Télévision · 12 avr. 2009 à 17:44
En visite au Sénégal, Ségolène Royal a demandé pardon pour les propos tenus par Nicolas Sarkozy en 2007 quand il avait déclaré que "l'homme africain n'était pas entré dans l'histoire". A l'époque, le discours du président de la République avait suscité un tollé dans la classe politique française et en Afrique. Depuis, Nicolas Sarkozy a rectifié le tir, en prononçant un autre discours, plus consensuel, au Cap.
Pour son retour sur sa terre natale - Ségolène Royal est née à Dakar - l'ex-candidate à la présidentielle n'a pu s'empêcher de faire un coup d'éclat, en demandant pardon pour les propos du chef de l'Etat.
Selon le Parti Socialiste, elle a visé juste. Pour l'UMP, il s'agit d'une nouvelle provocation de la part d'une ancienne candidate en mal de médiatisation.
Invité de Dimanche + sur Canal +, Xavier Darcos devait évoquer les conflits dans l'éducation nationale. Mais Anne-Sophie Lapix lui a d'abord demandé sa réaction suite aux excuses de Ségolène Royal à Dakar. Le ministre de l'Education a alors parodié la présidente de la région Poitou-Charentes :
"Puisque tout le monde parle au nom de tout le monde, moi je peux faire comme elle. Je peux dire, m'adressant par exemple aux enseignants de France : Quelqu'un est venu vous dire que vous ne travaillez pas assez, que vous devriez travailler 35 heures plutôt que de donner des cours à l'extérieur. Et bien, au nom du Parti Socialiste, chers professeurs, pardon, pardon pour ces paroles qui n'auraient pas dû être prononcées et qui n'engagent personne (...) C'est facile à faire, hein ?".
Tout sourire, Xavier Darcos était manifestement satisfait de son effet. C'est vrai, c'est drôle. Comme Ségolène Royal a corrigé le chef de l'Etat deux ans après ses propos, le ministre de l'Education a fait de même en faisant référence à la vidéo de Ségolène Royal qui avait circulé sur le net en 2006, dans laquelle la socialiste avait déclaré que les professeurs devaient travailler davantage, 35h, et arrêter de donner des cours particuliers. La vidéo avait suscité une vive polémique à l'époque, notamment parce qu'elle reposait sur une information totalement erronée : la plupart des entreprises de soutien scolaire, type Acadomia, ne travaillent pas avec des enseignants, mais avec des étudiants, comme l'a démontré trois ans plus tard le reportage d'Envoyé Spécial diffusé le 22 janvier 2009.
La réplique de Xavier Darcos est donc amusante. Mais les propos du ministre ont été beaucoup plus durs par la suite à propos des enseignants. Le ministre de l'Education a nié les problèmes et les contestations au sein de son ministère en minimisant les conflits dans le primaire et le secondaire. Puisqu'il n'y a pas de place pour deux mouvements enseignants dans les médias, les enseignants-chercheurs ont gagné la bataille médiatique contre les enseignants du primaire et du secondaire pour faire entendre leurs revendications.
Alors, pour vous rafraichir la mémoire, vous pouvez toujours lire quelques-uns des articles que nous avons déjà publiés sur le sujet :
- Education nationale : les manipulations du ministère pour supprimer des postes de profs
- Suppressions de postes dans l'éducation nationale : Xavier Darcos nous répond (vidéo)
- Quand Xavier Darcos dit que "les postes de Rased ne sont pas supprimés, mais sédentarisés", c'est faux
- Bataille de chiffres : y a-t-il 1 professeur pour 11 élèves dans le secondaire ?
- Quand Le Figaro veut démontrer qu'il y a 23 000 profs en trop
- Temps de travail, salaires : les enseignants sont-ils des privilégiés ?
_____________________________________________________
Télévision : retrouvez nos captures d'écran des émissions politiques