Télévision · 13 avr. 2009 à 19:00
Envoyé Spécial a diffusé un portrait de Xavier Bertrand le 9 avril 2009. L'émission a été suivie par 3,14 millions de téléspectateurs, un score très moyen pour l'émission de France 2.
Pendant 25 minutes, on a suivi le secrétaire général de l'UMP dans ses déplacements, sur le terrain, dans sa commune, à son bureau, avec ses collaborateurs, avec sa femme. Par principe, ce type de reportage est souvent très complaisant. Il faut être en empathie avec le sujet ou du moins ne pas risquer de le froisser pour être certain d'aller au bout des jours de tournage.
Résultat, de bien belles images d'un responsable politique proche du peuple, et des sujets soigneusement écartés.
"Un short, un maillot trop grand, des baskets (...) Xavier Bertrand participe à un petit foot entre copains, en toute simplicité. C'est le genre d'image qu'il aime à montrer, celle d'un français moyen, d'un homme ordinaire près de ces concitoyens".
"A peine élu, cet hyperactif est déjà sur les routes. Pour le voir un peu, Manu, sa seconde épouse, mère de ses jumeaux, le suit dans certains de ses déplacements".
Devant son collège, Xavier Bertrand raconte sa scolarité : "Plutôt bon élève, mais avec un principe très clair à la maison. Quand ça allait bien ou que j'étais premier, on ne me disait rien. Mais par contre, quand il m'arrivait d'être un peu moins bon ou d'être deuxième, alors oui, j'avais le droit à des remarques (...) par contre, il y a un domaine où je n'étais pas bon élève, c'était en sport".
Lecture de la presse au café. Il feuillète toute la presse. "A la fin du Parisien, je vais regarder mon horoscope tous les matins" dit-il.
Xavier Bertrand en père noël, lors de l'inauguration du marché de Noël dans sa ville de Saint-Quentin où il est maire-adjoint
Pour contrebalancer ce qui pourrait s'apparenter à un spot de l'UMP, le reportage donne aussi la parole à ses adversaires. Ainsi, le premier opposant de Xavier Bertrand à Saint Quentin déclare que c'est un homme de droite. Il peut paraître sympathique, mais il défend les positions du gouvernement et devient farouche dans la confrontation. François Chérèque dénonce la parole trahie au moment des négociations sur l'assouplissement des 35 heures.
A la fin du reportage, la journaliste qui a réalisé le documentaire, Vanessa Schneider, reconnaît que Xavier Bertrand est le spécialiste de la langue de bois, qu'il contrôle son image presque de manière obsessionnelle. Dans ces conditions, il était difficile d'obtenir plus.
Pour que Xavier Bertrand accepte d'être suivi par une caméra, on imagine bien qu'il faut faire des concessions. Pourtant, on aurait pu penser que le sujet, réalisé par une ancienne journaliste de Libération, allait être moins complaisant. Or, les questions qui fâchent ont été soigneusement évitées.
1. A l'UMP, la cohabitation entre Xavier Bertrand et Frédéric Lefebvre est à couteaux tirés
L'un est secrétaire général depuis janvier 2009. L'autre est porte-parole de l'UMP depuis mars 2008. Tous deux sont très différents. Proches du chef de l'Etat, ils n'ont pas les mêmes objectifs mais sont condamnés à s'entendre. Depuis deux mois, une cohabitation a débuté à l'UMP. La presse s'en fait l'écho très régulièrement. Curieusement ce n'est pas le mieux placé qui est en train de prendre l'avantage sur l'autre. Dans l'organigramme de l'UMP, Xavier Bertrand est au sommet, Frédéric Lefebvre n'est que porte-parole. Mais l'ancien ministre du travail, premier ministrable, peine à exister médiatiquement face à un porte-parole omniprésent. (Lire notre article)
2. Ecoutes téléphoniques : Xavier Bertrand aurait suivi de (trop) près les activités des journalistes
Une biographie non autorisée de Xavier Bertrand, ministre du travail, est sortie en 2008 sous le titre Le chouchou. L'ouvrage revient sur la rapide ascension de celui qui n'est devenu député qu'en 2002. Aujourd'hui, Xavier Bertrand est souvent présenté comme le préféré du président et le probable successeur de François Fillon à Matignon. Dans ce livre, les journalistes révèlent que le ministre, qui a refusé de les recevoir, a suivi de très près la préparation du livre, de trop près même, puisqu'ils soupçonnent le ministre d'avoir bénéficié d'écoutes téléphoniques sauvages. (Lire notre article)
3. Réforme des régimes spéciaux : les conducteurs de la SNCF ont bien gardé un régime spécial
En tant que ministre du travail, Xavier Bertrand a réformé les régimes spéciaux. C'est l'un de ses trophées ministériels qu'il n'hésite pas à brandir sans cesse dans les médias pour prouver sa capacité réformatrice. Mais on oublie souvent de dire qu'à l'époque de la réforme des régimes spéciaux, le ministre lui-même avait reconnu que les salariés de la SNCF avaient gardé un "régime spécial". C'était le lundi 22 octobre 2007 au micro de Nicolas Demorand, dans la matinale de France Inter. (Lire notre article)
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