Revue de presse · 19 juil. 2010 à 23:02
Aussi incroyable que cela puisse paraître, l'information du Point était donc exacte. En pleine affaire Woerth, le secrétaire d'Etat à l'emploi, Laurent Wauquiez, s'est bien rendu à Londres le 28 juin dernier, notamment pour collecter des dons pour son parti politique, Oxygène, auprès des financiers de la City. Dans un premier temps, Wauquiez a démenti les informations du Point dans une interview à L'express.fr mercredi 14 juillet. Mais suite à un nouvel article de Libération vendredi 16 juillet, le secrétaire d'Etat a dû reconnaitre qu'il avait bien reçu des dons ce jour-là.
Détail gênant : Wauquiez a tout fait pour étouffer l'affaire. Non seulement il a menti à lexpress.fr mercredi en niant les fais, mais il a demandé à ses donateurs à ne pas parler à la presse, selon Libération.
Retour sur la chronologie d'un mensonge qui tombe mal en pleine affaire Woerth/Bettencourt.
Dans sa rubrique "Le Point de la semaine", l'hebdomadaire révèle la tenue d'un dîner à la City avec Laurent Wauquiez. L'histoire se passe le 28 juin. Alors que l'affaire Woerth bat son plein, le secrétaire d'Etat à l'emploi se trouve ce jour-là à Londres. Il doit dîner dans un club chic d'un quartier de la City. A sa table, "les financiers français les plus en vue de la City" : des gérants de fonds d'investissement et quelques banquiers influents (notamment un représentant de Morgan Stanley Europe). Objet du dîner ? Débat autour de la politique économique de Nicolas Sarkozy. Le secrétaire d'Etat demande notamment aux intéressés de s'abstenir "d'attaquer la dette hexagonale sur les marchés en 2011". Mais il n'est pas venu que pour ça précise Le Point qui rajoute une phrase en rouge (histoire de bien souligner l'information) : "Le ministre leur a également demandé leur soutien financier pour son mouvement politique, Nouvel Oxygène".
Une semaine après les révélations du Point, qui n'ont été reprises que par nous, Wauquiez dément catégoriquement dans une interview à Lexpress.fr : "C'est faux. Ce n'était pas un repas de financement, ni de financeurs, même s'il y avait parmi les convives des gens qui soutiennent mon action politique. Non, il n'y a pas eu de dons ce jour-là!" Mais deux jours après ce démenti, Libération publie une enquête sur ce dîner et révèle au passage que Wauquiez a demandé à ses donateurs... de ne pas répondre à la presse.
Libération raconte que "le secrétaire d'Etat s'est permis, à l'issue du dîner, de solliciter ses «hedge funder» de convives pour soutenir financièrementNouvel Oxygène. Cette structure, parfaitement confidentielle, lancée en 2008 dans sa ville de Puy-en-Velay (Haute-Loire), est l'un des multiples petits partis qui ont fleuri ces dernières années". Selon les derniers comptes officiels de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) qui datent de 2008, Nouvel Oxygène avait obtenu 34 000 euros de dons.
Contacté par Libération, Wauquiez a finalement reconnu avoir reçu des dons à l'issue du dîner en tentant d'en minimiser le montant : "«Franchement, ce n'était pas des grosses sommes, c'est moins que ce qu'on peut avoir en d'autres occasions», explique-t-il, refusant de donner les montants, «parce que les donateurs ne souhaitent pas que ce soit public»". En réalité, c'est Wauquiez et son cabinet qui ont demandé à ces donateurs de se taire : "Depuis que le Point a sorti l'info, les participants au dîner ont reçu plusieurs coups de fil, y compris du secrétaire d'Etat lui-même, fort marri que l'affaire se soit ébruitée. «Laurent Wauquiez a déjà appelé trois fois. Hier encore...» nous expliquait benoîtement la secrétaire d'un gérant de fonds. Qui a ensuite expliqué que son patron ne «voulait plus aborder ce sujet». Wauquiez a-t-il fait passer le message ? On comprend son embarras. Car si elle est parfaitement légale (Nouvel Oxygène, comme tout parti politique, a le droit de recevoir des dons de personnes physiques dans la limite de 7 500 euros), sa démarche n'est pas des plus opportunes dans le climat actuel".
Les partis de poche des politiques
- Pourquoi la France compte-t-elle plus de 230 partis politiques ?
- En 2007, Sarkozy avait le soutien de deux partis politiques fantômes
- Villepin avait déjà son propre parti politique dès 2006 pour préparer son éventuelle candidature
- Eric Woerth a son propre parti politique : sans adhérents mais avec de multiples financements
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Archives : Quand Wauquiez interdisait l'alcool pour l'apéro Facebook mais distribuait des bouteilles de vin pour la fête des voisins