Revue de presse · 11 sep. 2009 à 12:40
Brice Hortefeux va-t-il démissionner ? La réponse à cette question dépend de la réaction du système médiatique. Si la presse, les sites de presse, les radios et les journaux télévisés reprennent en boucle les propos du ministre et démontrent que son système de défense ne tient pas la route, la pression sera forte sur l'exécutif. Même si le gouvernement et la majorité font bloc derrière le ministre de l'Intérieur, le double effet sur l'opinion de propos nauséabonds suivis d'une défense mensongère serait désastreux.
Seulement voilà, si les radios et les sites de presse ont effectivement relayé la polémique, tous les médias n'ont pas suivi. Dans cette bataille médiatique, deux camps semblent se former : Le Monde, à l'origine de la mise en ligne de la vidéo, est sur une ligne dure. Mediapart et Rue89 sont sur la même ligne : les propos du ministre sont scandaleux, Mediapart demande même la démission du ministre. En revanche, la presse papier n'a pas eu la même réactivité. Le Figaro et surtout Libération n'ont pas cru bon d'en faire la Une. Tour d'horizon du traitement médiatique de la polémique de la semaine.
Depuis plus de 24h, Lemonde.fr place en Une du site la vidéo en question, ainsi que les suites de la polémique. Face à la défense du ministre, Le Monde vient de publier le verbatim de la vidéo, qui laisse peu de place au doute...
Dans un éditorial, le directeur du Monde, Eric Fottorino, est sans concession : "Bien sûr, ce n'était qu'une scène bon enfant comme il s'en produit toujours en marge des grands rassemblements politiques.
On peut réprouver cette époque où la moindre parole malheureuse devient dévastatrice une fois mise en ligne. Mais la réalité n'en demeure pas moins celle-ci, choquante sinon condamnable : sans ambiguïté, Brice Hortefeux, à propos de ce jeune beur, a bien dit ce qu'il a dit : "Il en faut toujours un. Quand il y en a un, ça va. C'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes."
Plaisanterie, pensée profonde ? Lui seul le sait. L'important est ailleurs. Brice Hortefeux a oublié qu'un ministre doit représenter à chaque instant les valeurs de la République. Et mesurer dans chaque mot ce qu'il peut contenir d'irrespect, de violence et d'humiliation".
Pour Rue89, "la mauvaise blague du ministre à propos d'un militant UMP arabe lors de l'université d'été du mouvement n'est pas une première". Et le site de reprendre d'autres vidéos où les propos du ministre sont jugés très limites sous un titre sans équivoque "Hortefeux donne dans l'humour raciste à répétition". A Mediapart, la position est encore plus radicale. Sous le titre "M. le ministre, votre démission est attendue", le site d'information donne un point de vue implacable sur ce dérapage : "On aurait envie d'écrire « Casse-toi, pauvre con!», en réponse aux propos du ministre de l'intérieur Brice Hortefeux tenus lors des Universités d'été de l'UMP à Seignosse (Landes). Mais puisque la vulgaire banalité raciste s'est installée au sommet de l'Etat, il faut aller au-delà de la «beauferie» ordinaire pour bien comprendre la portée de cette sinistre conversation. Et donc dire pourquoi ce propos n'est pas un dérapage mais un résumé saisissant d'une culture et d'un projet politique".
Autre son de cloche pour Liberation et le Figaro. Ces quotidiens papiers n'ont pas jugé bon d'en faire la Une, ni d'annoncer la polémique dans un entrefilet. C'est en page intérieure qu'il faut aller chercher l'affaire.
Nul doute que les journaux télévisés vont suivre l'exemple de Libération et du Figaro. Quelle que soit l'issue de cette affaire, il apparaît clairement que le système médiatique est coupé en deux, les sites de presse étant à la pointe de la critique du pouvoir. Le ministre pourra alors dire à propos des sites web : "Dès qu'il y en a un, ça va. C'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes."
Si vous avez manqué quelques casseroles sur Brice Hortefeux, n'hésitez pas à (re)lire nos articles sur lui...
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