Le Canard enchaîné · 2 fév. 2011 à 08:14
Vous ne les verrez pas à la une de la presse car ce sont des seconds couteaux. Mais des couteaux bien utiles et qui savent monnayer à bon prix leur réseau : il s'agit des membres des cabinets ministériels ou des collaborateurs des principaux responsables politiques. Après avoir passé plusieurs années dans le public et s'être constitué un carnet d'adresses conséquent, ils sont recrutés dans le privé précisément pour faire fructifier ce carnet d'adresses. Si cette pratique est banale, elle n'en est pas moins problématique. Illustration avec deux cas récents dénoncés par Le Canard enchaine du 12 janvier 2011.
Il y a d'abord le cas d'un ancien membre de cabinet de Bruno Le Maire quand celui-ci était ministre des Affaires européennes. Cet administrateur civil était revenu depuis dans son corps d'origine où il occupait un poste stratégique à la direction de l'épargne financier qui dépend de la direction générale du Trésor (Bercy). Selon Le Canard enchainé, cet ancien collaborateur de Le Maire "vient d'abandonner sa peu rentable fonction publique pour se faire embaucher, a prix d'or, par la banque Lazard ou il dirigera l'activité conseil aux gouvernements". Pourquoi lui et pas un autre ? Sans doute parce qu'il pourra utiliser le carnet d'adresses qu'il s'est constitué en tant que membre du cabinet de Le Maire et ancien haut fonctionnaire de Bercy.
Autre exemple à la mairie de Paris cette fois-ci : l'ancien porte-parole de Bertrand Delanoë vient de quitter l'Hôtel de ville pour le privé. Depuis le 1er janvier 2011, il travaille à la direction de la communication d'ASF (Autoute du Sud de la France). Quel rapport avec la mairie de Paris ? ASF appartient au groupe de BTP Vincy, qui possède "plusieurs parkings parisiens accordées par la ville de Paris sous Chirac, Tiberi et Delanoë et réalise de nombreux chantiers pour le compte de la mairie" précise Le Canard. Pratique au cas où Vinci aurait besoin de contacts plus directs à la mairie de Paris pour de futurs projets. Pour l'éthique, on repassera...
Source : "Pantoufle en or et en béton", Le Canard enchaîné n°4707, 12 janvier 2011, page 2