Revue de presse · 6 jan. 2011 à 07:18
Après l'intox du secrétaire d'Etat au logement qui rénove plus vite que son ombre, c'est autour de Nicolas Sarkozy de se faire un petit coup de pub sur le dos des sans-abris. Samedi 1er janvier, lors de ses voeux aux personnels ayant assuré les permanences de la nuit de la Saint-Sylvestre (notamment les volontaires de la Croix Rouge), le chef de l'Etat s'est félicité d'avoir respecté sa promesse de 2006 de pouvoir placer tous les SDF à l'abri en période de grand froid : "Je voudrais dire qu'il y a aujourd'hui 113 000 places d'hébergement auxquelles s'ajoutent 11 000 places spécialement ouvertes pour l'hiver dont 4 200 en Ile-de-France. Cela nous permet de ne refuser aucune mise à l'abri en période de grand froid. Là aussi on a toujours tendance à accuser le pays. Il n'y a aucune personne qui n'est refusée".
Plus aucun SDF refusé dans des centres faute de place ? La promesse est belle, mais elle est fausse comme l'a démontré Libération dans la rubrique Désintox du mercredi 5 janvier.
Si la circulaire adressée aux préfets le 15 octobre dernier stipule bien qu'en période de grand froid, toutes les demandes de mise à l'abri doivent être satisfaites, sur le terrain, la situation est toute autre. A Paris, les premières difficultés ont eu lieu dès les premiers jours de grand froid : elles n'ont été résolues qu'avec l'ouverture en urgence de gymnases, faute de place dans les centres existants. Mais toutes les villes n'ont pas ouvert de tels lieux et des sans-abris ont été laissés à la rue, faute de place. Illustration dans Libération avec trois villes : Lyon, Rennes et Lille.
- Lyon : "selon les chiffres fournis par l'observatoire de la Fnars (Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale) 190 personnes avaient ainsi été laissées à la rue à Lyon en dépit de leur demande d'hébergement, la nuit du 1er décembre. Cette semaine-là, 1 300 demandes non satisfaites avaient été recensées à Lyon".
- Lille : "début décembre, 260 personnes, en très grande majorité des Roms, étaient privées d'abri en dépit de leur demande. Des salles de sport ont été ouvertes depuis, qui ont permis de pourvoir à toutes les demandes. Mais hier, deux de ces salles ont été fermées, pour 180 places disponibles, alors qu'une seule salle (de 40 places) a été ouverte. Conséquence : «Une soixantaine de personnes seront sans solution demain matin [ce matin ndlr]», dit un responsable du 115 local".
- Rennes : "début décembre, les places «gérées» par le 115 (numéro d'urgence pour les sans-abri) étaient encore insuffisantes, en dépit des 68 places ouvertes pour le plan hivernal (de novembre à fin mars) et de 74 places additionnelles ouvertes pour le plan «froid extrême». La première partie du mois de décembre a ainsi été marquée par une soixantaine de demandes non satisfaites par jour. «Entre les deux réveillons, des places d'hôtels ont été négociées, ce qui a permis de faire tomber le nombre de demande non satisfaites, explique un responsable associatif, mais une quinzaine de personnes sont encore restées sans solution.»"
Certes, la promesse faite par le candidat UMP - plus aucun SDF dans la rue - apparaissait utopique. Mais Sarkozy était-il vraiment obligé de faire croire en plus qu'elle avait été tenue ?
Quand les politiques parlent des SDF : tous aux abris !
- Hébergement d'urgence : le secrétaire d'Etat au logement rénove plus vite que son ombre
____________________________________________
DOSSIER : Les politiques et la crise du logement