Vidéos · 10 mar. 2009 à 19:34
Les fraudes internes au Parti Socialiste étaient un secret de polichinelle. Depuis des années, des irrégularités étaient constatées dans de nombreuses fédérations. Un mois avant le congrès de Reims, la direction du PS avait même envoyé une circulaire pour tenter de limiter les fraudes. La faiblesse de l'écart entre Martine Aubry et Ségolène Royal, la contestation des chiffres, le recensement des fraudes, la menace de recours en justice ont montré l'incapacité de la direction nationale du PS à contrôler ses propres fédérations.
A l'occasion d'un débat organisé par l'association "Dauphine Discussion Debat ", nous avons demandé à François Hollande pourquoi, en tant que Premier secrétaire du PS, il avait été incapable de contrôler ses propres fédérations alors que toutes les fraudes étaient connues depuis des années.
Sa réponse est surprenante. Il ne nie pas les fraudes et explique que le PS ne peut sortir de cette difficulté qu'en élargissant sa base. Autrement dit, plus il y aura de votants et moins les fraudes auront un impact sur le scrutin. Il sous-entend ainsi qu'il est impossible d'éviter les fraudes, la seule solution étant de les neutraliser par un vote massif :
Le constat que nous avons fait est sévère pour le Parti Socialiste et pour François Hollande en particulier. Pour répondre à ces critiques, l'ancien Premier secrétaire a d'abord botté en touche, estimant que notre constat n'était pas fidèle à la réalité. Comme nous n'avons fait que retracer fidèlement la chronologie des faits, voici quelques précisions :
1. A propos des fraudes : chantages, bourrage des urnes, urnes itinérantes et adhérents fantômes
Contrairement à ce que dit François Hollande, il y a bien des cas d'adhérents fantômes. Par exemple, la fédération du Pas-de-Calais compte officiellement 15 000 adhérents. Mais ce chiffre est faux, et la direction nationale du parti le sait. Un responsable socialiste a d'ailleurs expliqué au Point comment la fédération du Pas-de-Calais faisait pour truquer ses chiffres : "En fait, la fédé du Pas-de-Calais édite ses propres cartes ou les commande par paquets entiers à Solferino, sans aucune justification". Il suffit après pour la direction locale d'inscrire de faux noms pour gonfler les chiffres de ses militants.
2. A propos de la circulaire : les morts et les non-adhérents votaient aussi
Fin octobre 2008, le Premier secrétaire du PS, François Hollande, a envoyé à toutes les fédérations départementales du PS une copie de la circulaire 1365, dite "anti-fraude". Dans ce document de 7 pages, la direction sortante édictait un certain nombre de règles à respecter. Par exemple, dans la circulaire 1365, il est précisé que seul le votant sera habilité à émarger et signer le registre. Sous-entendu, lors des précédents scrutins, il arrivait qu'une personne signe pour tous les membres de sa famille membre du PS. Dans certaines fédérations, les "morts" pouvaient même émarger.
3. A propos de la commission de récolement : Moscovici reconnaît la mascarade
"Il fallait prendre acte du résultat, politique, de la commission de récolement, qui a conventionnellement donné 102 voix d'avance à Martine Aubry. Le vote du 21 novembre restera pour toujours entaché d'un soupçon, mais le Conseil national devait prendre ses responsabilités". En clair, la décision de la victoire a été politique, mais le chiffre de 102 voix est fictif.
4. A propos de la défaite de Ségolène Royal : l'ex-candidate pense avoir fait 50% et sans doute un peu plus
Pour minimiser les fraudes, François Hollande explique que les résultats n'ont pas été contestés très longtemps et que Ségolène Royal a vite reconnu sa défaite. Ce n'est pas tout à fait exact, puisque l'ex-candidate a cédé tout en expliquant à chaque interview qu'elle avait obtenu 50% des voix et un peu plus. En l'occurrence, si le PS avait considéré qu'elle avait obtenu un peu plus de 50% des voix, elle serait actuellement Première secrétaire du PS.
Note de bas de page : Il y a des fraudes au Parti Socialiste, mais ce n'est pas forcément mieux ailleurs. Les votes électroniques de l'UMP sont également entachés d'irrégularités.
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