Revue de presse · 23 mai 2009 à 20:35
Nous vous en parlions le 22 mai 2008. Une vidéo circulait à l'époque sur Internet, montrant la présidente de la région Poitou-Charentes débordée en pleine séance plénière.
Lors de cette séance, les conseillers régionaux devaient entériner la nomination de 15 vice-présidents. Au moment du vote, le vice-président du conseil régional, Jean-François Fountaine, demande la parole. Piquée au vif, la présidente de la région Poitou-Charentes refuse de lui donner la parole tout de suite pour une raison indéterminée.
Devant l'insistance très policée de son voisin, Ségolène Royal aurait dû consentir à lui donner la parole, comme le veut l'usage. C'est à partir de là que tout se gâte. Ségolène Royal, mal à l'aise devant ce qu'elle considère comme une remise en cause de son autorité, s'entête et refuse de donner la parole à son voisin. Elle tente le forcing en passant tout de suite au vote des 15 vice-présidences. Pour justifier son refus, elle affirme que le vote a été engagé, ce qui n'est pas le cas. Son voisin lui précise alors que le vote n'a pas débuté et qu'il a bien demandé la parole avant.
Le rapport de force s'engage alors, les autres membres du conseil régional s'y mettent en protestant contre la manière dont les débats sont menés par Ségolène Royal. Ne voulant pas perdre la face, Ségolène Royal persiste et veut passer au vote sans donner la parole à ceux qui le souhaitent. Une partie des conseillers régionaux décide alors de quitter l'Assemblée. Scène surréaliste au sein d'une assemblée dominée par... les socialistes.
Au cours d'une émission sur France 3, Ségolène Royal explique qu'elle ne regrette pas ce qui s'est passé et qu'une présidente de région doit se faire obéir. Elle précise d'ailleurs que son vice-président était isolé et qu'il a même dû voter le budget. Il aurait fait croire que la région était très endettée, ce qui n'est pas le cas, selon Ségolène Royal :
Un an après le clash, Le Monde a donné des nouvelles du vice-président de la région Poitou-Charentes. Le 24 mars 2009, il a été élu président de la Fédération des industries nautiques. Passionné par la mer, il a été skipper dans sa jeunesse. C'est un ami de Lionel Jospin si l'on en croit Le Monde : "J'ai beaucoup d'estime pour lui, témoigne Lionel Jospin, membre avec Jean Glavany du petit groupe de marins avec qui il navigue. C'est un marin prudent et attentif, un gaillard assez drôle, un type intègre pour qui l'argent importe peu".
Et qu'en est-il de sa carrière politique ? On apprend que Ségolène Royal lui a retiré sa délégation aux finances. Et Nicolas Sarkozy est venu le voir dans son usine de construction de catamaran en septembre 2008 :
"Rien ne va plus en effet entre le premier vice-président du conseil régional et sa présidente, Ségolène Royal, qui lui a retiré l'année dernière sa délégation aux finances. Jean-François Fountaine s'était opposé au choix de l'ancienne candidate à la présidence de la République de recourir à l'emprunt, plutôt qu'à l'impôt, pour ne pas pénaliser le pouvoir d'achat des contribuables.
Leur accrochage du 25 février 2008, en séance publique, a fait le tour d'Internet : « Sa manière de faire est inacceptable. Elle a du mal à accepter qu'on lui dise dans les yeux : «Je ne suis pas d'accord.» » Selon un membre de l'équipe de Ségolène Royal : « Jean-François Fountaine s'inscrit dans la tradition du consensus un peu mou des radicaux-socialistes rochelais. Ce n'est pas notre genre. En réalité, il n'a jamais digéré de ne pas être devenu le président de la région. Aujourd'hui, il est marginalisé. »
Le PS local aurait aussi mal encaissé qu'il accepte de recevoir dans son usine Nicolas Sarkozy le 11 septembre 2008, venu le féliciter de sa politique d'intéressement, un sujet qui, à l'époque, mobilisait le président de la République. « On ne refuse pas une telle visite, se justifie le patron de Fountaine Pajot. J'en ai profité pour lui rappeler que nous avions été l'une des premières entreprises françaises à mettre en place les 35 heures et que je m'en félicitais tous les jours... » « Sarkozy est venu chez lui pour emmerder Ségolène Royal, c'est tout », réplique un militant PS".
Tout va donc pour le mieux au conseil régional, le vice-président n'a plus son portefeuille des finances. Et la région n'a visiblement plus de problème d'endettement puisqu'elle fait même de la publicité dans le métro parisien :
> Ségolène Royal fait sa pub dans le métro parisien pour 80 000 euros
Les vidéos de Ségolène Royal
- Quand Ségolène Royal voulait mettre les profs aux 35 heures
- Présidentielle 2007 : combien y a-t-il de sous-marins nucléaires en France ?
- Présidentielle 2007 : Quand Ségolène Royal demandait les questions à l'avance
- Quand Ségolène Royal affirme que 40% de salariés vont aux restos du coeur
- Chez Drucker, Ségolène Royal pratique le mélange des genres "privé/public"
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- Ségolène Royal n'a toujours pas digéré la victoire de Martine Aubry et dénonce son sectarisme
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La rubrique "Il y a un an" est publiée dans notre hebdo du Dimanche "La Semaine politique"