Revue de presse · 5 nov. 2009 à 23:08
Depuis quelques semaines, les polémiques s'enchaînent contre le gouvernement : dérapage d'Hortefeux, affaire Mitterrand, affaire Jean Sarkozy, grogne de la majorité à propos de la suppression de la taxe professionnelle, expulsion d'Afghans par Eric Besson, dissensions entre Rama Yade et Roselyne Bachelot.
Nicolas Sarkozy n'est pas exempt de tout reproche. Par exemple, lors de son interview en direct de New York, dans le cadre de son déplacement pour le G20, il avait parlé de "coupables" à propos des prévenus de l'affaire Clearstream. Tout le monde avait compris qu'il pensait à Dominique de Villepin, dont il espère la condamnation.
Depuis, Nicolas Sarkozy a exprimé des regrets dans une interview du Figaro. Sauf que ces regrets ont été rajoutés selon l'Express, sans en émouvoir le reste de la presse qui n'a pas repris cette info, à l'exception de Rue89.
Dès que Sarkozy a prononcé le mot de « coupables », les avocats de Dominique de Villepin ont aussitôt assigné en justice le Président de la République pour atteinte à la présomption d'innocence. Les responsables de l'UMP ont tenté d'éteindre la polémique à longueur d'interviews en expliquant un peu maladroitement que par principe, les coupables font partie des prévenus.
Pour tenter d'apaiser les choses, Nicolas Sarkozy a accordé une longue interview au journal Le Figaro où il est revenu sur toutes les polémiques, notamment l'emploi du mot "coupables" à propos des prévenus de l'affaire Clearstream. Et surprise, le président de la République a exprimé des regrets :
C'est sobre mais suffisamment clair. Dominique de Villepin a d'ailleurs immédiatement réagi en saluant l'intervention de Sarkozy et en précisant qu'il n'avait aucune haine.
En réalité, Nicolas Sarkozy n'a pas exprimé de regrets dans cette interview. La phrase a été rajoutée quelques heures après, quand l'interview a été relue à l'Elysée avant la publication. C'est l'Express qui révèle l'information dans son numéro du 21 octobre 2009 :
"Pendant les deux heures et demie d'entretien qu'il a eues avec les journalistes du Figaro pour réaliser l'interview publiée le 16 octobre, Nicolas Sarkozy n'avait pas exprimé de regret sur l'emploi du mot "coupables" avec lequel il avait désigné les prévenus du procès Clearstream. La phrase - "J'aurais été mieux inspiré [de m'abstenir de tout commentaire] dès le début" - a été ajoutée par l'Elysée, lors de la relecture de l'entretien".
Des regrets difficiles à dire manifestement...
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DOSSIER : Sarkozy et les médias : l'information neutralisée par la communication politique