Livres politiques · 15 avr. 2009 à 21:00
Dans Profession : Elkabbach, Vincent Quivy montre comment Jean-Pierre Elkabbach a toujours réussi à s'assurer de la bienveillance des présidents de la République. Il en est de même avec Nicolas Sarkozy. Mais à la différence de ces relations avec les autres présidents, Jean-Pierre Elkabbach a noué des liens très tôt avec l'actuel président de la République.
Série 6/7 : Un proche de Nicolas Sarkozy
Si Jean-Pierre Elkabbach s'est toujours montré proche des différents présidents, il est parvenu à tisser des liens particulièrement étroits avec Nicolas Sarkozy. Leur rencontre remonte au début des années 1970, quand le jeune homme de 18 ans qui se lance tout juste en politique cherche à attirer l'attention du journaliste de vingt ans son aîné.
Jean-Pierre Elkabbach décèle immédiatement son dynamisme, sa volonté de réussir et surtout son potentiel. Il suit sa carrière d'abord à la mairie de Neuilly puis au gouvernement. Il n'hésite pas à lui donner des conseils, à lui ouvrir son micro sur Europe 1. Encore une fois, Vincent Quivy veut montrer que si les liens entre Nicolas Sarkozy et Jean-Pierre Elkabbach se sont resserrés c'est qu'il a senti l'intérêt qu'il pouvait tirer de cette amitié : « Devenu un proche de Jacques Chirac et d'Edouard Balladur qui emmènent le RPR vers une victoire certaine aux élections législatives de 1993, Nicolas Sarkozy apparaît, à quelques mois de l'échéance électorale, comme le grand « ordonnateur » qui, derrière les deux figues emblématiques du parti gaulliste, organise et met en place. Pour Jean-Pierre Elkabbach, il n'est plus seulement un « bon client » mais désormais un puissant qui, à courte échéance, va parvenir au pouvoir. Une relation qu'il faut cultiver ». Il n'aura pas longtemps à attendre puisque la même année, il est nommé, grâce au soutien du ministre du Budget et de la Communication, Nicolas Sarkozy, président de France Télévision.
A la tête de France Télévision, Jean-Pierre Elkabbach n'oublie pas la dette qu'il doit à Nicolas Sarkozy. Aussi, l'invite-t-il souvent à s'exprimer au journal de 20 heures. Selon Vincent Quivy, la présence de Nicolas Sarkozy n'a pas un simple rapport avec le fait qu'il soit porte-parole du gouvernement. Il aurait été également invité pour faire la promotion de l'un de ses livres sur Mendel.
En échange, Nicolas Sarkozy a toujours répondu présent à Jean-Pierre Elkabbach. En 1995, le PDG de France Télévision décide de lancer, en vue de l'élection présidentielle, une nouvelle émission mêlant des personnalités politiques et des people. Le premier invité devait être Charles Pasqua. Celui-ci s'est désisté au dernier moment. Nicolas Sarkozy a aussitôt accepté de le remplacer au pied levé.
Les Guignols de l'Info ne sont pas les seuls à railler l'attitude de Jean-Pierre Elkabbach à l'égard de Nicolas Sarkozy, Vincent Quivy rapporte également quelques épisodes plus ou moins significatifs. Ainsi, le « meilleur interviewer de France » se serait laissé aller à un « bravo ! » le 24 avril 2007 au moment où le socialiste Eric Besson annonce à son micro son ralliement à l'UMP. Les médias le ressentent et l'image d'Europe 1 s'en retrouve entachée. Ainsi, le journaliste Patrick Cohen explique pourquoi il a préféré rejoindre France Inter plutôt que Europe 1 : « la perte de crédibilité d'Europe 1 est l'une des raisons qui m'a fait décliner la proposition. [...] Elkabbach a dérapé plusieurs fois sur les interviews menées à l'antenne ».
L'auteur rapporte encore que Jean-Pierre Elkabbach est un proche de Nicolas Sarkozy et que lors des voyages du président, il ne se joint pas aux journalistes politiques, mais fait partie de la « délégation officielle » qui compte soit les ministres soit les proches du président.
Dans ce type de relation, les deux partis y gagnent. Vincent Quivy estime que le journaliste est l'emporte car « être l'ami de Nicolas Sarkozy, c'est être au coeur du pouvoir, être informé en permanence, bénéficier avant les confrères de la teneur des décisions et des projets, des petites et des grandes histoires du microcosme politique, des confidences et des secrets du sommet de l'Etat ».
Vincent Quivy, Profession : Elkabbach, Editions du Moment, février 2009, 219 pages
