Grippe A : comment le gouvernement compte passer à la trappe le rapport de la commission d’enquête

Revue de presse · 8 juil. 2010 à 22:34

Rapport sur la grippe A

En février dernier, les députés ont voté la création d'une commission d'enquête parlementaire pour en savoir davantage sur la campagne de vaccination contre la grippe A. La commission, composée de trente députés, a pour but de lever le voile sur « la manière dont a été programmée, expliquée et gérée la campagne de vaccination contre la grippe ». Jean-Christophe Lagarde est le président Nouveau centre de la commission et Jean-Pierre Door, le rédacteur UMP.


Les députés missionnés viennent de rendre le rapport mais selon Le Canard enchaîné, de nombreux sujets ont été écartés, et le gouvernement fait pour tout pour le passer à la trappe.

Un rapport quasi invisible, des sujets sciemment écartés

Le gouvernement a-t-il verrouillé l'accès au rapport pour empêcher les parlementaires d'y retoucher ? C'est ce que laisse entendre Le Canard enchaîné du 7 juillet 2010. Pour avoir accès au rapport parlementaire, disponible depuis le 30 juin, il faut le lire sur place, à l'Assemblée nationale et de l'y laisser. Interdit donc de faire des photocopies et de le rendre public. Deux exemplaires seulement sont disponibles et les 577 députés n'ont eu qu'une semaine pour le consulter afin de proposer quelques remarques. « C'est la règle pour chaque commission d'enquête, il n'y a de volonté de cacher quoi que ce soit », affirme Jean-Christophe Lagarde.
Finalement, le rapport a été approuvé le 6 juillet mais tandis que la majorité et le Nouveau centre l'ont validé, la députée PC s'est abstenue et le PS a voté contre. La vice présidente de la commission, Catherine Lemorton (PS) a expliqué pourquoi à L'Express : « La question du conflit d'intérêts potentiel entre les experts et les laboratoires pharmaceutiques, ainsi que celle de l'efficacité préventive du Tamiflu ont été purement et simplement écartées du document final ».

Grippe A dans L'Express

Les révélations du rapport : un coût plus élevé, des stocks mal gérés

Même si de nombreux aspects du sujet ont été écartés (rôle de l'Organisation mondiale de la santé, les liens d'intérêts entre experts et laboratoires, l'efficacité d'utilisation des antiviraux...), le rapport met le doigt sur les dysfonctionnements d'organisation de la campagne de vaccination contre la grippe A. Le Canard enchaîné rappelle que le budget alloué à cette campagne aurait dû, selon Roselyne Bachelot, s'élever à 668,35 millions d'euros, en réalité, la Cour des comptes ayant refait les calculs, estime que le montant s'élèverait au moins à 870 millions d'euros. La ministre de la Santé avait annoncé que « 5 924 267 personnes très exactement auraient été piquées, tandis que l'Eprus (l'établissement public qui gère les crises sanitaires) garde en stock 21 millions de doses non utilisées. Selon le rapport, 13 autres millions errent dans la nature, on ne sait pas bien où... Et 3,46 millions ont carrément été perdus ».

Ce sera le 15 juillet, en pleines vacances, que le rapport de commission révélant une gestion dispendieuse de la campagne sera rendu public. Au vu des toutes les affaires éclaboussant la majorité et la saison, le rapport a toutes les chances de passer inaperçu.

Grippette, secret défense - Le Canard enchaîné

*** Liens

- Le Canard enchaîné : Bercy dans la seringue des labos (octobre 2009)
- Le gouvernement devait encore écouler 91 millions de doses de vaccin en décembre

BONUS ARCHIVES : En 2008, Le Canard enchaîné accusait Bachelot de couvrir les fraudes des pharmaciens

Bachelot et les pharmaciens

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