Revue de presse · 20 mar. 2009 à 15:32
L'un est secrétaire général depuis janvier 2009. L'autre est porte-parole de l'UMP depuis mars 2008. Tous deux sont très différents. Proches du chef de l'Etat, ils n'ont pas les mêmes objectifs mais sont condamnés à s'entendre. Depuis deux mois, une cohabitation a débuté à l'UMP. La presse s'en fait l'écho très régulièrement. Curieusement ce n'est pas le mieux placé qui est en train de prendre l'avantage sur l'autre. Dans l'organigramme de l'UMP, Xavier Bertrand est au sommet, Frédéric Lefebvre n'est que porte-parole. Mais l'ancien ministre du travail, premier ministrable, peine à exister médiatiquement face à un porte-parole omniprésent.
La cohabitation ne fait que commencer.
Xavier Bertrand a accepté de quitter son ministère pour prendre la direction de l'UMP en janvier dernier. Après la gestion calamiteuse de l'UMP par Patrick Devedjian, Nicolas Sarkozy avait besoin d'un vrai pilote à la tête du parti majoritaire. Xavier Bertrand a accepté de jouer ce rôle pour préparer la campagne présidentielle de 2012 et se positionner en tant que Premier ministrable. "XB" comme il se fait appeler par ses collaborateurs n'est plus ministre mais il fait comme si. Le Monde lui avait consacré un portrait en février dernier : "BlackBerry dans une main, pour suivre le fil des dépêches. iPhone à l'oreille, pour répondre aux interviews. Un officier de sécurité qui veille au confort de son patron, dans le moindre détail, la mallette remplie d'en-cas sucrés-salés, pour calmer l'appétit de " XB ", comme le surnomment ses collaborateurs. Deux chargés de communication qui se relaient pour suivre son rythme effréné. Des conseillers à ses trousses. Un chauffeur. Xavier Bertrand, le nouveau secrétaire général de l'UMP, intronisé le 24 janvier, a conservé un agenda et une logistique de ministre". Xavier Bertrand cultive donc son image d'hyperactif, comme son mentor.
Porte-parole de l'UMP depuis mars 2008, Frédéric Lefebvre s'est spécialisé dans les sorties tonitruantes afin d'allumer des contre-feux lorsque le gouvernement est en difficulté. Il multiplie ouvertement les provocations pour que ses propos soient repris dans les médias. La technique marche. Il agace la gauche mais aussi ses propres amis. Le JDD lui a consacré un long portrait dans son édition du 15 mars : "Ses déclarations ne sont ni des sommets d'intelligence ni de grands moments d'éloquence. Mais ce n'est pas ce qu'on lui demande. Il doit être la voix qui perce le brouhaha. Son territoire est l'outrance, sa méthode la provocation". Mais la force de Frédéric Lefebvre réside dans son lien étroit avec Nicolas Sarkozy. Il s'est mis à son service depuis 1993. Il prend directement ses consignes à l'Elysée si bien qu'on ne sait jamais s'il intervient pour le compte de l'UMP ou pour le compte de l'Elysée.
Depuis janvier 2009, Xavier Bertrand et Frédéric Lefebvre cohabitent. Le premier prépare l'avenir, le second gère le quotidien. Ils n'ont pas les mêmes ambitions. Xavier Bertrand rêve de Matignon. Frédéric Lefebvre assure qu'il arrêtera la politique à 50 ans, c'est-à-dire dans cinq ans. Mais les deux ne se supportent pas si l'on en croit les nombreux "indiscrets" publiés dans la presse. Dans le Canard Enchaîné du 11 mars 2009, on apprenait notamment que Xavier Bertrand avait essuyé la colère du président après que celui-ci ait appris que le secrétaire général de l'UMP avait demandé à son porte-parole de lui soumettre la nature de chacun de ses interventions dans les médias. Non seulement Frédéric Lefebvre a refusé, mais il en a informé immédiatement le président. Entre les deux, l'Elysée a tranché, comme l'a relevé le JDD : "Pour accorder sa petite musique, Lefebvre est aujourd'hui en liaison quotidienne avec l'Elysée. Mais pour engager l'UMP, il se passe de l'avis de Xavier Bertrand. "L'art d'un porte-parole, c'est de parler sans attendre qu'on vous en donne l'autorisation" rigole Franck Louvrier, le conseiller en communication du Président".
A en croire les indiscrets de l'Express et du Point du 19 mars, le secrétaire général de l'UMP est ulcéré. Dans le Point, on peut lire que "Xavier Bertrand est tellement exaspéré par les sorties de Frédéric Lefebvre qu'il regrette de ne pas avoir conditionné son arrivée à la tête de l'UMP à la suppression du poste de porte-parole. "Lefebvre me gâche le plaisir que j'ai à exercer ma tâche de secrétaire général", se lamente-t-il, frustré d'avoir dû quitter le gouvernement sans avoir même obtenu le ministère... de la parole".
Selon l'Express, la discrétion de Xavier Bertrand est tactique : "Entre eux, la tension est palpable" raconte un député nouveau venu à la direction. Face à l'autonomie du porte-parole, le secrétaire général a choisi le silence. "Bertrand attend que Lefebvre commette un faux pas", décrypte un responsable. La sortie de Lefebvre contre "les tontons macoutes du LKP" a été peu appréciée à l'Elysée".
Vu l'état de leurs relations, on voit difficilement comment cette cohabitation pourrait se poursuivre jusqu'en 2012.
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