Livres politiques · 14 avr. 2009 à 21:00
Dans Profession : Elkabbach, Vincent Quivy retrace le parcours du « meilleur interviewer de France ». Selon l'auteur du livre, Jean-Pierre Elkabbach a toujours fait en sorte de plaire aux présidents de la République. Il a réussi à plaire à De Gaulle, Giscard, Mitterrand. Mais en 1995, le journaliste choisit le mauvais candidat. Il conseille discrètement Edouard Balladur. Dès lors, au premier faux pas, il devra démissionner de France Télévision, en l'absence du soutien de Jacques Chirac.
Série 5/7 : La disgrâce sous Chirac
Mai 1996, Jean-Pierre Elkabbach donne sa démission après 29 mois à la tête de France Télévision, sali par l'affaire des animateurs-producteurs. Quand en 1995, Jacques Chirac est élu président de la République, il compte bien se venger de tous ceux qui se sont mis sur son passage pour l'empêcher d'accéder au pouvoir, en commençant par son rival : Edouard Balladur. Or, ce candidat avait parmi ses conseillers un certain Jean-Pierre Elkabbach, président de France Télévision.
Il semblerait pourtant, selon Vincent Quivy, que « en dehors de la campagne et de l'affaire des « animateurs-producteurs », les reproches faits à Jean-Pierre Elkabbach sont assez minces ». Certes, certains lui auront reproché, du temps qu'il était directeur de l'information sur France 2 ses « manquements à l'objectivité et à l'impartialité » mais aucun dérapage au cours de sa présidence à la tête de France Télévision ne serait à déplorer.
C'est le scandale des avantages financiers accordés aux animateurs-producteurs conduira Jean-Pierre Elkabbach à sa perte. La Cour des comptes, le CSA comme les parlementaires constatent que les animateurs de France 2 ont des revenus bien trop élevés et demandent au président de la chaîne de revoir les contrats à la baisse. La polémique enfle, la presse fait ses choux gras de cette affaire qui semble passionner les foules. Les Guignols de l'Info ne manquent pas de caricaturer ces super-producteurs... Contrairement au souhait de Jean-Pierre Elkabbach, l'Etat n'intervient pas pour l'aider à rétablir la situation. Il en conclut : « ce silence était voulu. Il avait donc une force et une dimension politiques ».
Jean-Luc Mano analyse la situation en montrant que Jean-Pierre Elkabbach avait fait de mauvais choix politiques : ayant défendu Edouard Balladur au détriment de Jacques Chirac et étant un confident de François Mitterrand, l'actuel président de la République ne pouvait, en toute logique, pas lui venir en aide. Au vu de la situation, Jean-Pierre Elkabbach est obligé de démissionner.
Vincent Quivy, Profession : Elkabbach, Editions du Moment, février 2009, 219 pages