Revue de presse · 15 mar. 2009 à 20:02
Cette semaine, l'annonce de la suppression de 555 postes chez TOTAL, alors que le groupe a réalisé en 2008 les bénéfices les plus élevés de l'histoire pour une entreprise française, a suscité une vive polémique. Le secrétaire d'Etat à l'emploi, Laurent Wauquiez, s'est indigné. Face au tollé de cette annonce, le secrétaire général de Total, Jean-Jacques Guilbaud, s'est exprimé sur RTL et a démenti tout licenciement et rappelé que le groupe allait créer des emplois en 2009, 2010, 2011. Le Premier ministre, François Fillon, a pris la défense du groupe TOTAL, "une des plus belles entreprises françaises".
Retour sur le feuilleton de la semaine et le match Fillon / Wauquiez.
Tout commence le mardi 10 mars 2009. A l'issue d'un comité central d'entreprise chez TOTAL, la CGT a annoncé que le groupe allait supprimer plus de 550 suppressions de postes. La dépêche AFP est sans ambiguïté : "La direction de Total a annoncé mardi la suppression de 249 postes dans le raffinage d'ici 2013, dont 199 à la raffinerie de Gonfreville (Seine-Maritime), a indiqué la CGT en marge d'un comité central d'entreprise. Le siège à La Défense (Hauts-de-Seine) doit perdre 50 postes. (...) Mais dans ce plan de sauvegarde de l'emploi (PSE ou plan social), "aucun licenciement" sec n'est envisagé, "sous réserve de la mobilité géographique des salariés", a précisé le syndicat dans un communiqué. Un dispositif de "dispense d'activité" pour les salariés à trois ans de la retraite est prévu".
Dès la première dépêche AFP, on a apprend donc qu'il y a des suppressions de postes mais pas de licenciements, seulement des départs volontaires, des préretraites ou des reclassements dans un autre département du groupe.
Quelques heures après l'annonce de TOTAL, le secrétaire d'Etat à l'Emploi, Laurent Wauquiez, crie au scandale : "En cette période de crise, beaucoup d'entreprises sont dans des situations dures, ne font plus de bénéfices, ont des chiffres d'affaires dégradés et font pour autant tous les efforts possibles pour garder leurs salariés, notamment dans les PME. Qu'un groupe comme Total, qui fait plusieurs milliards de bénéfices, ne soit pas capable dans cette période d'avoir un comportement exemplaire en termes d'emploi me reste en travers de la gorge", a lancé Laurent Wauquiez. Pour le secrétaire d'État à l'emploi, "Total ferait mieux pour son image d'essayer d'avoir un comportement exemplaire en disant : En cette période de crise, on garde tout le monde, on ne fait pas de suppressions d'emplois. Ils feraient mieux de corriger leur comportement rapidement." (Le Point)
Suite au début de polémique, le groupe TOTAL a contre-attaqué en deux temps. Dès le mardi 10 mars 2009, un communiqué est mis en ligne sur le site du groupe : "Dans un contexte économique difficile, Total continue à préparer l'avenir : la poursuite de la modernisation de son outil industriel demeure l'une de ses priorités. Le Groupe a ainsi prévu d'investir plus d'un milliard d'euros dans ses activités raffinage, pétrochimie et solaire en France. Les investissements envisagés généreront plus de 1 000 emplois par an en moyenne, entre 2009 et 2011, ce qui aura un impact important sur l'activité économique et l'emploi des régions concernées. (...) Les projets de la branche Raffinage Marketing et de Total Petrochemicals France ont été présentés aujourd'hui aux Comités centraux d'entreprise (CCE) concernés. Ils ne prévoient aucun licenciement et se traduiront par un ajustement progressif des effectifs, moins 555 postes, sur une période de plus de trois ans, s'achevant courant 2013, grâce à des reclassements internes, des départs à la retraite, des préretraites maison et un dispositif de dispense d'activité".
Le lendemain, le secrétaire général de Total, Jean-Jacques Guilbaud, reprend sur RTL l'argument des créations de postes : près de 1000 emplois par an jusqu'en 2011.
Vendredi 13 mars 2009, François Fillon s'en mêle en apportant son soutien à TOTAL comme l'a relevé l'AFP : "Le Premier ministre a pris le contre-pied de son secrétaire d'Etat à l'emploi Laurent Wauquiez qui s'était dit "scandalisé" par cette annonce et avait demandé un "geste" à l'entreprise pour "l'apprentissage et l'emploi des jeunes". François Fillon, qui s'exprimait à Anneyron (Drôme) lors d'un déplacement sur le thème du financement des entreprises, a affirmé ne pas faire "partie de ceux qui se livrent au sport national qui consiste à dénigrer une des plus belles entreprises françaises, une de celles qui investit le plus, une de celles qui crée le plus d'emplois et une de celles qui rapportent le plus de richesses à la France. J'ai regardé de très près les décisions qui ont été a annoncées, assez maladroitement il faut le dire, par la direction de Total", a-t-il poursuivi. "Qu'est-ce que je constate? Qu'il n'y a aucun licenciement, que Total va créer plus d'emplois qu'il n'en supprime en France".
Laurent Wauquiez s'est indigné, François Fillon a taclé son secrétaire d'Etat deux jours plus tard. Dans les deux cas, ce sont des postures. Mais lequel des deux a raison ? TOTAL va-t-il créer des postes ou en supprimer ? Si les 550 postes vont bien être supprimés, il n'y aura pas de licenciement imposé. En outre, le groupe va davantage créer d'emplois qu'il va en supprimer.
Dans cette affaire, la communication de TOTAL a été calamiteuse du début à la fin puisque dans sa contre-attaque, le groupe TOTAL a gonflé les chiffres de ses embauches en mélangeant les créations d'emplois de son groupe et celles de ses fournisseurs.
Ce cafouillage a notamment intrigué Arrêt Sur Images : "D'après les précisions apportées par la direction de la communication de Total à @si, les 1 000 emplois par an évoqués par le secrétaire général sur RTL sont bien, en effet, des emplois "générés" chez des fournisseurs de Total, par les investissements du groupe. Lequel groupe, lui, va tout de même recruter 1 800 personnes en France en 2009. Si c'est le cas, pourquoi ne pas l'avoir dit de cette manière ? Incompétence, ou tentative de manipulation ?"
Comme toujours, ce type d'affaires s'avère souvent plus compliqué que l'information donnée au départ. Entre les postures des uns et des autres, les additions approximatives, les soupçons de manipulation et les récupérations partisanes, l'information se brouille et devient presque illisible. Le réflexe du citoyen lambda est alors de rester souvent sur l'information d'origine : TOTAL va supprimer 550 postes alors que le groupe a réalisé 14 milliards de bénéfice en 2008.
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