Télévision · 25 sep. 2009 à 10:35
En choisissant de nommer directement le président de France Télévisions, Nicolas Sarkozy avait crédité la thèse d'une reprise en mains des médias par le pouvoir. Ami de nombreux grands patrons des médias (Bouygues, Lagardère, Bolloré), le chef de l'Etat est constamment soupçonné de peser sur les choix éditoriaux des journaux. Du côté des journalistes du service public, poser la question de leur indépendance revient à remettre en cause l'honnêteté de leur travail.
Pourtant, en choisissant directement le président de France Télévisions, le président de la République établit un lien direct de subordination. Preuve de l'ambigüité de cette relation entre pouvoir et médias publics, le clash raconté par Lepoint.fr entre Nicolas Sarkozy et Arlette Chabot à l'issue de l'émission spéciale à New York mercredi 23 septembre 2009 :
"Une colère de Nicolas Sarkozy contre Arlette Chabot est survenue, mercredi, dans les coulisses de l'interview présidentielle, d'après plusieurs témoins présents à New York. La directrice de l'information de France 2 a subi de la part du chef de l'État une "humiliation d'un quart d'heure". L'altercation a eu lieu après l'interview alors que toute la délégation française et Bernard Kouchner entouraient le Président. Tout part d'une discussion animée entre Nicolas Sarkozy et son ministre des Affaires étrangères. Les deux hommes montrent, devant tout le monde, qu'ils ne partagent pas le même avis sur l'Iran. Bernard Kouchner reçoit ici une première avoinée publique de la part de Nicolas Sarkozy. C'est alors qu'Arlette Chabot, qui assiste à l'empoignade, comme David Pujadas et Laurence Ferrari, a ce trait d'humour : "Ça ferait un beau débat sur France 2." Le chef de l'État n'apprécie guère...
Manifestement "à cran", Nicolas Sarkozy part aussitôt en flèche. Il se plaint de l'absence... de "vraies émissions politiques" sur le service public, regrettant feue L'Heure de vérité de François-Henri de Virieu".
Pourtant, à y regarder de plus près, il n'y a jamais eu autant d'émissions politiques sur le service public : A vous de juger une fois par mois sur France 2, Mots Croisés tous les quinze jours, Les Quatre Vérités tous les jours dans Télématin, ou encore la nouvelle émission politique de Nicolas Demorand sur France 5 chaque semaine. La critique ne paraît pas fondée. Tout comme celle sur le temps de parole de la droite. Nicolas Sarkozy a aussi reproché à Arlette Chabot un déséquilibre dans le temps de parole entre l'opposition et l'UMP, déséquilibre constaté par le CSA cet été : "le temps de parole de la majorité représente 19,3 % du temps de parole politique, contre 33,5 % pour l'opposition". Sauf que l'équilibre 50/50 n'est qu'une obligation depuis le 1er septembre et que les interventions de Nicolas Sarkozy n'étaient pas comptabilisées jusqu'à présent.
Pourquoi Nicolas Sarkozy s'est-il alors permis cette attaque injustifiée contre la directrice de l'information de France 2 ? Sans doute parce qu'il pense, en tant que responsable de la nomination des dirigeants de France Télévisions, qu'il a un droit de regard sur les contenus des programmes, voire qu'il y a un lien hiérarchique entre lui et Arlette Chabot. C'est ce qui s'appelle l'indépendance...
Page Vue sur Lepoint.fr
- Emmanuel Berretta, "Nicolas Sarkozy se déchaîne contre Arlette Chabot", Lepoint.fr, 24.09.2009
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Heureusement, de temps en temps, France 2 joue la connivence...
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DOSSIER : Média : les conséquences politiques de l'information spectacle
