Grâce à Delanoë, Chirac devrait être relaxé dans l’affaire des chargés de mission

Revue de presse · 30 août 2010 à 08:03

Deal Chirac/Delanoe

Qui aurait pu croire que l'ancien président de la République sortirait blanchi dans l'affaire des chargés de mission à la mairie de Paris grâce à Bertrand Delanoë ? Ce revirement de situation pourrait avoir lieu lors de la tenue du procès de Jacques Chirac dans l'affaire des chargés de mission puisque l'UMP, la ville de Paris et Chirac ont accepté de signer un accord permettant à la ville de Paris de récupérer 2,2 millions d'euros. Le procès qui devrait avoir lieu à la fin de l'année 2010 sera alors vidé de toute substance et Chirac pourrait être relaxé.


Retour sur le petit arrangement Chirac/UMP/Delanoë

L'affaire des chargés de mission

Cette affaire est distincte de ce que l'on appelle les emplois fictifs et pour laquelle Alain Juppé a été condamné en 2004 à 14 mois de prison avec sursis et un an d'inéligibilité. L'affaire des chargés de mission concerne directement Jacques Chirac. Entre 1983 et 1998, des fonctionnaires, chargés de mission, rémunérés par la mairie de Paris auraient en fait travaillé pour le compte de Jacques Chirac qui cumule à cette époque plusieurs activités : maire de Paris, député de la Corrèze, chef du RPR et candidat à la présidentielle. En novembre 2007, Chirac est mis en examen pour « détournements de fonds publics ». L'enquête révèle que ces chargés de mission collaborent avec associations, élus, partis ou organismes privés sans rapport avec Paris. L'un de ces agents confie aux enquêteurs : « Je n'ai jamais occupé de bureau à la mairie de Paris, je relevais uniquement de l'autorité de Jacques Chirac. Je lui faisais parvenir des notes manuscrites ou sommairement tapées avec une petite machine ; il téléphonait s'il avait quelque chose à me demander ».
À la fin de l'année 2010 devrait donc se tenir le procès mettant en cause l'ancien président de la République.

Arrangement secret entre Chirac, l'UMP et Delanoë

Toutefois, Chirac pourrait échapper à une condamnation. C'est ce que révèle Le Canard enchaîné du 25 août : Chirac pourrait être tiré d'affaire grâce à Bertrand Delanoë. Le maire PS de Paris a accepté un protocole d'accord avec l'UMP et Jacques Chirac, ce qui lui permettrait de récupérer la somme de 2,2 millions d'euros. Cet accord sera soumis au vote lors du prochain Conseil de Paris les 27 et 28 septembre.
La somme de 2,2 millions d'euros correspond aux salaires et charges de ces chargés de mission, les intérêts légaux et les frais d'avocats engagés par la mairie de Paris. Cet accord prévoit que les trois quarts de la somme (1,65 millions d'euros) soient versés par l'UMP et le dernier quart (550 000 euros) par Chirac lui-même.

Avantages pour Chirac et la ville de Paris

Pour la mairie de Paris, il est évident qu'elle récupère ainsi rapidement un joli pactole. Toutefois, cet accord secret n'est pas au goût de tous comme en témoigne l'interview dans Libération du conseiller (Verts) de Paris, Yves Contassot qui aurait préféré que le procès se tienne et que la mairie se porte, comme convenu, partie civile afin que Chirac rende des comptes à la justice. Il dénonce également l' « autre véritable scandale. Ce sont, en fait, les contribuables qui vont rembourser le préjudice puisque nos impôts servent aussi à financer les partis politiques, dont l'UMP. Jacques Chirac ne devrait rembourser que 550 000 euros. Le reste est, quelque part, de l'argent public ».
Chirac, de son côté, n'aura qu'un quart de l'ardoise à régler et surtout, il échapperait à un procès fort gênant. C'est au cours d'un déjeuner en juillet dernier que Sarkozy aurait proposé à l'ancien président l'aide de l'UMP pour rembourser sa dette. En acceptant ce deal, Chirac a la quasi certitude d'être relaxé si la mairie de Paris ne se porte plus partie civile.

L'UMP peut-elle légalement payer pour des emplois qui ont bénéficié à Jacques Chirac ?

Il y a deux affaires d'emplois fictifs. La première concerne des employés permanents du RPR qui auraient été rémunérés à la fois par des entreprises privées et par la mairie de Paris. Cette affaire recouvre les années 1988-1995. La seconde affaire dite des chargés de mission concerne des agents rémunérés par la mairie de Paris pour le propre compte de Chirac. Le RPR n'a donc pas un véritable lien avec cette affaire. C'est la raison pour laquelle la légalité de ce protocole d'accord pose problème : « Légalement, argumente une éminence présidentielle [dans le Canard enchaîné], il est impossible à l'UMP de payer pour des employés fantômes. À la différence des salariés fictifs reprochés jadis à Juppé et pour lesquels nous avions payé 900 000 euros, ils n'ont jamais travaillé pour le RPR mais pour Chirac personnellement. »

Si l'intérêt financier de la ville de Paris est compréhensible, l'intérêt politique de Delanoë est moins évident. Que Chirac échappe à la justice grâce à la bienveillance de la gauche parisienne est pour le moins étonnant.


Par Anne-Sophie Demonchy

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