Hébergement d'urgence : le secrétaire d'Etat au logement rénove plus vite que son ombre

Belle intox du secrétaire d'Etat au logement, Benoît Apparu. Le 1er décembre dernier, voici ce qu'il a déclaré sur LCI : "certains ont une image des centres qui n'est plus ce qu'elle était. Les centres d'hébergement, ça a longtemps été un dortoir, quarante lits, la violence, le vol. Ils n'ont pas envie d'y retourner. Tout ça, ça a changé. Ça fait dix ans. Maintenant, 95 % des centres, ce sont des chambres individuelles ou à deux, qui sont totalement humanisées".

95% des centres avec des chambres individuelles ou à deux ? Quel luxe ! Sauf que c'est faux comme l'a démontré Libération dans sa rubrique Desintox. Tout d'abord, les personnes logées en urgence pendant l'hiver se retrouvent parfois dans des gymnases ouverts pour l'occasion par des mairies. Mais surtout, Apparu "rénove plus vite que son ombre" :

"Selon la Drees, les dortoirs et chambres collectives (jusqu'à quatre lits) représentaient encore 18 % des places des CHRS (3 % de dortoirs, 15 % de chambres partagées). Un chiffre qui monte à 40 % (19 % de dortoirs et 21 % de places en chambres partagées) dans les autres centres (dont les CHU). On est loin des 95 % des chambres individuelles ou doubles".

Certes, depuis la loi du 5 mars 2009, le gouvernement a bien mis en place un vaste chantier de rénovation des centres, mais on est encore très loin de l'objectif affiché. Un seul exemple : le CHU de la Mie de Pain, un des plus grands d'Ile-de-France. Le gouvernement prévoit 34 millions d'euros d'investissement, mais "pour l'heure, il propose toujours 432 places en dortoirs explique Libération. «Les travaux commenceront au printemps», annonce Sébastien Prot, responsable de la structure. Livraison prévue en 2013 ou 2014". Dans certains cas, comme celui d'un autre centre parisien, baptisé "La boulangerie", il n'y a pas de travaux prévus alors que le centre compte "386 places en dortoirs".

Joint par Libération, le ministère a confirmé que le chiffre de 95% était un objectif mais ne correspondait pas à la situation actuelle. Qui veut bien prévenir les téléspectateurs de LCI ?


Page Lue dans Libération du 13 décembre 2010

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