Le directeur de l'IFOP à propos d'Europe Ecologie : "J'avais peut-être de quoi les mettre un peu plus haut"

Les sondages se sont-ils trompés pour les Européennes ? Qui avait prévu l'effondrement du MoDem et le score d'Europe écologie ? Dans sa dernière enquête d'opinion, l'institut de sondage IFOP avait donné l'UMP à 27,5%, le Parti Socialiste à 20% et le MoDem et Europe écologie à égalité avec 12% des intentions de vote. Ce sondage avait été réalisé entre jeudi et vendredi. Un autre sondage, réalisé deux jours plus tôt par TNS/Sofres donnait Europe écologie devant le MoDem (15,5% contre 12,5%). Brice Teinturier avait d'ailleurs été pris à partie par François Bayrou sur le plateau d'A vous de juger pour avoir placé le MoDem en 4ème position.

Finalement, c'était bien TNS/Sofres qui était au plus proche du vote des électeurs. L'IFOP s'est trompé, tout comme les instituts CSA et Opinion Way qui donnaient le MoDem devant Europe écologie dans leur dernière enquête d'opinion. Pour autant, les sondeurs ne sont pas près à reconnaître leurs erreurs. C'est ce que montre une enquête de Mediapart. La journaliste a interrogé les responsables de ces instituts de sondage et tous affirment qu'ils ont fait du bon travail.

Mais le plus surprenant, ce sont les déclarations du directeur de l'IFOP, institut qui plaçait le MoDem et Europe écologie à 12% :

"«À l'IFOP, nous n'avons pas à rougir du point de vue des dynamiques», se félicite Frédéric Dabi. Mais encore? L'entreprise (pilotée par la patronne du Medef, Laurence Parisot) a certes mesuré le Modem à 12% le 5 juin, «mais en baisse d'un point par rapport à l'étude précédente», tandis qu'Europe Ecologie était donné en forte hausse de 2,5 points. «Nous avons parlé, très justement, d'une dynamique inversée», se réjouit Frédéric Dabi. (...)

«J'ai un regret, concède-t-il finalement. Cette dynamique des Verts, on l'avait bien vue; j'avais peut-être de quoi les mettre un peu plus haut....» Interrogé sur la manière dont il aurait pu procéder, corriger ses données, Frédéric Dabi botte en touche: « C'est un terrain glissant... ». Et puis, un brin énigmatique: « Sur quelques redressements, on avait les Verts devant le Modem... » Alors quoi? « N'entrons pas dans ce débat-là. » En quelques secondes, on entrevoit toute la place laissée à l'arbitrage humain dans la « science » des sondages".

Eternel débat sur les corrections des sondages. Il avait donc de quoi le mettre plus haut. Mais on ne sera jamais quoi.


Page Vue sur Mediapart - 09 juin 2009

*** Liens

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