Il écrit avoir pris connaissance avec stupéfaction de l'article du Canard enchaîné daté du 4 mars le concernant.[Et] il tient à marquer qu'il ne peut accorder le moindre crédit à des affirmations prétendument rapportées qui porteraient si gravement atteinte à son intégrité, à son honneur et à ceux des personnels de Radio France".
Quoi qu'il en soit, cette polémique illustre l'ambiguïté de Nicolas Sarkozy à propos des nominations. Pendant la campagne présidentielle, il s'était engagé à mieux encadrer la politique de nomination des patrons des entreprises publiques. Mais depuis son élection, cette question n'est plus d'actualité et les nominations partisanes sont restées la règle comme l'illustre la polémique sur la nomination du PDG de France Télévisions ou celle du conseiller de Nicolas Sarkozy à la tête de la deuxième banque du pays.
Page Lue dans le Canard Enchaîné du 04 mars 2009
Page Lue dans Libération
Page Vue sur ArrêtSurImages.net
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